9 Octobre 2012
Le débat entre partisans et adversaires de l'épandage aérien en Guadeloupe pour lutter contre certains parasites de la banane, se poursuit et s'envenime.
Hier sur le site facebook de madame Evita Chevry, on pouvait lire :
« Clash entre le Conseiller-Ministre Outre-Mer et Harry Durimel à propos du référé suspendant l'épandage aérien
> Le Conseiller- Ministre , furieux, a qualifié la décision d'erreur de droit et a annoncé:1°qu'il faisait appel, ce que Durimel a traité
d'ineptie juridique
> 2°qu'il ordonnait au Préfet de reprendre un arrété de derogation
> 3°qu'on étudiait le fait de remplacer le Banole qui n'avait pas fait l'objet d'évaluation, ce qui a justifié la décision de suspension devinez
par quoi?:l'eau!!!
> 4° on pourrait donc remplacer le Banole, considéré par L'O M S comme cancérigéne, par l'eau!!mais le Conseiller-Ministre a rappellé que cela
obligerait à faire plus de passage par avion!!!donc cela ferait plus cher »
La réaction d'Harry Durimel, leader en Guadeloupe des écologistes, aux propos du ministre est très vive :
Victorin LUREL a fait une rapide incursion au Conseil régional de la Guadeloupe pour exprimer son hostilité aux écologistes et au
Collectif contre l’épandage aérien. Il semble en faire une affaire personnelle.
Lors de l’assemblée plénière de ce 8 octobre 2012, appelée à délibérer sur l’adoption du Schéma Régional
Eolien, le Ministre de l’Outre-mer et Conseiller Régional, Victorin LUREL, a fait une brève apparition dans l’hémicycle et a exprimé le souhait de faire une déclaration urgente
avant de reprendre l’avion, sur le sujet de l’épandage aérien.
Il déclarait alors en substance ceci:
J’étais en Guadeloupe pendant 3 jours et j’ai appris que le tribunal administratif avait suspendu l’arrêté autorisant l’épandage aérien.
C’est une erreur de droit et l’Etat fera appel. C’est une vraie catastrophe pour les bananiers, mais ils savent que la Région sera avec eux et que la Région a toujours été
à leurs côtés pour faire face aux difficultés. Quant aux donneurs de leçons lorsqu’ils vont se retrouver avec deux cent mille tonnes de bananes sur les bras, je
voudrais bien voir leurs propositions. Les produits concernés ne sont pas toxiques. Rien n’est prouvé… Nous ne sommes pas des empoisonneurs! De toute façon le Préfet va rétracter
l’arrêté et prendre un autre arrêté! Je sais que les planteurs recherchent une solution pour pratiquer l’épandage aérien avec autre chose que le Banol. »
Autrement dit, le Ministre Président montre ses muscles et menace de réduire à néant la petite victoire d’étape que le Collectif contre l’épandage
aérien vient de remporter, en DROIT.
Pire, il viole la séparation des pouvoirs et porte un jugement sur l’ordonnance d’un juge qu’il accuse d’avoir commis «
une erreur ».
Quant à nous Caraïbe Ecologie - Les Verts, qui nous sommes alliés au PS sur la liste «Tous pour la Guadeloupe », sur le fondement d’un programme
tendant à faire de la Guadeloupe, la «1ère éco-région de la Caraïbe » nous vivons cette déclaration tonitruante comme un insupportable affront, voire même une attaque
frontale.
Je vous livre ci-après la déclaration que j’ai faite instinctivement lorsque la Présidente de Région m’a donné la Parole pour présenter le
projet du Schéma régional éolien élaboré par la Commission Energie que je préside:
«Il m’est impossible de prendre la parole pour présenter un document qui touche à un pan essentiel du développement durable. Développement
durable qui a été promis aux Guadeloupéens puisqu’on s’est engagé à faire de la Guadeloupe la 1ère Eco-Région de la Caraïbe.
J’ai du respect pour les institutions et du respect pour mon prochain, fût-il Ministre de la France, de Baie-Mahault ou de
Bouliqui.
Mais, je ne peux souffrir en silence ce qui m’est apparu comme une déclaration de guerre, non pas seulement à moi, mais aussi aux écologistes,
aux guadeloupéens qui se sont émus de la pratique de l’épandage aérien dans un pays gorgé de poison pour cent ans.
Quant à l’erreur de droit allégué, elle n’en est point une. Par contre, j’ai relevé deux inepties dans le discours du Ministre Président: il
annonce qu’il fera appel de la décision du Juge, en même temps il déclare que l’Etat va rapporter l’arrêté suspendu. Non seulement on ne peut pas faire appel d’une ordonnance suspendant un acte
administratif, mais encore, tout recours contre un arrêté rétracté serait sans objet.
Si je peux concevoir que le Ministre Président soit un chaud partisan de l’épandage aérien, je trouve particulièrement offensant qu’un membre
de notre majorité, surtout de cette stature là, se permette de lancer une MOTION DE DEFIANCE à l’égard d’une composante de son groupe avec une telle virulence sans même prendre la précaution de
me toucher un mot au préalable, quant à cette divergence»
Face à la détermination exprimée par le ministre à rétablir la dérogation qui permet de contourner le principe d’interdiction de l’épandage aérien
posée par les lois européenne et française, il nous faut élargir et populariser la résistance, pour la bonne cause.
Après ce qu’on nous a fait avec le chlordécone, nous n’allons pas laisser refaire le même coup 20 ans plus tard.
Harry J. DURIMEL
Nous suivrons ce débat où s'opposent des préoccupations ,à la fois légitimes, et opposées.
Nos lecteurs peuvent nous adresser leurs commentaires. Ils seront bienvenus.
LS.