8 Juin 2012
J'apprends qu'une rue de Pointe-à-Pitre ( ce ne sera hélas pas la rue Ho-Chi-Minh débaptisée qui demeure comme une flaque de sang au coeur de la ville ) sera désormais dédiée à l'ancien maire Hector Dessout qui l'administra de 1959 à 1965.
Justice lui est enfin rendue.
Je publie ci-dessous le texte lu, à ce sujet, en conseil municipal le 07 juin 2012, par mon ami Louis Dessout, le fils d'Hector, qui lui-même a été jadis mon professeur d'anglais au lycée Carnot.
A Louis, j'adresse mes compliments, et mon amitié, en cette occasion comme en beaucoup d'autres.
Edouard Boulogne.
INTERVENTION CONSEIL MUNICIPAL 07/06/12 relative rue Hector-Louis Dessout
Je tiens à placer mon intervention sous le contrôle de la mémoire de Maurice Nourel, ici présent, qui m’a beaucoup appris sur la période que je vais évoquer.
53 ans après son élection comme maire de P-à-P, il y a plus d’un ½ siècle, HL Dessout fait l’objet d’un geste symbolique de notre municipalité.
Au nom de ses amis et de sa famille, il me revient de saluer ce geste qui consiste à baptiser de son nom une nouvelle artère de notre ville dans ce quartier de Lauricisque où il a initié la première rénovation urbaine pointoise.
Permettez-moi de souhaiter deux précisions de forme au rapport de présentation.
Le prénom qui figure sur tous les actes administratifs de sa mandature est Hector-Louis. Car il n’appréciait pas le simple prénom d’Hector. Réminiscence, peut- être de ses humanités grecques.
Il serait souhaitable également de mentionner pour l’histoire et les chercheurs, la profession de tous les citoyens que nous honorons, ce soir.
-Lucien Parize était un enseignant avant d’être un homme politique.
-Gaston Adélaïde, était comptable à la Société industrielle et agricole de P-à-P (SIAPAP), filiale du groupe Empain-Schneider. C’est cette profession qui lui permit d’être le père du basket guadeloupéen et membre-fondateur de l’Amical club d’Arboussier (ACD), VP de l’union guadeloupéenne affiliée à la fédération sportive de France (FSF).
-Paul Valentino, était agent commercial, grâce à ses camarades socialistes parisiens, des principales marques de la France industrielle de l’après-guerre : Pont à Mousson (tuyaux et canalisations), Tréfimétaux (compteurs et câbles électriques) Wonder et Mazda. Portefeuille qu’il vend à Bruno Blandin, le fils du trésorier de la section socialiste de P-à-P.
-Adrien Bourgarel, un de nos premiers médecins gynécologues accoucheurs. Membre-fondateur du RPF, mouvement gaulliste.
-Hector-Louis Dessout, était d’abord un professeur de lettres au Lycée Gerville-Réache à B/T, puis au Lycée Carnot de P-à-P. Ensuite syndicaliste et mutualiste et enfin homme politique. Syndicaliste, il a été, avec d’autres, la cheville ouvrière, en 1953, de l’action intersyndicale qui permet la conquête des 40%. Etape majeure du modèle de rattrapage social et économique de la Guadeloupe. Membre-fondateur, avec Amédée Fengarol de la Caisse Provisoire de SS des fonctionnaires. Puis de la section locale de la Mutuelle générale de l’éducation nationale (MGEN). En 1959, il remplace à la tête de la liste communiste A. Fengarol, premier maire communiste, brutalement décédé en 1951 , le jour de son élection. H-L Dessout conduit une liste de trentenaires, essentiellement composée de ses anciens élèves : Félix Cherdieu d’Alexis, Mireille Mimi, Henri Bangou, Eugène Tardel et de ses collègues métropolitains de Carnot, Jacques Beaumatin et Lucien Donvez. Comme me l’a expliqué Paul Valentino, cette liste du Rassemblement Démocratique a, aussi, pu l’emporter, grâce au soutien efficace de son père Emile Dessout, conseiller général socialiste du quatrième canton. La première rénovation urbaine, voulue et encouragée par le général De Gaulle, arrivé au pouvoir en 1958 peut donc commencer. Puisque De Gaulle décide d’appliquer dans les DOM le programme social du parti communiste.
En 1965, H-L Dessout estime inopportune la revendication d’autonomie promue par son parti. Il lui préfère l’application du programme social et économique du parti communiste récupéré par De Gaulle. En désaccord avec son parti il est battu de 184 voix par Henri Bangou qui sous les couleurs du PCG l’emporte avec 3.310 suffrages contre 3.196… Comme il y a prescription, espérons qu’un jour Daniel Génies donnera son explication de sa participation à cette victoire. Le 21 mars 1965, au deuxième tour de scrutin, P. Valentino qui a obtenu 58 voix, aurait « suscité », selon lui, les 691 bulletins blancs ou nuls. Il m’a ajouté qu’H-L Dessout n’a pas su saisir la main tendue des socialistes à travers une alliance avec Paul Chovino et Félix Beauchamp. Si HL Dessout a moralement gagné jusqu’à aujourd’hui la bataille de l’autonomie des 50 dernières années, ses adversaires n’ont pas encore assuré leur victoire. En effet ils n’ont pas encore su déterminer les forces mobilisables, les convergences nécessaires permettant d’élargir la base sociale susceptible de constituer le socle d’un véritable redressement. C’est également ce défi que doit relever le nouveau Président de la république et que n’a pas su remporter son prédécesseur.
Louis DESSOUT.