13 Février 2013
Edouard Pailleux, vient de nous quitter à l'âge de 81 ans. Arrivé en Guadeloupe il y a plus de cinquante ans, notre ami commença sa carrière guadeloupéenne en qualité d'instituteur. Au bout de quelques années, il s'orienta vers le rôle, plus général et plus large, d'éducateur au Lycée-collège de Massabielle, où il avait fait la connaissance de Camille Lacroix, institutrice, elle aussi, et membre d'une famille très connue, et estimée dans toute la Guadeloupe. Camille qui devint son épouse, personne aussi lumineuse et efficace sans son métier, que volontairement discrète, à l'instar de son époux.
( Edouard et Camille Pailleux ).
Educateur, Edouard l'a été, non seulement à l'égard des enfants et adolescents qui étaient son « troupeau », ( au sens du berger de l'Evangile ) mais aussi, et sans en avoir l'air, par son seul exemple, pour les nombreuses personnes qu'il côtoyait, y compris ses collègues.
Animé de fortes convictions notamment religieuses ( il était catholique ) notre ami, savait faire la distinction entre les idées, ( et tous les choix ne méritaient pas, à ses yeux le même respect ) et les personnes, qu'il accueillait avec la même gentillesse, et le même effort de compréhension.
C'est sûrement pour cela qu'hier, - à la veillée, priante, autour de son enveloppe physique qui avait fini de souffrir, - il y avait tant de monde d'horizons divers.
Au lycée de Massabielle, il avait rempli, aussi, les fonctions de bibliothécaire. Avec quel talent, quelle persévérance, quelle passion, quel discernement! Quand il prit sa retraite en 1991 ou 92, cette bibliothèque de plus de 40.000 ouvrages, ( quarante mille! ) devait être la première bibliothèque scolaire de la Guadeloupe.
Le choix était très vaste, et éclectique ( au meilleur sens du terme ) allant des bandes dessinées, et de la littérature juvénile, aux ouvrages de la métaphysique et de la théologie les plus élaborées. De quoi susciter la jalousie du Scrutateur, si cet Edouard là avait pu susciter l'envie et la jalousie.
Dans les domaines de ma compétence, je l'aidai de mon mieux à parfaire la formation de cette bibliothèque qu'il concevait comme un instrument de travail, et son héritage, à la jeunesse guadeloupéenne.
Fasse Dieu que l'instrument soit conservé pieusement, et perfectionné par ses successeurs.
L'heure de la retraite étant venue, Edouard s'était attelé à d'autres tâches. Il était membre de toutes les associations caritatives possibles, et s'occupait, notamment des archives de l'évêché de la Guadeloupe, où il travaillait, avec la même ardeur que jadis à la bibliothèque de Massabielle, jusqu'à ces dernières semaines encore.
Toutes ces qualités, Edouard les devaient sans doute à l'héritage de ses ancêtres paysans du nord de la France, et à sa foi chrétienne, vécue et intériorisée, très éloignée d'un formalisme tout extérieur qui a fait tant de mal à l'Eglise d'une certaine époque récente.
Ces vertus resteront vivantes en l'âme de ceux qui l'ont connu.
A Camille, son épouse, et son bras droit, à la famille Lacroix, à ses amis, j'adresse mes condoléances, et ce n'est pas qu'une simple formule rituelle.
Edouard Boulogne.