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Pour pouvoir consommer, il faut avoir du pouvoir d'achat ;
Pour avoir du pouvoir d'achat, il faut avoir du travail ;
Pour avoir du travail, il faut des entreprises industrielles, commerciales, de services ;
Pour avoir des entreprises, il faut des investisseurs ;
Pour avoir des investisseurs, il faut de l'argent disponible ;
Pour avoir de l'argent disponible, il faut des capitalistes ;
Pour avoir des capitalistes, il faut des consommateurs qui dépensent ;
Pour pouvoir dépenser, il faut avoir du pouvoir d'achat…
Quand les capitalistes sont trop taxés, il partent. Appelez ça comme vous voudrez : délocalisation, émigration ou même évasion fiscale, mais n'oubliez pas alors que l'on ne s'évade que de l'enfer, de prison, d'un camp de concentration, on ne s'évade pas d'un pays heureux et bien géré. En tout cas, ça ne s'est encore jamais vu, à moins que vous ne trouviez un exemple de milliardaire qui se soit évadé de Suisse, du Canada ou du Luxembourg ?
Là où ils se posent, les capitalistes émigrés investissent et paient des impôts, créent des sociétés, donc des entreprises, des emplois, de la consommation : c'est la croissance.
Chasser les riches cause du chômage et de la misère chez soi, crée de l'emploi et de la croissance chez les autres. À une condition : il faut encadrer l'activité des riches pour éviter les abus.
Vous avez compris cela : vous êtes un libéral !
Mais vous pouvez aussi penser que les capitalistes, on n'en a pas besoin car, grâce à nos valeureux fonctionnaires, l'Etat peut se substituer à eux : vous êtes socialiste, "c'est votre droit" comme dit le chauffeur de taxi corse à Clavier qui va en toute inconscience se jeter dans la gueule du loup (lire la BD ou voir le film L'affaire corse).
Bien sûr, l'Etat peut se substituer aux investisseurs, il suffit qu'il ait l'argent pour.
Mais, que ce soit les capitalistes ou l'Etat qui investissent : d'où vient l'argent ?
Bonne question : où les capitalistes trouvent-ils l'argent qu'ils investissent ?
Oublions un instant les banquiers, les fonds d'investissement et les mafias, ce ne sont que des intermédiaires plus ou moins obligés et restons à l'essentiel : le capitaliste normal ne peut trouver de l'argent qu'en faisant travailler les autres.
C'est ce que dénoncent les socialistes, le capitaliste est un exploiteur par nature. Il met des gens au travail, produit quelque chose, le vend plus cher que ça ne lui a coûté, sinon il est vite en faillite et remet tout le monde au chômage, garde une part du bénéfice pour lui et réinvestit le reste pour gagner encore plus. Résultat : travail, pouvoir d'achat, impôts, croissance (*)
Cela peut paraître immoral puisque certains s'enrichissent plus que les autres, mais c'est efficace. Même les communistes chinois l'ont compris.
Il est vrai que "un Chinois, même communiste, sera toujours plus intelligent qu'un énarque même socialiste".
La citation n'est pas de moi, elle serait de Hu Jintao cité par China morning Post. Selon ce grand journal, lors du dernier G20, Hu Jintao, Angela Merkel, Poutine et Barack Obama profitaient de la pause café pour régler debout et leur tasse à la main quelques détails de la vie du monde quand ils ont entendu une petite voix venant d'en bas : "Heueueu heu ! Madame, Messieurs, il faut que je vous entretienne de ma conception de la croissance par les eurobonds et les impôts…".
Ils ont baissé les yeux, Obama en s'inclinant a renversé quelques gouttes de café sur la cravate et le complet du trouble-fête, mais comme la cravate était déjà de traviole et le complet froissé, personne n'a rien remarqué, et ils ont vu notre fier président. Ils l'ont écouté poliment car ils sont bien élevés et c'est après que Hu Jintao aurait dit à l'oreille d'Obama qu'un Chinois, même communiste, etc. (J'ai un petit peu enjolivé le récit du China MP, mais le fond est exact).
Après quoi Hollande est monté sur une estrade pour fanfaronner "je les ai convaincu".
Le capitaliste utilise de l'argent qui provient du travail des autres, soit directement, soit par l'intermédiaire des banques dans lesquelles ceux qui ont travaillé ont déposé leurs économies, et avec cet argent, il crée à nouveau du travail et de l'emploi.
C'est ainsi que la plupart des pays du monde, même en cette période de crise, connaissent la croissance et s'enrichissent.
Il y a des exceptions : les Pygmées, les Bochimans, la Corée du Nord, certaines tribus indiennes d'Amérique du Sud, le Zimbabwe, la Guinée équatoriale… c'est à peu près tout.
Où l'Etat qui prétend se substituer aux capitalistes trouve-t-il de l'argent à investir ?
Oublions les méthodes mafieuses, comme faire fabriquer de la fausse monnaie par la Banque centrale (Banque de France, Bundesbank, Federal Reserve Bank aux USA, etc…)
Cet argent-là, créé sur ordre des politiciens, est virtuel puisqu'il ne provient d'aucun travail, n'a aucune production en contrepartie, il a donc pour effet de produire de l'inflation (inflation = trop d'argent par rapport au niveau de l'économie, c'est-à-dire par rapport à la quantité de travail fournie) : le coût de la vie augmente.
Ceux, les (rares) salariés qui peuvent ajuster automatiquement leurs salaires parce qu'ils sont indexés sur le coût de la vie, ou les industriels et les commerçants qui peuvent (pas toujours) augmenter leurs prix de vente ne s'en plaignent pas, puisqu'ils augmentent leurs revenus dans la même proportion que le coût de la vie.
Ne souffrent que ceux dont le pouvoir social est insuffisant pour procéder à cet ajustement : les retraités, les chômeurs et les travailleurs du secteur privé qui, généralement ne savent pas se regrouper ou faire grève pour peser sur les politiciens, et que les syndicats méprisent ou flattent juste pour avoir leurs cotisations.
Cette méthode est d'une grande injustice sociale puisqu'elle nuit aux plus pauvres, c'est pourquoi en créant l'Europe et l'euro les Etats ont décidé qu'elle ne serait plus utilisée. La Banque Centrale Européenne a interdiction de créer de l'argent qui ne corresponde pas à une activité économique.
Cette méthode est injuste, mais facile, et les politiciens voyous qui ne pensent qu'à préserver leurs privilèges et ceux de leur clientèle électorale de fonctionnaires et de riches bourgeois l'aiment bien.
Ils ne disent évidemment pas qu'ils veulent de l'inflation, ils utilisent des termes techniques que personne ne comprend, par exemple ils demandent des "eurobonds".
Oublions cette méthode mafieuse parce qu'elle n'a aucune chance de provoquer de la croissance économique, à moins que trois conditions soient remplies : bloquer les salaires de la fonction publique, affecter la totalité de l'argent virtuel à de grands projets économiques, et en aucun cas s'en servir pour payer les intérêts de la dette publique en cours.
Hollande a cédé à Merkel sur l'une des trois conditions, il lui a dit "d'accord, pas d'eurobonds, faisons des projectbonds", autrement dit et pour parler clairement, ce qu'Hollande ne sait pas faire : l'argent virtuel créé par la Banque Centrale Européenne servirait uniquement pour de grands projets.
"Pourquoi pas, a dit Merkel, mais les autres conditions ?" Elle sait que la Grèce est incapable de les remplir pour un tas de raisons qu'Edmond About a déjà énumérées il y a plus de cent cinquante ans (relire l'article "le modèle grec de ce bon M. Hollande") !
Elle ne les trouve pas dans le programme de Hollande sinon sous forme de vagues promesses qu'il ne tient pas, elle continue à dire non.
L'Etat dispose d'une seconde possibilité pour trouver de l'argent : le prendre dans vos poches par des impôts supplémentaires. C'est ce à quoi le Premier ministre nous prépare quand il parle à mots couverts de "temps difficiles" à venir. Ne comptez pas plus sur lui que sur le président pour vous dire franchement les choses comme elles sont : ils n'ont pas le premier sou pour financer leurs promesses électorales.
Ils vont vous saigner à blanc pour tenir celles qui leur permettront de conserver leur clientèle électorale, voire de l'augmenter en faisant venir des étrangers qui seront nourris, soignés et logés à vos frais et auront le droit de vote.
Pour faire tout cela, pas besoin de l'accord de Madame Merkel et faute d'une Assemblée nationale à droite dont les caciques de l'UMP, du Modem et du FN n'ont pas voulu (il leur suffisait de conclure un accord de désistement réciproque aux dernières législatives comme le PS, les Verts et le FdG l'ont fait), le gouvernement a les mains libres.
Le seul problème du racket fiscal, c'est qu'il ne peut éventuellement servir à relancer la croissance que si trois conditions sont remplies : réaliser rapidement les réformes indispensables, notamment celle de la fonction publique, affecter la totalité de l'argent récolté dans les poches des contribuables à des activités économiques, et en aucun cas ne s'en servir pour payer les intérêts de la dette en cours.
Comme le gouvernement actuel n'arrive déjà pas à assurer ses fins de mois, il ne pourra remplir aucune des trois conditions.
Il devra utiliser de l'argent emprunté pour payer les intérêts de la dette ;
Il devra utiliser de l'argent emprunté pour payer ses fonctionnaires ;
Il ne procèdera à aucune réforme, surtout pas celle de la fonction publique, susceptible de produire des économies de fonctionnement de l'Etat, car ce serait se tirer une balle dans le pied électoral.
Car ce n'est pas l'intérêt de la France et des Français qui est le souci des politiciens socialistes, mais leur intérêt pour le pouvoir.
Si vous en doutez, lisez L'après socialisme du socialiste Alain Touraine (Ed. Pluriel) qui explique clairement comment les idéaux du socialisme sont morts, le mot n'étant plus que l'habillage du discours ("un appeau à gogos et à bobos") de la classe dominante des technocrates apatrides, apolitiques et immoraux qui squattent rue de Solférino.
Cela dit, la Cour des comptes, toujours présidée par le socialiste Didier Migaud, vient de sortir son rapport. Elle dit qu'il faut trouver d'urgence de 6 à 10 milliard d'euros par des réductions de la dépense publique. Qu'il en faudra 30 de plus en 2013. On le savait, mais ça a le mérite d'être dit par une voix officielle.
De son côté, le gouvernement annonce que sa prévision de croissance est maintenant de 0,4 % au lieu des 1,5 ou 2 % qui devaient permettre de relancer la croissance promise avant la présidentielle. L'Insee n'est même pas certain qu'il y aura 0,4 % de croissance.
Adieu la croissance, adieu les promesses hollandaises de bonheur retrouvé après l'enfer sarkozyste. Ce sera la rigueur, même pour les fonctionnaires, dit Ayrault.
Bref, Hollande et Ayrault nous préparent à un programme qui n'aura plus rien de socialiste, un programme de rigueur qui sera bien pire que celui que Sarkozy avait courageusement et honnêtement annoncé.
Mitterrand avait tenu un peu plus d'un an avant d'annoncer l'abandon de ses propositions, Hollande a à peine tenu un mois pour passer des promesses électorales mirobolantes à la rigueur.
C'est la conception socialiste du progrès. Maintenant, nous allons avoir droit à des discours nous expliquant que certes rigueur il y aura, mais dans la justice sociale !
Le baratin, toujours le baratin.
Maurice D.
(*) c'est ce que les "intellectuels" marxistes (oui, il y en a encore !) appellent la "plus-value"