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28 Avril 2013
( Gérard Leclerc. ).
Une tribune de Gérard Leclerc sur Radio Notre Dame, reproduite dans La France Catholique.
Je transcris l'article. Et comme il évoque en moi quelques souvenirs ( il est question de Mai 68, de Maurice Clavel, etc ), je le commente, et, peut-être, le complète.
Voici d'abord l'article de G. Leclerc, puis mon commentaire. ( EB ).
( I ) Le combat de l'ange.
http://www.france-catholique.fr/Le-combat-de-l-ange.html
Une fois la loi sur le mariage homosexuel votée, tous les recours légaux ne sont pas fermés. La décision du Conseil constitutionnel est attendue avec la plus grande attention. Par ailleurs, la pression des manifestations de rue, si elle se conclue par un gigantesque rassemblement le 26 mai prochain, peut impressionner le Président de la République, dans la mesure où il lui faudra passer outre, ou non, à une opposition massive, qui correspond à une fracture profonde de la communauté nationale. Tout indique que les semaines à venir vont marquer une montée en puissance de la contestation. Celle-ce ne saurait s’éteindre, un vote du Parlement ne pouvant entamer un désaccord de fond, qui, contrairement aux affirmations péremptoires, subsistera dans les cœurs et dans les consciences.
C’est là que nous pouvons comprendre la nature du mouvement qui est né et n’a cessé de s’amplifier depuis l’automne dernier. Pour ma part, je
l’interprèterais volontiers en termes culturels, au sens ou mon ami Maurice Clavel définissait ce terme : « La culture est une option sur l’absolu. » Refuser la
transgression du sens du mariage et la désarticulation de la filiation, c’est bien autre chose que s’opposer à une loi circonstancielle. C’est prendre parti pour une certaine conception de
l’homme, qui s’enracine dans les traditions philosophiques et spirituelles les plus fortes. C’est pourquoi il faut en revenir à l’analyse clavelienne des événements de 68, qui allaient bien
au-delà d’une révolte de jeunesse. C’était les raisons de vivre qui étaient en cause, au sein d’une civilisation qui n’était plus en cohérence avec ses fondamentaux.
Clavel mettait en évidence une lutte qui se situait au plus profond de l’inconscient de l’Occident. Ce mot « inconscient », il ne fallait pas le prendre au sens freudien, mais bien plutôt en référence avec ce que saint Augustin signifiait en désignant le rapport de l’intériorité humaine avec le maître intérieur. Clavel l’associait aussi au combat perpétuel de l’homme avec l’ange, qui marque l’oscillation des sociétés en fonction des choix décisifs pour la vie ou pour le déclin. Il me semble que pour apprécier l’actuel mouvement, c’est à cet éclairage métaphysico-transcendantal qu’il faut recourir. Une opposition a osé se lever contre une culture dont elle n’accepte plus les diktats. Pour la première fois depuis longtemps, elle défie la puissance installée des médias, de l’argent et de toutes les idoles. C’est une date que l’histoire retiendra.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 25 avril 2013.
( II ) Commentaire d'un scrutateur, à...un autre veilleur.
A Gérard Leclerc.
J'apprécie fort cet édito de Gérard Leclerc, mon contemporain, sur Radio Notre Dame. Les évènements de mai 68 ont été un événement bien plus important que la simple contestation du pouvoir en place ( celui du général de Gaulle ) comme aujourd'hui la contestation de la loi sur le « mariage gay » est bien plus significative que la contestation de François Hollande.
A l'époque, j'entrevoyais l'aspect métaphysique de la contestation dont Daniel Cohn-Bendit fut une des figures, probablement inconsciente, de ce dont il n'était peut-être qu'un instrument. C'était ce que pensait le flamboyant Maurice Clavel. Mais, tout en le lisant, avec attention et admiration, j'étais réservé. Je devais me réjouir, un an plus tard quand Georges Gusdorf publia un ouvrage au titre significatif sur les évènements de mai : « La pentecôte... sans l'Esprit Saint ».
Je penchais aussi du côté d'un autre philosophe, peu ordinaire lui aussi, Pierre Boutang ( qui est, je crois, un autre maître que nous avons en commun, Gérard Leclerc et moi ) qui, lui, était plus sceptique, sinon sur l'intuition de Clavel, du moins sur ses chances de percer la chape de plomb du « progressisme » installé.
Boutang était un vieil ami de Clavel, non moins flamboyant que lui. Ces deux là se connaissaient depuis 40 ans, depuis l'école normale supérieure de la rue d'Ulm. Ils s'estimaient, et sans doute, ils s'aimaient. Mais si, comme dans la vieille chanson des débuts de Jacques Brel, ils cherchaient le même port, ce n'était pas toujours toujours sur les mêmes voies. Ils s'ensuivaient entre ces deux « tempéraments » des querelles homériques, qui ravissaient les témoins, tant pour le côté « sport » de leurs joutes, que pour la lumière qui en jaillissait et retombait sur chacun, en pluie de grâces, pour son plus grand honneur.
Boutang avait mieux vu, me semble-t-il, les raisons de l'échec probable des espérances de Clavel, ( que G. Leclerc reconnait d'ailleurs ) en une surrection de l'Esprit, dans la foulée du « bordel » soixante-huitard.
Ah! ce texte du n° spécial de la revue Montalembert :Que faisaient-ils en avril?
J'en recopie un passage, non le plus important, mais à cause du petit coup de patte ( griffes à peine sorties ) destinée à l'ami Clavel : ( ) « Voilà que l'honnête pensée marxiste, remise sur ses mille pattes, avec Marcuse en tête, Lefèbvre en queue, Clavel en appendice, et les yeux du Nouvel Observateur à facettes, ne voit plus la misère, n'accuse plus l'injustice, mais gémit sur une aliénation derechef spirituelle, reprend les airs dégoûtés et raffinés du spiritualisme gavé, écœuré de confiture, de gars-de-jet, et d'unique dimension triomphante. Faudrait savoir, réclame Gavroche ! Est-ce que le capitalisme engendre nécessairement, foi de Marx-Engels-Staline, la misère, laquelle engendre la guerre, laquelle engendre la révolution, ainsi de suite... ou s'il y a de l'eau dans le gaz de votre genèse ? Intellectuels, prévenez le peuple, annoncez la couleur, ou gare à vous ! » (….).
Clavel/Boutang, Boutang/Clavel. Nul doute qu'ils seraient à nos côtés aujourd'hui, se chamaillant peut-être un peu, ( pour ne pas rompre avec les vieilles habitudes, et c'est ainsi que vit l'esprit ), nous mettant en garde contre les illusions de l'imminence de l'avènement de nos désirs, quand il ne s'agit que d'être les serviteurs de l'Esprit, tel qu'il taraude encore les entrailles de notre vieille France, qui fut la fille aînée de l'Eglise.
Car, s'il y a, à l'oeuvre, par delà les P. Bergé, les Peillon, les Taubira, et le minuscule François Hollande, celui qui nie tout, ( pas Hollande qui ne mérite ni cet excès d'honneur, ni cette indignité ) il y a aussi Celui qui est la Vie, par qui demeure l'espoir, mais qui ne nous les donnera pas, tout fait, comme un cadeau concédé à un paresseux d'enfant gâté, sans mérite, mais seulement si nous l'avons voulu, et mérité, par notre ouverture à son Amour.
« Ce que tu as reçu de tes pères, conquiers-le, afin de le mériter ». ( EB ).