Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
26 Octobre 2009
De la France, des Antilles, de leurs identités, et pourquoi nous les aimons.
( Signature de France, garde-nous, à Paris en
1989. Photo de Serge Guiollet).
( J'aimerais que cet article, bien qu'un peu long, soit lu par le maximum des visiteurs du scrutateur.
Il est la reproduction de l'essentiel de l'introduction de mon livre France, garde-nous, publié, il y a 20 ans, en 1989. Hélas! Ce texte n'a pas vieilli. Il reste totalement d'actualité.
J'ai voulu le proposer à votre attention, parce qu'il ne se contente pas d'argumenter sur les plans juridique ou économique pour le maintien de la Guadeloupe ( et aussi de la Martinique) au sein de la nation française.
Il y est question d'histoire, et aussi de sentiment. D'un sentiment d'appartenance, et, osons le dire d'amour envers la France, que certains veulent détruire, tant ici, qu'au delà de l'Atlantique; ceci sans reculer devant les moyens.
Nous devons répliquer. Nous pouvons gagner. Nous gagnerons si nous savons réagir, comme je l'indique ci-dessous, par un effort de musculation (si j'ose dire) intellectuelle, et si nous faisons preuve de volontarisme, et de COURAGE.
A nous de jouer, chers amis.
E.Boulogne).
Introduction
Pour moi donc, j'aime la France.
J'aime la France. D'un amour viscéral, charnel et spirituel aussi, inséparablement. Sans doute cet amour est-il plus ancien encore, mais c'est en mai 1954 qu'il s'est révélé à lui-même, a pris conscience de lui-même. Un matin de mai 1954, l'enfant de 12 ans qui rassemblait « ses affaires » avant de partir pour l'école, tendit soudain une oreille. Du vieux poste d'avant-guerre, aux formes baroques, qu'il n'avait pas eu de mal à soutirer à l'une de ses grand-tantes, s'égrenaient parmi les nombreux crachements parasites les nouvelles du journal d'information de « Radio Paris ».
Des nouvelles dramatiques. Très loin, là-bas, en Indochine, l'armée française venait de subir une défaite écrasante ; cette nuit-là, le camp retranché de Diên-Biên-Phu était tombé aux mains des communistes du Viêt-minh.
Nos soldats, disait-on, s'étaient bien battus, avaient héroïquement résisté, mais avaient dû céder, sous le nombre faute de moyens, de munitions, de vivres.
J'en ressentis un choc violent qui me poussa, contrairement à mes habitudes, à suivre le cours des événements.
Quelques jours plus tard, au cinéma, les Actualités Gaumond, rétrospective des événements de la semaine, très prisées à cette époque non encore saturée d'images, offrirent un reportage sur la chute de Diên-Biên-Phu, sur la situation en Indochine, et sur les conséquences de tout cela dans la vie politique française.
Les dernières images furent celles de l'Arc de Triomphe de l'Etoile, celle d'un immense drapeau tricolore frissonnant au vent, sous l'arcade, au-dessus de la tombe du soldat inconnu. Le journaliste concluait sur la décadence d'un pays au passé si glorieux et encore si récent.
Je me surpris, la gorge nouée, et les poings serrés à ravaler des larmes.
Du coup, j'interrogeai mon père. Il m'expliqua que la France était très affaiblie matériellement et moralement, par deux guerres mondiales, et qu'elle allait perdre son empire colonial, travaillé par des courants hostiles en partie suscités par des puissances qui avaient intérêt à l'abaissement de notre pays, au premier rang desquelles l'Union soviétique et l'idéologie communiste. Il n'est pas dit-il, jusqu'à la Guadeloupe et la Martinique qui ne puissent être menacées par cette vague anti-française de décomposition,
Quelque chose en moi refusa immédiatement cette prophétie, cet avenir-là. Un sentiment qui s'alimentait à quelque nappe profonde, que je n'ai aucune honte à appeler l'amour de la patrie, malgré l'affectation de dérision à l'égard du patriotisme dont se targuent aujourd'hui tant d'intellectuels français.
De cette époque date sans aucun doute mon intérêt pour la politique et un engagement passionné, jamais démenti.
Donc, j'aime la France. Mais il est certain, qu'Outre-Mer, ce sentiment très répandu, ne me singularise pas particulièrement. J'écoutais, fin décembre 1984, à Pointe-à-Pitre, le président Gaston Monncrville parler du grand Guyanais et du grand Français que fut le gouverneur général Félix Eboué. Par-delà la personne de Félix Eboué, c'est à la France que l'ancien président du Sénat voua bientôt l'essentiel d'un propos vibrant de respectueuse et filiale admiration. Je n'en fus pas surpris, ayant lu, il y a dix ans le premier tome de ses Mémoires. Y évoquant la France de 1914 qu'il connût, jeune étudiant, Gaston Monnerville écrit : « Dans "la Jeunesse française s'exprimait un sentiment patriotique, dont Charles Péguy devint l'écho (...) » Pour tous « la conclusion devenait simple : il faut défendre la France et empêcher qu'avec elle ne meure la Liberté. C'est cette idée qui, dès 1914, amènera tant de jeunes Français à s'engager dans les troupes en guerre ; y compris des fils de l'Outre-Mer, qui auraient considéré comme une déchéance de ne pas se battre pour elle et pour l'idéal humain qu'elle représente. Rappelez-vous le mot de Théophile Gautier lorsque la France fut en danger : "On bat maman, j'accours !" Exclamation qui peut paraître bien romantique à certains esprits d'aujourd'hui, mais qui répondait à la claire conception du patriotisme en ce temps-là ».
J'ajouterai que ce patriotisme sans fard dont parlait M. Monnerville est largement partagé dans l'Outre-Mer par des hommes de tous milieux, de toutes races, même s'il se fait plus discret dans la dernière génération pour des raisons sur lesquelles je reviendrai, et même si un mouvement anti-français, dangereux, quoique très minoritaire, s'est développé durant les trois dernières décennies.
D'aucuns objecteront que la France que nous aimons est une France idéalisée, très au-dessus de la France réelle.
Gaston Monnerville n'écrit-il pas d'ailleurs, évoquant son enfance guyanaise, (et tant d'autres pourraient souscrire à son propos) : « J'en rêvais, je l'avoue de cette France lointaine que je ne connaissais que par les livres. » :
II y a donc un peu de vrai dans une telle objection. Pendant longtemps, nous avons surtout connu la France en effet par les livres, et par des hauts fonctionnaires et cadres triés sur le volet. Après la départementalisation, un nombre assez important de métropolitains a débarqué dans les îles. Nombre d'entre eux sont estimables, mais beaucoup aussi, je les évoque plus loin dans cet ouvrage, dans la Lettre ouverte aux Lycéens de Baimbridge sur le racisme, ne ressemblent guère à l'élite d'autrefois. Aventuriers peu scrupuleux, ou même, surtout parmi les enseignants, gâtés par l'Université de leur pays pourrie par les mythes d'une certaine gauche matérialiste et anti-nationale, ils sapent consciemment le prestige de la France. Comme souvent, malheureusement, ce sont ces contre-témoignages qui sont retenus, suscitent le mépris et par-delà leur personne, portent préjudice à l'image de la France. Combien d'entre nous, sont alors tentés de dire comme le Sertorius de Corneille : « Rome n'est plus dans Rome, elle est toute où je suis. » Mais le général de Gaulle qui n'avait pas une petite idée de la France est aussi celui qui dit dans un mouvement d'humeur : « J'aime trop la France pour aimer les Français. » Et tout compte fait, nous aimons toujours la France, et sommes portés à dire comme M. Monnerville encore : » La France ne m'a pas déçu. » Nous aimons la France parce que nous sommes Français, parce que depuis 1965 nous vivons la même histoire, connaissons les mêmes vicissitudes, partageons les mêmes grandeurs et les mêmes misères.
Le premier moment de surprise passé, nous découvrons que nos compatriotes des rives européennes ne sont pas tous ce que beaucoup d'entre nous avions pu croire, qu'ils ne sont pas meilleurs que nous, que la France, comme d'ailleurs sur ce point toute autre nation, vaut par l'action des élites qui lui donnent un style et que, comme dit Maurras : « En histoire, tout le surcroît vient d'une race d'êtres bien différents, il
vient de la petite poignée de chefs : fondateurs, directeurs, organisateurs. L'Italie vaut mieux que les personnes composant le peuple italien, de même que la France vaut mieux que nos Français (...). L'une et l'autre reposent sur des générations de maîtres, de héros et d'artistes, de : et de saints. » 4.
Oui, nous sommes Français et en fin de compte, une meilleure connaissance de ce que d'anciennes habitudes nous font encore appeler la Métropole, est de nature à nous en persuader davantage encore.
Ainsi, l'on considère volontiers dans nos îles la France d'Europe comme un bloc monolithique, peuplé d'une espèce donnée d'habitants : le « Métropolitain ».
Or, comme le rappellent opportunément, dans un utile ouvrage, deux jeunes chercheurs, Emmanuel Todd et Hervé Le Bras (5) : « Une promenade de Dunkerque à Marseille, ou de Brest à Strasbourg, montre assez que l'hexagone n'a pas d'unité « raciale », La France n'est ni celte, ni latine, ni germanique. Carrefour ethnique de l'Europe, elle est même incapable de dire si l'une ou l'autre de ces origines fut prépondérante. Mais elle sait très bien, par contre, à quel point ses tempéraments régionaux, normands ou provençaux, auvergnats ou bretons sont radicalement différents, presque contradictoires. »
A cet égard, les départements d'Outre-Mer, dont l'histoire se confond pratiquement avec celle de la France, dont les cultures sont des composantes de la Nation française, sont chacun par rapport à l'hexagone, comme le microcosme par rapport au macrocosme : extraordinaire rencontre de races et de mentalités, unifiées par la langue et l'administration françaises, et par la religion catholique. C'est pour cela que nous nous reconnaissons en la France, et que le pays que nous aimons n'est pas seulement ni principalement le pourvoyeur d'allocations et de subventions, le mainteneur d'un niveau de vie, certes envié dans toute la mer Caraïbe, mais tout autre chose dont parle Pierre Boutang quand il écrit (6) : « La France n'est peut-être pas le « pays du cœur » au sens où l'entend Maurice Clavel, d'une manière trop vague, après Michelet. Mais elle est, sans nul doute, l'exemple tenace, vivace (...) d'une particularité historique qui ne se laisse pas réduire et qui répond à d'autres particularités de même espèce. Le seul pays qui soit — chez ses réactionnaires, comme chez ses libéraux authentiques — capable de demeurer soi-même, de chanter son chant singulier, sans être sourd aux autres ; d'autant plus résonnant au chant des autres, qu'il chante plus exactement le sien; le seul qui puisse encore donner sans trop prétendre, sans faire honte, sans vouloir unifier au moyen du dollar, de la machine à laver ou du soviet d'usine ».
Donc une Nation Une, unifiée avec un bonheur inégal par ses rois d'abord, puis par l'école républicaine, mais étonnamment diverse, et qui tire de cette situation singulière cette vocation de l'universel, ce goût de la mesure, de la tolérance, ce refus du racisme qui la caractérisent.
C'est ce qu'avancent avec beaucoup de pertinence les auteurs du livre cité, L'invention de la France : « Aujourd'hui, disent-ils, la France craint la montée du racisme, et plus spécifiquement de l'antisémitisme. Elle se perçoit comme fiévreuse, angoissée. Ses craintes sont probablement sans fondement sérieux. Sa structure anthropologique très particulière ne lui permet pas la xénophobie (...). Tant que durera la diversité française – et ne serait-ce qu'au vu des indices de fécondité et des quotients de mortalité, elle se porte bien — la France sera condamnée à la tolérance. »
De telles vues seraient-elles contredites actuellement en France ? Il est permis de penser qu'un certain mouvement de rejet constaté est plutôt un réflexe de défense du peuple français contre ce qui est moins une immigration qu'un « transport de peuple » selon l'expression d'Alain Besançon, et compte tenu qu'il y a aujourd'hui ex France plus de Maghrébins qu'il n'y en avait en Algérie en 1830 et plus qu'il n'y eut jamais d'Européens en Afrique du Nord.
Dans le Journal Le Monde , Emmanuel Todd a fait justice de ces accusations de racisme portées contre la France : « Si l'on part du principe qu'il existe quelque part sur la planète un lieu idyllique, une culture merveilleuse d'où la moindre manifestation de racisme est exclue, où les hommes noirs, blancs, bleus, verts et rosés vivent en parfaite amitié, alors oui, la France peut apparaître comme un pays très xénophobe. Si, plus modestement, on ne compare la France qu'aux cultures réellement existantes, alors on doit admettre que la performance historique de l'Hexagone-, en matière de racisme, ne mérite pas un tel jugement. »
Et dans le livre déjà cité, Emmanuel Todd remarque : « II ne s'agit pas ici d'idéaliser une attitude nationale. Les manifestations de racisme sont loin d'être inconnues entre Lille et Marseille, entre Brest et Strasbourg. Mais elles mènent rarement, comme dans bien des pays, à une attitude de rejet absolu. La France est nettement moins xénophobe que la Grande-Bretagne où les incidents raciaux sont d'une violence et d'une ampleur incomparablement plus grandes. La France, contrairement à l'Allemagne, ne renvoie pas ses immigrés chez eux en période de chômage. De plus, et contrairement toujours à l'Allemagne, elle intègre la population étrangère vivant sur son sol dans ses projections démographiques. Elle considère, implicitement, que le destin naturel des immigrés est l'assimilation. La République fédérale, elle, réalise ses projections démographiques « pour la population allemande seulement ».
Non, vraiment, nous n'avons pas à rougir de notre pays, et, pour ma part je souscris au propos de Maurras (8) : « Qu'il y ait une France, que la France subsiste, que ce trésor territorial, intellectuel et moral soit descendu, à travers les siècles, jusque à nous, c'est un bienfait que tout citoyen et tout homme digne de ce nom doivent s'attacher à prolonger et à perpétuer. » Et c'est parce que cette France est menacée, particulièrement ces dernières années, dans ses provinces d'outre-mer, que je me suis très tôt engagé et en tout cas, dans la revue et l'Association Guadeloupe 2000 depuis 1970.
LE COMBAT DE GUADELOUPE 2000 (et aujourd'hui du Scrutateur).
( Ce livre est
encore en vente aux Boutiques de la presse, et peut être commandé directement à l'auteur ).
Conformément aux prévisions de mon père, la France a perdu son empire, et cela était peut-être inévitable. En Indochine, par exemple, les peuples constitutifs de la péninsule et placés sous le protectorat français à la fin du xix siècle, constituaient de très anciennes cultures qui dès le XIXème siècle s'étaient dégagées déjà de l'emprise chinoise. Il est permis de penser que les immenses territoires d'Afrique Occidentale, et d'Afrique Equatoriale, sans parler de Madagascar ne pouvaient être durablement contrôlés, ni assimilés par une France de 40 millions d'habitants (à l'époque), épuisée par deux guerres mondiales.
Le drame fut l'action subversive du communisme et l'incapacité de la classe politique française, qui rendirent impossible un règlement des problèmes autrement que dans le drame, la haine, la frénésie de rupture.
Oui, il eut été souhaitable que les choses se passassent autrement, pour les anciennes colonies, pour la France. Les pays d'Afrique, par exemple, n'ont gagné à la rupture qu'une indépendance toute formelle et théorique. Il faut méditer longuement la récente déclaration de Monseigneur Desmond Tutu, prix Nobel de la Paix et secrétaire général du Conseil sud-africain des Eglises : « Je suis, en tant que noir, ulcéré de devoir admettre qu'il y a souvent beaucoup moins de liberté personnelle et de justice dans de nombreux pays indépendants que pendant les jours les plus sombres de la colonisation. »
Là où la croissance économique et le progrès régnaient, c'est aujourd'hui le plus souvent la misère et le sous-développement. C'est Ferhat-Abbas, l'un des chefs historiques du Front de Libération nationale algérien, qui écrit en 1984, dans son livre L'indépendance confisquée : « L'Algérie, colonie française était une terre en voie de modernisation, en pleine évolution (...)- Par réaction contre le régime colonial qu'il a subi, le monde musulman s'enferme dans sa carapace moyen-âgeuse au lieu d'aller de l'avant et de découvrir, dans sa propre pensée, des voies salutaires. »
Pourtant, même en Algérie, beaucoup plus francisée que le reste de l'Afrique, où vivaient plus d'un million d'Européens, les séparatistes pouvaient alléguer une culture antérieure à la colonisation, et se réclamer de l'islam par exemple.
Cela est impossible dans les départements d'Outre-Mer, où depuis longtemps les indigènes, peu nombreux d'ailleurs à l'origine, ont disparu. La Réunion, quant à elle, était même tout à fait déserte avant le XVIIème siècle.
Toutes les ethnies qui cohabitent actuellement dans ces départements y ont immigré progressivement, et si l'une d'entre elles devait revendiquer quelque droit de premier arrivant, ce serait celle des Blancs créoles ou des békés.
L'idéologie séparatiste actuellement d'Outre-Mer est donc très artificielle, quoique dangereuse. Elle consiste en une habile tentative de manipulation des consciences.
Je ne m'étendrai pas plus longuement sur ce point puisqu'il en est souvent question dans la suite de cet ouvrage.
Je n'aime pas beaucoup les clivages politiques, tel celui qui classe les citoyens en hommes de droite et en hommes de gauche. Toujours est-il que je suis considéré comme un homme de droite. Et je dirai que si être de droite c'est lutter pour les libertés, pour la restauration des valeurs spirituelles, du sens des responsabilités, d'une France fidèle à sa vocation, contre la barbarie et le matérialisme avilisant qui se développent depuis tant d'années et contre le communisme totalitaire, alors j'assume sans réserve ma condition « d'homme de droite ».
Et c'est parce que nous avons considéré, que la « droite » perdait peu à peu son identité, ne connaissait plus ses valeurs et risquait, en courant à l'échec, d'entraîner avec elle tout ce que nous aimons, que les membres de l'Association Guadeloupe 2000 et moi-même, nous nous sommes engagés dans une entreprise de réforme intellectuelle et morale. Nous avons souscrit au propos d'un théoricien de la Nouvelle droite 10, dont beaucoup de choses nous séparent par ailleurs : « Tout se passe en vérité comme si la droite avait perdu jusqu'au goût de se défendre. Critiquée, harcelée, de toutes les façons, elle reste purement passive — et même indifférente. Non seulement elle ne répond plus à l'adversaire, non seulement elle ne cherche plus à se définir, mais elle ne prête presque aucune attention au mouvement des idées, aux polémiques en cours, aux disciplines nouvelles. Pire, elle se désintéresse dans ce mouvement des idées, de ce qui pourrait la conforter dans ce qu'elle est. Elle ignore les résultats de l'éthologie, de la génétique, de l'historiographie, de la sociologie, de la microphysique. En Angleterre, aux États-Unis, en Allemagne, plus de soixante livres ont paru récemment sur les implications politiques et sociales des nouvelles sciences de la vie. En France, rien — ou quasiment rien. Le livre de A.S. Neil, Libres enfants de Summerhill, sur l'éducation "anti-autoritaire", s'est vendu à plus de 260 000 exemplaires. Il y en a eu à l'étranger de nombreuses réfutations. Mais ici, c'est le silence. Sur Konrad Lorenz, sur Dumézil, sur Althusser, sur Lévi-Strauss, sur Gramsci, la droite semble n'avoir rien à dire. La droite pourrait tirer argument de ce qu'écrivent Jules Monnerot, Raymond Aron, Debray-Ritzen, Louis Rougier, etc., mais curieusement, on a le sentiment que c'est surtout à gauche qu'ils sont lus, par des adversaires plus attentifs que ne le sont leurs présumés partisans. »
C'est contre un tel énervement, une telle passivité de la « droite » que nous luttons, assurés qu'aucune action, aucune entreprise ne peut réussir et surtout durer sans des assises intellectuelles et spirituelles solidement fondées en raison.
POURQUOI CE LIVRE ?
Ce livre est l'expression d'une partie de nos engagements.
Il rassemble des éditoriaux et des conférences que j'ai publiés depuis dix ans en plusieurs endroits et particulièrement dans la Revue Guadeloupe 2000. J'ai sélectionné et classé par thèmes celles de ces publications qui, à partir d'un événement ponctuel, en dégagent la portée générale, et lui confèrent une valeur durable sinon permanente. (…..).
Dans sa poignante « Lettre ouverte à une jeune fille morte » ", Gilbert Cesbron écrit : « Le petit archer furibond qui figure sur la couverture de cet ouvrage, son bras tendu dissimule ses yeux. C'est pourquoi, depuis qu'existe cette collection, personne ne s'est aperçu qu'il pleurait. Larmes de rage, le plus souvent, ou larmes d'impuissance ; ou celles, aussi salées, que fait sourdre un certain ricanement. »
Quand donc je me suis livré à la polémique, c'est moins par goût pour cet exercice, ( et ceci vaut, aujourd'hui, pour les écrits du Scrutateur. Note du 26 octobre 2009) encore moins par haine des personnes, que, au vu de certains spectacles, pour me soulager de larmes de rage, et réprimer tout ricanement, toujours sinistre à mes yeux. (...) Quand j'ai dû torcher un certain Tartarin, sénile peut-être, amnésique assurément, c'est moins par rancœur ou acrimonie pour sa modeste personne, que, l'occasion m'en étant donnée par lui-même, pour réduire à travers lui un certain type, une certaine essence, celle de la bêtise sournoise du politicard de vingt cinquième ordre, qui, hélas ! s'appelle Légion. Ma réflexion est celle d'un Guadeloupéen, dont l'enracinement sur son île est presque aussi ancien que la présence française. Il m'a semblé que par-delà des références évidemment nombreuses à la Guadeloupe, elle pouvait intéresser d'autres régions de l'Outre-Mer français, mais aussi la France d'Europe, souvent sous-informée sur ses prolongements extra-européens. (…).
Edouard Boulogne
Gaston Monnerville : Témoignage : de la France équinoxiale au Palais du Luxembourg, p. 62 (Editions : Plon).
2. Op cit., p. 40.
Op. cit., p. 62.
4) Charles Maurras : Mes idées politiques, p. 283 (Editions Fayard).
Hervé Le Bras. Emmanuel Todd : L'invention de la France (livre de poche, collection pluriel).
Pierre Boutang : in la Terreur en question ( Fasquelle).
Le Monde du 19.02.1982.
8. L'Invention de la France, p. 79.
Maurras : op. cit., p. 275.
10. Alain de Benoist : les Idées à l'endroit, p. 60-61 (Editions Libres Hallier).
11. G. Cesbron : Lettre ouverte à une jeune fille morte, Editions Albin Michel.