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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Danielle Mitterrand, ou la philautie, par Edouard Boulogne.

 

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La mort de Danielle Mitterrand me plonge dans un embarras extrême. Comment en parler, en dire ce que j'en pense vraiment, sans manquer aux règles élémentaires de l'éthique, celle du moins que j'essaye difficilement ( oh oui! difficilement ! Les tentations sont si nombreuses!) de pratiquer, l'éthique chrétienne, tellement détestable aux yeux de la défunte. Sans manquer donc à la charité, et aux convenances, du moins les convenances sociales d'un vieux pays civilisé ( auquel Danielle préférait, elle l'a dit ces tribus indiennes du sud américain, où elle croyait trouver l'incarnation de la « démocratie » de ses rêves).

Oui, comment parler de madame Mitterrand ( je n'ose dire de madame François Mitterrand. Cette façon de dire n'étant guère convenable s'appliquant à un couple si « moderne », et à une femme aussi « libérée » ) sans manquer aux règles de la convenance élémentaire? Car « les morts, les pauvres morts ont de grandes douleurs »

Eh bien, en étant bref (promis ).

Les médias qui en parlent ad libitum, sans mesure et sans frein, toujours moins dans le registre de l'éloge que de celui de la flagornerie la plus basse ( il fallait entendre, sur LCI, l'oraison funèbre par... Alain Duhamel. Ô rage! Ô désespoir, mânes de Bossuet, respirez-vous encore? ) me donnent le mobile de ma brièveté ( promise! Non encore tenue! ).

Que pourrais-je vous apprendre de Danielle que l'on ne vous aurait pas dit, déjà, tout au long « de ce jour de deuil » ? Qu'elle était une résistante, une révoltée, une généreuse, une femme ouverte à l'AUTRE, bref … une femme de GAUCHE, terme qui a le mérite de tout dire, et d'économiser des années de procès en canonisation, et les frais d'avocat du Diable ( toujours dangereux ces avocats là. HMMMM! Disons plutôt : «  Santo SUBITO »! C'est plus prudent. Amen! Ou plutôt DA! Comme disait le Kamarade Staline; SI! comme disait l'ami FIDEL ).

Dans le tourbillon asphyxiant d'encens qui s'est élevé, il est une louange qui a retenu mon attention et suscité, presque, ma bienveillance : celle de Roland Dumas, vieux compagnon de François, moins comparse de meetings, que complice de parties ( dans les restaurants les plus fins, et les théâtres les plus secrets ) .

De tout l'entourage de François, outre François lui-même, Roland Dumas est l'un des rares à l'égard duquel je montre de l'indulgence. Non que j'ignore qu'il était devenu une « vieille canaille », comment en eut-il été autrement pour quelqu'un qui donnait dans la politicaille? Mais parce que ce grand bourgeois, est un esthète, un artiste de sa vie, épicurien volontiers, soignant les détails, notamment vestimentaires. Et son goût pour les cothurnes, quoique coûteux, le rapprochait d'une époque, Ô prince de Bénévent! où l'on savait vivre, et où l'on ne confondait pas encore, Ô DSK, le beau avec le gros.

Dumas, donc, qui ne pense pas tout ce qu'il dit, en bon diplomate, s'est « éperdu » dans l'hyperbole, tout reposant dans le phrasé qui ...démentait la lettre.

Il a conclu son panégyrique par l'anecdote de Tatie Danielle, dans une manifestation officielle, se précipitant sur Fidel Castro, l'invité du jour, pour l'embrasser, à la Russe, au mépris de tout protocole, sur le perron de l'Elysée.

Roland, sans rire, sauf du regard ( se méfier du regard qui nous trahit si souvent ) voyait dans le récit de ce petit fait vrai, l'évidence que Danielle était l'altruiste par excellence, l'être dont la vie était ordonnée par le service d'AUTRUI ( avec des majuscules SVP ). Tout entière tournée vers l'autre.

N'importe quel gamin de terminale, tant qu'il y aura un enseignement philosophique, passerait aussitôt de la thèse à la recherche de l'antithèse.

Ainsi, pour Danielle, Fidel Castro était-il vraiment l'AUTRE? N'aurait-il pas été son autre elle-même. Pour la ( maigre ) Castafiore j'imagine l'aria : «  Ah! Je ris, de me voir si belle en son miroir, Ah! Je ris, etc.

Pour prouver son altruisme, c'est un vrai AUTRE, un Pinochet, par exemple, que Danielle eut dû se coltiner sur les tréteaux de la politique.

En embrassant son FIDEL, et quelques autres du même tabac, c'est elle-même que Danielle baisait.

Ce penchant porte un nom, et même diverses appellations, pas toujours aimables ou bienveillantes, que les convenances m'interdisent d'énumérer en ce jour de deuil ( presque ) unanime.

Pas d'énumération, mais, toutefois, le mot qui convient dans le mystère de son étymologie ( du Grec ancien, langue qui va totalement disparaître, par les soins de toutes les Daniel, et...François! du monde : « philia » : amitié: et « autos » : soi-même ).

Si j'osais donc d'un mot, d'un seul, qualifier madame F.Mitterrand, je dirais «  Danielle Mitterrand ou la … philautie », l'amour infini, immodéré, avec frénésie,  de soi-même, mais avec inconscience, peut-être, en animal politique de gauche qu'elle était, certes. Danielle n'avait pas suffisamment lu le duc de La Rochefoucauld, repère indispensable de tout homme lucide, et, dirais-je de tout gentilhomme : «  Ce que le monde nomme vertu n'est d'ordinaire qu'un fantôme formé par nos passions, à qui on donne un nom honnête, pour faire impunément ce qu'on veut ». Ô insensée qui crut que je suis pas toi!

J'avais promis d'être « bref ». Ai-je tenu parole???

 

Edouard Boulogne. 

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C
<br /> En son miroir fidel elle obtenait la signification française du mot anglais "goose".<br />
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L
<br /> Ainsi Danielle Mitterrand est morte ! Eh bien, toutes mes condoléances<br /> à Fidel Castro et à France-Libertés.<br />
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