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4 Mars 2010
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Au moment où éclate la crise en Guadeloupe, il ne sait rien de la situation politique et sociale :
Page 49 : « La crise en Guadeloupe débute à une date lourde de
symboles politiques : le 20janvier, le jour de l’investiture de Barack Obama… Avant cette période-là, je n’ai pas reçu la moindre alerte rue Oudinot. Rien ne me
remonte. » page 51 « A ce moment-là, tout ministre qu’on est, on est
amené à s’interroger : Comment 49 associations peuvent-elles travailler ensemble depuis des mois sans que cela se sache ? Comment peuvent-elles bâtir un catalogue de
revendications qui doit déclencher une forte mobilisation, sur une île où tout le monde connaît tout le monde, où tout se sait, sans que la rue Oudinot n’en sache rien ? Je n’ai
jamais eu la moindre note, la moindre alerte… Je n� �ai pas eu le temps, ensuite de mener mon enquête pour savoir pourquoi on n’a pas vu arriver cette crise. Je pense qu’il y a eu des services de l’Etat qui ont dû faire des notes, de toutes les couleurs, qui sont sûrement remontées. Mais où ? Mystère et
boule de gomme… »
Pour l’édification donc, de Monsieur JEGO, rappelons d’abord ce qu’est l’UGTG. A titre d’illustration de nos propos, voici un extrait de la « Résolution Générale N°1 » de leur 12ème congrès tenu en Avril 2008, c’est-à-dire un mois après la prise de fonction de Monsieur JEGO au Secrétariat à l’Outre-mer :
« Le XIIème
CONGRÈS DE L’UGTG RÉUNI AU LAMENTIN LES 02 – 03 – 04 - 05 AVRIL 2008 Alors, pour sauver la situation, le Ministre va décider de demander, par l’intermédiaire du Préfet, une rencontre secrète, « en tête à tête », au leader du LKP. Il nous la relate dans un chapitre qu’il intitule : « Les Yeux dans les yeux »… En amoureux quoi ? Page 76 : « Sur cette terrasse, dans la nuit guadeloupéenne, je ne vois pas un idéologue en tee-shirt qui me tient un discours révolutionnaire, la machette entre les dents. Domota n’est pas le Che et encore moins Fidel. Il ne parle à aucun moment d’indépendance, ne semble camper sur aucun a priori idéologique. La discussion est presque sympathique… » Mais la question est : Qui domine qui ? Qui sera le grand gagnant de cette rencontre dont il nous dit page 73 : « Domota a accepté de me voir sans difficulté ». Un Compagnon en goguette. Page 78 : « cette mémorable soirée s’est achevée en partageant quelques accras et un verre de ti-punch, et en discutant des choses de la vie. » Et voici ce que notre « Ministre du Compagnonnage » a tiré comme conclusion de cette « mémorable soirée » : Page 75 - « Là, je découvre un interlocuteur très calme, intelligent, connaissant parfaitement ses dossiers, me disant des choses que personne ne m’avait dites auparavant sur un certain nombre de sujets, comme celui du prix des carburants par exemple. Des problèmes dont personne ne m’avait jamais parlé sont évoqués au fur et à mesure que l’on balaye les points des revendications directement adressés à l’Etat. » Cette question du prix des carburants était en débat public aux Antilles Guyane depuis plus d’un an à la suite d’un rapport du CESR de Guadeloupe. Elle avait même été la cause de blocages routiers d’abord en Guyane octobre 2008, puis en Guadeloupe en décembre de la même année, mais c’est Domota qui l’explique au Ministre qui n’en avait jamais entendu parler. Cherchez l’erreur ! Page 75 - « .. il me tient des discours très méprisants sur les élus, encore plus durs contre le patronat. Il ne cesse de citer des noms, telle personnalité, telle famille, des gens importants dans l’économie de l’île. Parfois j’ai le sentiment qu’il a dressé une liste. C’est le seul aspect qui me dérange ce soir là, cette façon de parler de ceux qui sont, je le sens, des ennemis de classe, cette violence dirigée contre des personnes, cette haine constituée contre les Békés. Mais je ne me braque pas et la discussion poursuit son cours. » Page 76 - « La discussion est presque sympathique. On pourra m’opposer, par la suite, que je suis une nouvelle victime du syndrome de Stockholm. Que, tout bêtement, je suis tombé sous le charme de mes ravisseurs. Sauf erreur de ma part, je n’ai as été enlevé, je suis venu volontairement, j’ai même provoqué la rencontre. » Bien plus que cela, on comprend que M. JEGO n’est pas seulement tombé sous le charme, il est tout simplement Hypnotisé, éberlué même ! Page 76 - « C’est terrible à dire, mais je crois qu’à ce moment-là Elie Domota a compris qu’il tenait la rue pour un moment et il pressent que, si nous allons au pourrissement, donc au final à l’affrontement, et que la crise se solde par des morts, comme à Ouvéa ou en mai 67, il aura aussi gagné la partie. Il aura démontré que l’Etat blanc et colonial est brutal et raciste. Moi je ne veux pas de ça. C’est obsessionnel, je veux que la république triomphe. »
Ça y est, Domota lui a imposé sa musique et son tempo ! Page 77 – « Au delà de toute considération politique, je ne veux pas me réveiller une nuit, dans dix ans, dans quinze ans, au milieu d’un cauchemar en pensant à ces morts dont je me sentirais responsable. » Et fort de cette posture il va abdiquer : Page 77 - « Je n’ai qu’un objectif à l’issue de cette rencontre : faire accepter à Domota et au patronat le plan B, celui de la négociation, la porte de sortie par le haut pour toutes les parties » Page 78 – « … En bon politique, il me demande cependant de donner des gages. Sous-entendu, C’est bien beau ce que vous dites, Monsieur le Ministre, mais il faut des paroles publiques. Voila pourquoi j’ai fait dans les jours suivants un certain nombre de déclarations, disons, assez virulentes, sur par exemple la question du prix du carburant. Je voulais montrer au LKP que par ma voix l’Etat serait neutre et qu’il n’y aurait de ma part aucune connivence avec le pouvoir économique.» L’Etat va donc donner des gages avec « un certain nombre de déclarations, disons, assez virulentes » et traiter les patrons de profiteurs, limite de voleurs. Quelle neutralité !
Mais si j’ai pris le temps de commenter ce « roman », ce n’est nullement pour « victimiser » son auteur. A vrai dire, l’avenir politique de celui-ci ne nous concerne pas, (du moins tant que les responsabilités politiques qu’il exercera, resteront éloignées des problèmes de l’Outre-mer). Mais c’est surtout pour souligner les difficultés pour l’Etat d’exercer sa souveraineté, pleinement, totalement, comme il le ferait dans n’importe quel département de la France hexagonale. Empêtré qu’il est dans un complexe de puissance ex-colonisatrice, enchaîné par l’exigence de repentance et de réparation des minorités indépendantistes, ses représentants seront plus enclins à choisir le compromis, (ou plus exactement la compromission) à tout prix, qu’à faire leur métier qui est de faire fonctionner l’Etat dans le respect de la loi. Cette tare existe sur toute l’échelle de commandement, mais elle sera, sur place, d’autant plus néfaste qu’à la tête de l’Etat seront des hommes ou des femmes de faible poids politique. Il faut donc renforcer et stabiliser cette chaine de commandement. Le choix qui a été fait par les gouvernements successifs depuis 2003 porte sur l’idée alternative d’offrir aux différentes îles d’outre-mer, des statuts à la carte octroyant plus de responsabilités aux élus locaux. Outre le fait qu’elle n’emporte pas l’assentiment des populations, que ces possibilités sans fin d’évolution statuaire jettent l’Outre-mer dans une instabilité institutionnelle permanente, cette proposition ne porte aucune garantie à l’Etat qu’il se sentirait plus légitime par la suite. C’est du reste la raison pour laquelle nos Universités d’été de 2009 l’ont rejetée, et ont proposé une alternative qui était de souhaiter d’une part, que soient choisis avec soin les hauts fonctionnaires envoyés dans nos régions, et d’autre part que soit mis fin au principe de l’existence d’un ministère de l’Outre-mer, (source de difficultés et ne jouant en fait qu’un rôle d’écran entre les responsables locaux et nos gouvernants), au profit d’un rattachement direct de l’Outre-mer au cabinet du Premier Ministre. Proposition qui est aujourd’hui d’une actualité encore plus pressante.
Amédée ADELAIDE |