26 Août 2011
( J'ai choisi de placer cet article sous le patronage de M.Jean de La Fontaine, et plus particulièrement de la fable de la cigale et de la fourmi que l'on trouvera, en complément, après l'article de DOLTO. EB ).
L'article de notre ami DOLTO me parait très rigoureux, lucide, incitant moins au pessimime larmoyant qu'à l'effort, au courage, à l'esprit de décision, des chefs d'entreprises, mais aussi de chacun d'entre nous. J'estime qu'il mérite d'être largement diffusé, par delà le Scrutateur. N'hésitez pas à le communiquer à vos amis. Utilisez votre carnet d'adresse internet. Ce sera en même temps l'occasion pour ceux qui ne le connaîtrait pas encore de prendre contact avec notre blog.
Edouard Boulogne.
Hausse du chômage en Guadeloupe en juillet : Nous payons encore avec effet de retard la crise LKP , avec toutefois un bémol .
Aujourd'hui, nous avons juste les premiers effets de la crise internationale, les DOM ont toujours perçu avec retard les soubresauts de la métropole, a fortiori ceux de la mondialisation de
l'économie (voir le rapport CEROM "la Guadeloupe, une économie sous serre").
Fin juillet, les demandeurs d'emplois de catégorie A étaient 56 110 en Guadeloupe et dans les Iles du Nord. Soit + 150 inscrits par rapport au mois de juin.
Aussi, sur une année, leur nombre a connu une évolution de + 7,4% en Guadeloupe et dans les Iles du Nord. Et sur un mois de + 0,3%.
La conjoncture économique plombe la lutte contre le chômage
"Mauvais" depuis la crise LKP de 2009 , les chiffres des demandeurs d'emploi en juillet, reflètent une conjoncture économique bien morose et ne promettent pas de s'améliorer à court terme, selon
des experts. la nouvelle hausse annoncée, n'est pas vraiment une surprise, la remontée du chômage étant "sans ambiguïté" liée à la conjoncture dégradée de l'économie depuis l'émergence du
mouvement social de 2009.
Le cycle économique ralentit en Guadeloupe comme un peu partout en France et ça a une incidence sur le comportement des chefs d'entreprise par rapport au marché du travail . La remontée des
indicateurs du chômage est cohérente avec le ralentissement constaté dans les enquêtes auprès des chefs d'entreprise ces 3 dernières années .
Depuis la crise en 2009, la situation du marché de l'emploi en Guadeloupe est particulièrement déprimante.
Hausse du chômage : Le pire de la crise est sûrement à venir
On peut effectivement craindre une dégradation dans les mois qui viennent. D'une part, la croissance semble fléchir (la croissance au deuxième trimestre 2011 a été nulle en France, selon les
chiffres que vient de publier l'Insee), et, de toute façon, il est à craindre que les entreprises en Guadeloupe privilégient encore la reconstitution de leurs marges avant de se remettre à
embaucher , étant donné les restrictions budgétaires qui vont peser sur la trésorerie notamment, et freiner les anticipations d'investissement .
Le marché du travail est devenu flexible mais dans un seul sens: la sortie.
Rien n’est prévu pour recréer des emplois dans notre île et relancer l'investissement , ce qui signifie que l’austérité va encore s’accentuer. Manifestement, 2011 n’est que le début d’une série
d’années de restriction sans précédent.
L'angoisse du chômage, cette épée de Damoclès qui campe au dessus de la tête du salarié français depuis la fin des trente glorieuses, n'est pas prête à disparaître. Notre croissance est bien trop
faible sur le long terme pour être créatrice en emplois. Finalement, le problème ne vient peut-être pas du marché de l'emploi mais davantage du manque de dynamisme et de réactivité des
entreprises , invariablement à la traîne dans leurs capacités d'innover, d'exporter, de créer, de croître. Rappelons que le moteur de la croissance en Guadeloupe est la consommation : les
salariés joue le jeu. En revanche, l'investissement des entreprises végète depuis des années, et l'Etat cherche toujours des solutions....sauf que le plan d'austérité risque de freiner encore
plus la croissance !
Cela dit, le pire est effectivement sûrement à venir. Les prix semblent repartir à la hausse, les politiques budgétaires restrictives des collectivités locales vont contribuer à ralentir la
croissance, et la montée du chômage de longue durée va accroître la pauvreté. Et ce d'autant plus que l'on peut s'attendre à une coupe dans les budgets sociaux (elles sont déjà en cours).
Disons-le tout de suite , la crise financière et économique qui sévit depuis 2008 ne fait que s'amplifier avec le problème de la dette , en ce mois d’Août 2011.
Les évènements auxquels nous avons assisté jusqu’à présent n’étaient que des signes annonciateurs. Voici
pourquoi:
La crise économique à laquelle nous sommes confrontés est essentiellement provoquée par un excès de dettes des Etats . Jusque dans les années 80 les Etats avaient des budgets équilibrés, comme le
bon sens l’impose. Ensuite ils se sont mis à dépenser plus d’argent qu’ils n’étaient capables de faire rentrer dans les caisses. Les gouvernements ont commencé à vouloir prendre en charge de plus
en plus de domaines d’activités et à intervenir tout azimut, s’enflant au fil des ans jusqu’à éclater comme la grenouille de la fable. Les citoyens se sont installés dans un confort douillet et
se sont habitués aux largesses de l’Etat . Dans le même temps, les technocrates et les politiciens, inconscients des conséquences de ce qu’ils faisaient,
ont mis en œuvre la mondialisation, c’est-à-dire l’ouverture totale des frontières pour les biens et les capitaux. La France s’est trouvée soudain en compétition avec des entreprises qui payaient leurs salariés l’équivalent d’un dollar par jour.Naturellement ce fut la ruée vers les produits « made in China » qui envahissent désormais nos magasins jusqu’à saturation. Bien
évidemment, nos entreprises ont licencié en masse pour aller faire fabriquer meilleur marché en Asie et Europe de l'est. Ainsi s’est installé un chômage
de masse chez nous. Nous assistons à une expérience grandeur nature de ce que sont les vases communicants : au fur et à mesure que le niveau de vie des Chinois , des Brésiliens , des Indiens ,
monte, le nôtre baisse en proportion. Et ceci se prolongera jusqu’à ce que nous ayons tous le même niveau de vie. Cela prendra une génération au moins.
Telle est donc la situation en ce mois d’Août 2011. Dans ces conditions les gouvernements dont les caisses sont vides sont obligés enfin de réduire les dépenses et augmenter les recettes . C’est
pourquoi je dis que nous sommes au début de la crise économique. Cette réduction des dépenses qui était indispensable depuis de nombreuses années intervient très tardivement et va nécessairement
provoquer un ralentissement économique sans précédent. Le chômage va augmenter, les salaires vont stagner, les rentrées fiscales vont diminuer avec une croissance trop molle et l’Etat sera
asphyxié. Nous allons tout droit vers une récession et une diminution de notre niveau de vie. Tout ceci est mécanique.
Ces réformes qui seront imposées par les gouvernements seront partout mal acceptées. Cela peut conduire le peuple dans la rue. Nous pouvons nous attendre à des révoltes et nous pouvons même
craindre des révolutions ou guerres , comme l'a écrit l'économiste Philippe Dessertines . La seule solution pour éviter ces débordements autodestructeurs consisterait à adopter des mesures fortes
et non démagogiques .Dans de telles conditions, le peuple devra être mis devant ses responsabilités. C’est la condition sine qua non pour réformer sans
heurts : nous n'avons plus le choix. Il est grand temps que les citoyens prennent conscience qu'il faut réduire notre train de vie. C’est notre avenir et celui de nos enfants qui est en jeu.
DOLTO