Et bien depuis l'élection de François Hollande, l'affaire ne présente plus d'intérêt pour les journalistes. D'ailleurs la famille est redevenue douce et calme et le frère devrait être prochainement relâché : il désapprouvait Mohamed, a témoigné de la haine "indicible" que celui-ci éprouvait pour les Juifs, et aucune preuve de son aide à la préparation des meurtres ne peut être apportée, pas même le fait qu'il ait acheté les scooters et autres bagatelles normales entre frères. "Normales" ! Voilà le mot que je cherchais ! Tout était normal dans l'affaire Merah, on se demande bien pourquoi la police de Sarkozy s'est excitée sur ces musulmans modérés et pacifiques.
Nous avons eu récemment une autre affaire "normale" dont la presse ne parle plus non plus après trois ou quatre jours d'excitation. Un article d'Emmanuel Ratier dans le style Coluche a circulé sur le net, "c'est l'histoire normale d'un mec normal qui naît à Bagdad…", je ne vais pas le redonner ici. Par contre, je vais vous raconter l'affaire, car c'est l'une des plus belles affaires d'espionnage de ces dernières années et je crois qu'elle mérite toute notre attention. C'est l'une de ces affaires sur laquelle n'importe quel directeur de rédaction normal aurait envoyé ses enquêteurs et grands reporters, n'importe quel gouvernement normal aurait fait un scandale international, n'importe quel président normal aurait demandé aux enquêteurs de faire toute la lumière, et vite (hum ! "vite", c'est trop demander).
Mais les victimes sont des Arabes normaux faisant du tourisme dans un pays normal, ils ont été assassinés pour une histoire d'héritage dans lequel la famille se déchirait, ou bien, c'est la nouvelle version normale, parce que c'est la grand-mère qui était visée dans la tuerie de Chevaline. Suhaila Al-Allaf, 74 ans, la plus âgée des victimes qui vivait dans la banlieue de Stockholm aurait été "offensée, menacée et battue à plusieurs reprises" par son fils Zaïd de 46 ans, normal chez des Arabe selon la justice suédoise, elle était venue se réfugier chez son autre fils à Londres. Circulez, il n'y a rien à voir.
D'ailleurs, faites vous-même l'expérience, cherchez le site : http://www.indymedia.co.uk/en/2012/09/499644.html?c=on#c287031>
Vous verrez que c'est un "hidden article" retiré "to protect Saad al Hilli", un article caché pour protéger Saad al Hilli. Pourquoi caché ? le protéger de quoi puisqu'il est mort ainsi que toute sa famille ? Pour que les vilains curieux ne doutent pas que ces gentils arabes normaux ont été mitraillés normalement dans une affaire normale de crime crapulo-hysterico-islamo-familial ?
Reprenons donc l'affaire. Vous n'aurez pas toutes les réponses, mais vous comprendrez mieux.
Saad al Hilli et sa famille sont ces Anglais, à l'exception de la grand'mère suédoise, qui étaient en vacances à Chevaline, près d'Annecy, et ont été retrouvés abattus de deux balles chacun dans la tête, plus un cycliste normal qui passait par là et a vu ce qu'il n'aurait pas dû voir, moins deux petites filles dont l'une a été blessée gravement à la tête et l'autre est restée cachée, terrifiée sous les jupes de sa mère morte pendant huit heures.
Saad al Hilli est né en 1957 à Bagdad, il a fait de bonnes études et travaillait sur le programme nucléaire de Saddam Hussein à l'enrichissement de l'uranium. Il a émigré en Angleterre et justifié sa demande d'asile politique par les menaces que Saddam faisait peser sur sa famille. C'était juste avant la guerre d'Irak.
En 2002, une fois de plus "juste avant" que l'Angleterre ne décide d'envoyer des troupes en Irak, il reçoit la nationalité britannique.
Il crée une petite entreprise dont il est le chef, sa femme la secrétaire, et travaille comme ingénieur consultant dans l'industrie nucléaire et les satellites. Comme les affaires sont bonnes, (souvenez-vous que l'on est en Angleterre, pas en France), il peut s'offrir une belle maison dans un quartier chic du Sud de Londres, estimée à environ un million de livres (1,2 million d'euros), un gros break BMW et une grande caravane.
Son dernier client était Surrey Satellite Technology (SSTL) appartenant à notre très française EADS depuis 2008 et qui avait depuis deux ans un contrat avec l'agence spatiale britannique.
Jusque-là, tout est effectivement "normal", si ce n'est que le métier et les occupations professionnelles de Saad al Hilli sont juste un peu "à risque".
D'ailleurs, son comptable en a témoigné, Saad était depuis quelques jours inquiet, angoissé, agité. Il a fait part à la police anglaise de son inquiétude, mais celle-ci n'a pas jugé utile de lui fournir la protection rapprochée qu'il demandait.
La peur de Saad doit être grande, car à la veille de la rentrée des classes et de la reprise des activités, début septembre, il charge à toute allure un matin son gros break de valises, de sa femme et de ses deux filles, sans oublier la grand'mère suédoise, et part, dit-il aux voisins, pour faire du camping en France, en oubliant sa belle caravane toute neuve dans sa précipitation.
Par contre, il n'a pas oublié les passeports anglais, ni les irakiens qu'il détient toujours ce qui, comme chacun le sait, est très utile quand on va faire du camping à Annecy.
Le lundi matin 3 septembre, les Al Hilli s'installent au camping de Saint-Jorioz au bord du lac d'Annecy. Le mercredi 5, peu après quatorze heures trente, ils partent pour une excursion sur la route forestière de Chevaline à une douzaine de kilomètres. Ils partent tous les cinq, le père, la mère, les deux filles Zeena et Zaïnab et la mamie suédoise Suhaila al Hallaf.
Chacun sait, les camping français ne sont pas sûrs, aussi ont-ils embarqué tous leurs bagages dans la voiture, c'est normal.
Trois kilomètres après Chevaline, ils s'arrêtent sur un parking où se trouve déjà le corps d'un cycliste fraîchement tué de deux balles dans la tête. L'autopsie a en effet prouvé que le cycliste a été tué avant les Al Hilli.
Saad arrête quand même sa voiture sur le parking, c'est normal, les Irakiens ont l'habitude de trouver des cadavres sur les parkings où ils s'arrêtent pour faire que les petites fassent pipi.
À moins qu'il n'ait reconnu un collègue à lui, puisque le cycliste en question travaillait dans le combustible nucléaire pour Cezus, une filiale d'Areva.
Saad n'a pas le temps de couper le moteur ni de descendre de la voiture qu'un mec normal les bute, lui, sa femme et la mamie, de deux balles de 7,65 dans la tête chacun (on sait que c'était un 7,65 d'après les douilles). Il assomme Zaïnab, l'aînée de 7 ans qui était sortie de la voiture pour se sauver, et file sans toucher à la cadette 4 ans réfugiée sous les jambes de sa mère (elle n'était donc pas attachée sur le siège bébé ?).
Il n'a pas non plus abîmé la voiture, aucune trace de balle, juste une vitre cassée, celle par laquelle il a tiré. Bon tireur, le mec en question !
Arrive un autre touriste, anglais et de surcroît ex-officier de la Royal Air Force, une coïncidence normale somme toute, des officiers anglais en vélo sur les routes perdues de montagne, il y en a plein en France.
Il porte secours à Zaïnab et appelle les secours avec son portable, à 15 h 18 précisément. Puis brise une vitre de la voiture pour pénétrer à l'intérieur. Pourquoi et pourquoi faire ? Puisque l'une des vitres était déjà en miettes et une portière ouverte, celle par laquelle Zaïnab était sortie ?
Va savoir avec ces officiers cyclistes de la RAF qui ont rarement les idées claires...
La gendarmerie arrive, jette un coup d'œil mais ne touche à rien. Les instructions pour ne pas polluer le site du crime, nous explique-t-on gravement. Elle ne regarde même pas à l'intérieur de la voiture pour voir si l'une des victimes ne serait pas par hasard encore vivante, elle ne fouille pas les poches de Saad pour chercher les papiers et savoir qui sont les victimes bien qu'il y ait maintenant deux vitres brisées et une portière toujours ouverte. Comme ça, le procureur dans sa conférence de presse à Annecy pourra dire qu'on ignore qui sont les victimes et comme ça, la petite Zeena toujours planquée sous les jupes de sa mère peut continuer à pleurer tranquillement, elle y restera pendant huit heures !
Bravo, les gendarmes, parce qu'imaginez que Zeena ait été blessée, elle avait tout le temps de se vider complètement de son sang. Mais c'était, semble-t-il, le cadet des soucis de ces messieurs. Ils étaient occupés à appeler directement l'ambassade britannique à Paris.
L'ambassadeur rapplique dare-dare pour parler aux autorités. Celles-ci au lieu de faire appel aux spécialistes, (identité judiciaire, etc. ) basés à Lyon toute proche, ont ordre de convoquer ceux de Paris. Cela explique les huit heures passées avant que quelqu'un songe à faire sortir Zeena de dessous les genoux de sa mère déjà raidie et qui s'était vidée sur elle, pardonnez ce détail peu appétissant, mais c'est normal pour une morte.
La police anglaise prévenue classe l'affaire en A+ (urgence, secret, etc.) et part fouiller la maison des Al Hilli. Quatre jours de fouille… pour rien. Pourtant ils ont tout vidé, creusé, brisé les cloisons, etc. RIEN.
Le coffre était déjà ouvert quand ils sont arrivés, un oubli normal, comme il se doit, de Saad Al Hilli sans doute.
Ils ont cru à un moment avoir trouvé des bidons d'explosifs dans le jardin, fait évacuer tout le quartier, mais ce n'était que des produits pour les pucerons et les cochenilles. Depuis, l'enquête tourne en rond.
Il y avait bien un site sur internet qui évoquait une hypothèse intéressante, c'est Indymedia, celui dont je vous ai donné l'adresse URL au début.
Il a été fermé précipitamment, mais voici tout de même en résumé ce qu'il disait.
Saad al Hilli avait demandé à plusieurs reprises la protection de la police britannique parce qu'il se sentait menacé. Celle-ci n'avait rien fait. Il y a quelque temps (la date n'est pas précisée dans l'article), il s'était rendu à Téhéran sous prétexte d'un pèlerinage religieux à Qom, (haut lieu saint de l'islam chiite, tombeau de la sœur du huitième imam, où doit arriver le douzième imam, celui qui annoncera la fin du monde - cette parenthèse ne figure pas dans l'article).
Le Mossad (les services secrets israéliens) qui surveille étroitement tous les spécialistes des combustibles nucléaires qui se rendent en Iran eut vent de ce voyage. On ignore évidemment ce qui s'est passé ensuite, mais il semble que Saad ait appris que sa condamnation à mort avait été décidée par le Mossad, bien que l'on ne sache pas s'il a, oui ou non, apporté aux Iraniens son expérience dans le raffinement de l'uranium à destination militaire.
D'où sa peur. Le tueur peut avoir été un agent du Mossad, seul service secret au monde actuellement capable de tuer qui il veut, où il veut, quand il veut. Un indice : l'usage du 7,65, la précision et le silence du tir, la parfaite maîtrise de l'exécutant qui a peut-être été surpris par l'arrivée en vélo de l'ingénieur de Cezus, la filiale d'Areva, juste avant la voiture de Saad (ces deux-là avaient rendez-vous sauf coïncidence extraordinaire), la vitesse d'exécution du tueur : un vrai et bon professionnel.
Nota : dans un premier temps, il a été dit que le calibre était du 22 long, moins puissant donc que le 7,65 mais tout aussi mortel pour un tireur précis, et souvent utilisé lui aussi par le Mossad. Ce qui est surprenant dans ce "détail", c'est que les gendarmes n'auraient pas vu tout de suite que le diamètre des douilles était du 7,65 et non du 5,56 (22 long rifle) ???
Bizarre pour des pros. De même on a annoncé dans un premier temps 15 douilles trouvées , or il n'en fallait que 8 pour loger "deux balles dans la tête" de chacune des quatre victimes, et maintenant, il y aurait eu 25 douilles ?
Toutes ces imprécisions, semble-t-il délibérées, signent l'embrouille en cours.
La lenteur calculée de la gendarmerie française a vraisemblablement servi à couvrir la fuite du tueur qui a eu largement le temps de repasser en Suisse, plate-forme fréquemment utilisée par les agents du Mossad dans leurs opérations en Europe.
Et si la gendarmerie a reçu l'ordre d'aller doucement, et la police de ne rien trouver ensuite (sauf la pauvre petite Zeena qui pleurait toujours dans la voiture), c'est vraisemblablement, soupçonnait Indymedia, qu'il s'agissait d'une opération combinée entre les services secrets anglais, français et israéliens.
On n'en saura jamais plus sans doute, nos journalistes et "grands reporters" français n'étant pas curieux, sauf quand il s'agit des seins de Kate Middleton ou des bourses de DSK.
Cela dit, si vraiment le gouvernement français collabore avec Israël pour freiner la mise au point de l'arme nucléaire par l'Iran, c'est plutôt une bonne nouvelle. En regrettant évidemment les "dégâts collatéraux".
Maurice D.