24 Août 2012
( Un lecteur pique une juste colère contre un article du journal le Point, et nous communique l'article en question précédé de son propre commentaire. LS. )
Joli monde de liberté, en tout cas que celui où des mots sont interdits par la loi.
Sans vouloir faire de peine au Pr Goebbels-Raoult, s'il ne sait pas très bien comment définir géographiquement (ou historiquement) la France, c'est qu'il y a dans sa démarche scientifique quelques pailles (dans son acier) qui mettent sérieusement en cause l'instruction dont il a bénéficié.
Seuls les nazis auraient pu mettre de la "génétique" là où il n'y a que de la généalogie, et c'est une des raisons pour lesquelles les propos du Pr. Goebbels-Raout ont quelque chose de particulièrement malsain et surtout de très inquiétant.
Dans ce cas particulier, si la pensée est incertaine, les arrière-pensées, elles, sont tout ce qu'il y a de plus certaines.
C'est bien la preuve qu'il y a un pays réel et un pays factice, médiatique et même verbiatique, en étant assez charitable pour laisser au registre du verbiage ce qui malheureusement appartient à celui du slogan et même redoutable slogan. Certes, la propagandastaffël est très active, mais feignons de ne pas nous en apercevoir, sinon il n'y a plus de discussion possible.
Le Pr Goebbels-Raoult nous invite visiblement à considérer que les Francs étant d'origine germanique, leurs descendants ne seraient pas Français.
Jusqu'où ne vas pas se nicher le besoin de basse propagande.
Tout cela parce qu'il est mal vu aujourd'hui d'être Français, surtout en France ?
Au risque de contredire cet aimable négationniste, il existe des Français de souche. Et pour mettre tout le monde à l'aise, "français de souche" n'a rien à voir avec une question de... lointaine origine en termes de continent et de visibilité. Autrement dit, pour employer le mot d'Aimé Césaire, de race. Madame Taubira, bien qu'elle s'en défende avec une énergie proche de la haine, est une française de souche. Au fond, ce n'est pas très difficile à comprendre. Les Français de souche sont les Français de lignée. Ceux qui ont une lignée d'ancêtres français depuis suffisamment longtemps pour que l'on puisse considérer qu'ils sont de souche française. C'est une question d'humus, de décomposition des corps sur le sol français en termes de générations. Nier que quelqu'un dont les racines françaises - c'est-à-dire dont les racines familiales sont issues des provinces françaises, parmi lesquelles la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, la Réunion) depuis des générations - c'est faire injure à ces Français-là, qu'ils soient majoritaires ou minoritaires et c'est surtout faire injuste à la vérité.
Evidemment, s'il eut parlé des origines les plus anciennes et extra-françaises le cas échéant (les racines italiennes de Louis XIV, par exemple) voire extra-européenes, ou faire du zèle en matière d'ethnologie, libre à lui. Ce fut la démarche nationale socialiste allemande, qui prétendit apporter un éclairage scientifique à sa démarche conquérante, notamment en termes de considération de population.
En outre, le socialisme scientifique a suffisamment servi de point d'appui à toutes sortes de démonstrations suspectes et visant à contredire ce qui n'est que simple bon sens, pour que l'on oppose au Pr. Goebbels-Raoult la plus formelle suspicion, tant pour ce qui est de sa science que pour ce qui est de ses intentions.
Peut-être est-ce que l'on devient Français de souche le jour où l'on se sent Français plus que cosmopolite ? Mais c'est un autre débat.
En revanche, on peut être formel à propos de quelque chose de vérifié et de malheureusement vérifiable : Diafoirus n'existe peut-être pas, mais des Diafoirus pullulent.
Et ça, c'est statistique. Peut-être même est-ce... scientifique.
Le Point.fr - Publié le 23/08/2012 à 10:33 Didier Raoult tord scientifiquement le cou au mythe du "vrai Français" dans un pays où le métissage est généralisé.
Station Saint-Lazare à Paris. © Chamussy / Sipa Les créations de mots et de concepts peuvent servir à déguiser des termes dont l'usage est interdit par la loi ou par l'évolution des moeurs. Au cours de la dernière campagne électorale, la question des "Français de souche" a émergé comme une évidence pour ceux qui ont employé l'expression. Habitant à Marseille, la croisée du monde méditerranéen, et ayant eu la chance d'y voir arriver un des meilleurs spécialistes scientifiques mondiaux de l'étude génétique des origines humaines, j'ai naturellement examiné cette question du point de vue du scientifique. Il est d'abord bien difficile de définir géographiquement ce qu'est la France. En effet, ses frontières n'ont cessé de changer au cours des siècles. Marseille pendant longtemps n'a pas été française, le comté de Nice et la Savoie n'ont rejoint la France qu'il y a peu de temps, et l'Algérie a été un département français de 1830 à 1962. L'Alsace et la Lorraine étaient allemandes pour une partie du XIXe siècle et du XXe siècle. Les habitants de Saint-Louis au Sénégal eurent un statut de citoyens français dès la Révolution française, et cette citoyenneté s'étendait à quatre communes du Sénégal en 1916 ! Qu'en est-il des Français des Comores ? Ceux de Mayotte restés attachés à la France sont français, pas ceux des autres îles devenues indépendantes. Ainsi, la France est une variable géographiquement instable, un mythe. Le droit du sang génétiquement infondéConcernant la génétique, les choses sont beaucoup plus complexes. Ainsi comment différencier la part de la population française vivant en Europe qui est issue des vagues d'envahisseurs celtes, germains, romains, huns, arabes (lors des grandes invasions du Moyen Âge,) Normands ou de tous les peuples méditerranéens dans le sud de la France, et la part née des migrations économiques des autres pays d'Europe, d'Afrique et d'Asie ? Il existe seulement quelques îlots ayant conservé une certaine homogénéité génétique, dont les Basques qui ne sont regroupés dans aucune nation unique. La réalité est qu'il n'y a aucune superposition entre le territoire français et son origine génétique. D'ailleurs, les récentes études génétiques ont montré qu'on trouvait en France un mélange des trois grands groupes d'hominiens archaïques que nous connaissons actuellement : Neandertal, Cro-Magnon et l'homme de Dénisova, originaire de Sibérie, dont les gènes nous ont peut-être été apportés par les Huns. Dans tous les cas le métissage est généralisé. Ainsi le "droit du sang" n'est pas génétiquement fondé. D'autant que l'on estime que 5 à 10 % des enfants ne sont pas du père officiel, mais d'un inconnu, dont on ne connaît pas les gènes ! La définition retenue en France et aux États-Unis du "droit du sol" dépend du périmètre du pays au moment où l'enfant naît ou de la nationalité des parents. Je redoute que le terme "Français de souche" ne serve qu'à exclure ceux que l'on ne veut pas comme Français...
|