Avant de prononcer le mot “renoncer” devant les cardinaux réunis en consistoire à Rome ce lundi 11 février, le pape Benoît XVI leur dit : « Je suis bien conscient que ce ministère, de par son essence spirituelle, doit être accompli non seulement par les oeuvres et par la parole, mais aussi, et pas moins, par la souffrance et par la prière. » La souffrance aura sans doute été au coeur de la destinée de ce pape qui aura voulu tenir la gouverne de la “barque de saint Pierre” d’une main aussi ferme que possible. Le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, qui assistait au conclave de son élection, le 19 avril 2005, se souvient l’avoir entendu dire : « Je voudrais vivre un pontificat de paix et de réconciliation, un pontificat de travail qui sera sans doute aussi chargé de souffrance. »
Celui qui n’était encore que le cardinal Ratzinger, alors doyen du Sacré Collège, prononça à l’ouverture des travaux du conclave une homélie au cours de laquelle il décrivit cette « petite barque de la pensée chrétienne souvent ballottée par les vagues, jetée d’un extrême à l’autre : du marxisme au libéralisme jusqu’au libertinisme ; du collectivisme à l’individualisme radical ; de l’athéisme à un vague mysticisme religieux ; de l’agnosticisme au syncrétisme et ainsi de suite ». Et le futur pape ajoutait : « On est en train d’instaurer une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs… »