30 Septembre 2012
François d'Orcival, c'est la compétence et l'élégance, comme le démontre bien l'éditorial ci-dessous de l'hebdomadaire valeurs Actuelles ( que je ne saurais trop recommander à l'attention de nos lecteurs ).
Après avoir prétendu, dans sa campagne électorale, que les difficultés actuelles de notre pays étaient dues « à la politique de la droite », François Hollande, nous déclare que la politique salvatrice est celle qu'il va nous proposer, sur le plan économique ( pour le reste c'est toujours le « n'importe quoi » ) et qui est.....la politique de Nicolas Sarkozy.
Seulement les gens de gauche ne l'entendent pas de cette oreille, et le mirobolant Montebourg en est réduit ces jours-ci, à annuler ses rendez-vous par crainte d'être bousculé par ses électeurs.
On s'en amuserait s'il ne s'agissait de l'avenir de la France.
Bref, pour faire passer ses projets, en ce qu'ils comportent d'inévitable, M. Hollande devra compter au parlement sur les voix de l'opposition de droite, qui les lui accorderont probablement, la droite n'ayant jamais eu, quand le sort du pays est en jeu, l'attitude d'opposition systématique et imbécile, qui est, tout naturellement celle de la gauche.
Dans l'article de M. d'Orcival, les passages soulignés l'ont été par le Scrutateur.
EB.
On dirait qu’il est toujours de bonne humeur. L’opinion publique l’abandonne, le chômage empire, les Verts passent au rouge, il sourit. Même quand il explique que la crise est profonde ou que la France dérape et perd son rang, François Hollande le dit avec le sourire.
La semaine dernière, alors que lui-même recevait à l’Élysée le matin quatre ou cinq cents grands et petits patrons (lire page 18) et l’après-midi les syndicats de Peugeot, le premier ministre concluait à Dijon les journées parlementaires du Parti socialiste. Aux députés et sénateurs rassemblés, il estimait utile de rappeler qu’ils n’étaient plus dans l’opposition mais « comptables devant le pays » puisqu’ils avaient tous les pouvoirs : « Jamais nous n’avons disposé d’autant de responsabilités »…
C’est tout le problème. La faiblesse de François Hollande est d’avoir été élu par des socialistes et de devoir gouverner avec eux. C’est même pour cette raison qu’il est obligé de leur faire voter la semaine prochaine le “traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance”, le pacte budgétaire européen, la “règle d’or” de la maîtrise des comptes publics. François Hollande avait dénoncé tout cela durant sa campagne parce qu’il n’y a rien de plus étranger à la culture de gauche que ces règles de coordination, de stabilité et de gouvernance. Il n’aurait pas pu être élu autrement. Mais une fois élu, tout change. C’est même à cela que s’applique la formule “le changement, c’est maintenant”. Il “recadre” : le paquet européen devient la priorité des priorités ; celui-ci doit être voté avant le budget, soulignant bien que notre loi de finances découle directement du traité. Les élus socialistes se mettent à râler, en public ou en douce. Ils ont bien tort. Ce traité est leur planche de salut : il les empêche de faire plus de bêtises qu’ils n’en font déjà.
Quand on “arrive aux responsabilités”, comme dit M. Ayrault, la première chose qui vous prend à la gorge, c’est ceci : pour faire vos échéances et payer vos fonctionnaires, vous devez emprunter 500 millions par jour. Le président de la République dit : « Il nous faut garantir notre souveraineté et notre indépendance. » Que signifie cette phrase lorsque l’on dépend des fonds étrangers, qu’ils soient publics ou privés, pour faire fonctionner l’Etat français dont les finances sont en situation de “faillite” (même si les États ne font pas faillite) ? Quand M. Peillon, ministre de l’Éducation nationale, déclare qu’il va recruter l’an prochain 40 000 enseignants, avec quel argent va-t-il les payer ? Avec de l’argent emprunté en plus de celui que nous empruntons déjà pour la fonction publique d’État ou la fonction publique territoriale. De l’argent qui vient d’où ? D’Allemagne, de Chine, d’Amérique ? Avec l’émir du Qatar, au moins, c’est plus clair et plus transparent : il investit en personne 100 millions d’euros dans des “projets innovants” de nos banlieues là où l’Etat a épuisé ses ressources (quelque 40 milliards d’euros en dix ans) et en vain. Voilà une image symbolique de notre “souveraineté”.
Dans la bouche de François Hollande, “garantir notre indépendance” signifie seulement qu’il ne peut pas aller plus loin dans la dépendance. Sauf à ne plus pouvoir “gouverner”. Son crédit est tout entier dans le traité budgétaire. Qu’il le respecte, il continuera à emprunter à des taux supportables ; qu’il s’en écarte, la méfiance s’installera, il perdra sa bonne note et s’engagera dans le cycle infernal de l’emprunt qui coûte de plus en plus cher. Au bout du processus, l’asphyxie financière et l’impasse politique. Voir la Grèce et les autres.
Or le pire pour François Hollande, c’est qu’une partie de sa majorité présidentielle ne veut pas comprendre son raisonnement. Elle est convaincue que cette histoire de dette n’est qu’un bluff, que l’argent est là, qu’il suffit de le prendre, etc. Certes, le gros des députés et sénateurs socialistes va le suivre et voter le traité européen comme il le leur demande, au nom de la discipline de parti. Mais pas tous ; il va en manquer. Il va aussi manquer les élus du Front de gauche et maintenant des Verts. En comptant bien, le traité de stabilité budgétaire aura besoin de voix de droite pour être ratifié.
Certes, la droite qui l’avait négocié (Nicolas Sarkozy l’avait signé le 2 mars dernier) peut difficilement se déjuger et ne pas l’approuver. Mais cela voudra dire aussi, aux yeux des Français et de nos voisins européens, que l’on ne peut faire confiance à M. Hollande que dès lors qu’il a le soutien de voix de droite. Cela ne lui fera peut-être pas perdre sa bonne humeur, mais à sa place, on serait préoccupé. Pauvre M. Hollande.
François d'Orcival, de l'Institut