9 Avril 2013
( Trois documents dans cet article. D'abord, le point de vue pessimiste de Thierry Desjardins sur l'éventualité d'une troisième guerre mondiale dont les prodromes sont perceptibles. Puis, une confidence d'André Malraux ( en 1956 ) à Elizabeth de Miribel, ex secrétaire du général de Gaulle en juin 1940 à Londres ( celle-là même qui tapa à la machine le fameux appel du 18 juin ).
Enfin une lettre du père Charles de Foucauld, en 1907, qui montre une lucidité certaine sur la façon dont l'occident, depuis longtemps, par l'abandon progressif de ses principes religieux fondateurs, prépare son anéantissement.
Mais le pire n'est jamais certain, et plus que jamais, l'adage du personnage principal de l'excellent roman de Jean Carrère : La fin d'Atlantis, ou le Grand Soir, demeure d'actualité : « Un grand peuple ne peut mourir que de lui-même. Tu tournes toi-même la roue du destin ».
A nous de jouer.
LS. ).
( I ). Nouvelle guerre mondiale - l'avis de Thierry Desjardins
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( II ) Point de vue d'André Malraux sur l'islam.
Un texte visionnaire d’André Malraux sur
l’islamisme.
( Peut-être n’y a-t-il rien de pire que le relativisme, débouchant sur le nihilisme, qui se
développe actuellement dans la civilisation occidentale, assimilant la civilisation à une simple, mais effrénée consommation de tout et de n’importe quoi. Bien qu’il ne s’agisse, peut-être,
dans la bouche d’un politicien, que d’un propos sans conséquences, auquel il ne donne pas de contenu véritablement consistant, peut-être donc, est-ce ce que Nicolas Sarkozy a voulu dire,
récemment en lançant le thème de la nécessité d’une réflexion sur la refondation d’une « civilisation » en Europe, et en France particulièrement. Le président de la République, quelle que soit la
sincérité de ses propos, dans un discours récent au Vatican n’en incitait pas moins les catholiques de France à sortir de leur actuelle apathie, et à réinvestir l’espace public. Cette invite,
[peu importe qu’elle émane d’une personnalité discutable] mérite d’être entendue, car quand le nihilisme triomphe, les âmes assoiffées risquent pour s’abreuver de boire à n’importe quelle source.
Le grand dramaturge IONESCO l’avait bien vu quand il écrivait que « lorsque l’homme ne se préoccupe pas des fins dernières, (que) lorsque seuls l’intéresse le destin d’une nation politique, de
l’économie, lorsque les grands problèmes métaphysiques ne font plus souffrir, laissent indifférents, l’humanité est dégradée, elle devient bestiale ».
Or, depuis quelques décennies l’Islam est entrée dans une
période, de dynamisme nouveau, voire d’effervescence. Et, il se trouve que les aléas de l’histoire font que résident en France (et ailleurs en Europe) d’importantes communautés, sinon musulmanes
(le nihilisme, le matérialisme pratique, sinon doctrinal, travaille aussi ces personnes là, particulièrement dans les zones dites de « banlieues ») du moins réceptives à ce message du « Prophète
», dans sa version la plus éruptive : l’islamisme.
Des analystes lucides et courageux s’inquiètent de ce militantisme pour l’avenir de l’Europe
qui fut chrétienne.
Il est tout à fait urgent de réfléchir sur l’Islam, sur sa vraie nature, honnêtement, sans
caricature ; de tenter de répondre à la question fréquemment posée : Faut-il confondre l’Islam et l’islamisme ? L’Islam est-il compatible avec les valeurs d’origine chrétiennes qui ont façonnés
la France et l’occident : la liberté, la distinction du spirituel et du temporel, l’égalité en droit et en dignité de la femme et de l’homme dans la cité, etc.
Questions d’une importance capitale que je me promet
d’aborder, au fil du temps, sur ce blogue.
Je ne méprise absolument pas l’Islam. Il vaut mieux que le relativisme généralisé qui est
aujourd’hui proposé à la jeunesse par les marchands d’illusions, se réclamant parfois, d'ailleurs, à tort ou à raison de la philosophie dite des lumières . [Thème d’étude très prochain ici
même].
Mais il serait absurde, au nom d’une prétendue ouverture d’esprit de fermer les yeux sur des
réalités aussi aveuglantes qu’inquiétantes. C’est à quoi invitait à réfléchir André Malraux, avec une prescience d’autant plus remarquable que son propos date de 1956, dans le texte que je
propose à la réflexion des lecteurs du Scrutateur.
Edouard
Boulogne.
PS : Je viens de parler
d’une indispensable information sur l’Islam. Mais que dire alors du christianisme, absurdement méconnu, et caricaturé par les marchands d’illusion de la société de pléthore
?
Il va de soi, que tous les chrétiens un tant soi peu informés doivent se mobiliser pour
combler le vide spirituel de l’époque. Car la nature a horreur du vide. ).
La poussée islamique, selon André Malraux.
“La nature d’une civilisation, c’est ce qui s’agrège autour
d’une religion. Notre civilisation est incapable de construire un temple ou un tombeau… Elle sera contrainte de trouver sa valeur fondamentale, ou elle se
décomposera.”
"C’est le grand phénomène de notre époque que la violence de
la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, cette montée de l’islam est analogiquement comparable aux débuts du communisme du temps de Lénine. Les conséquences de ce
phénomène sont encore imprévisibles. A l’origine de la révolution marxiste, on croyait pouvoir endiguer le courant par des solutions partielles. Ni le christianisme, ni les organisations
patronales ou ouvrières n’ont trouvé la réponse. De même aujourd’hui, le monde occidental ne semble guère préparé à affronter le problème de l’islam. En théorie, la solution paraît d’ailleurs
extrêmement difficile. Peut-être serait-elle possible en pratique si, pour nous borner à l’aspect français de la question, celle-ci était pensée et appliquée par un véritable homme d’Etat. Les
données actuelles du problème portent à croire que des formes variées de dictature musulmane vont s’établir successivement à travers le monde arabe. Quand je dis “musulmane”, je pense moins aux
structures religieuses qu’aux structures temporelles découlant de la doctrine de Mahomet. Dès maintenant, le sultan du Maroc est dépassé et Bourguiba ne conservera le pouvoir qu’en devenant une
sorte de dictateur. Peut-être des solutions partielles auraient-elles suffi à endiguer le courant de l’islam, si elles avaient été appliquées à temps… Actuellement, il est trop tard ! Les
“misérables” ont d’ailleurs peu à perdre. Ils préféreront conserver leur misère à l’intérieur d’une communauté musulmane. Leur sort sans doute restera inchangé. Nous avons d’eux une conception
trop occidentale. Aux bienfaits que nous prétendons pouvoir leur apporter, ils préféreront l’avenir de leur race. L’Afrique noire ne restera pas longtemps insensible à ce processus. Tout ce que
nous pouvons faire, c’est prendre conscience de la gravité du phénomène et tenter d’en retarder l’évolution".
André Malraux, le 3 juin 1956
( III ) . La lettre ci-dessous a été écrite par le Père de Foucauld en
1907 !
Vraiment troublant et ahurissant : plus de 100 ans avant, une
telle clairvoyance !
Lettre du Père Charles de Foucauld adressée à René Bazin, de
l'Académie française, président de la Corporation des publicistes
chrétiens, parue dans le Bulletin du Bureau catholique de
presse, n° 5, octobre 1917 :
"Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre
empire colonial du nord de l'Afrique ne se convertissent pas, il se produira un
mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie : une élite intellectuelle
se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir l'esprit ni
le coeur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera
l'étiquette pour pouvoir par elle influencer les masses ; d'autre part, la masse
des nomades et des campagnards restera ignorante, éloignée de nous,
fermement mahométane, portée à la haine et au mépris des Français par sa
religion, par ses marabouts, par les contacts qu'elle a avec les Français
(représentants de l'autorité, colons, commerçants), contacts qui trop souvent
ne sont pas propres à nous faire aimer d'elle.
Le sentiment national ou barbaresque s'exaltera dans l'élite instruite : quand
elle en trouvera l'occasion, par exemple lors de difficultés de la France au
dedans ou au dehors, elle se servira de l'islam comme d'un levier pour
soulever la masse ignorante, et cherchera à créer un empire africain musulman
indépendant.
L'empire Nord-Ouest-Africain de la France, Algérie, Maroc, Tunisie, Afrique
occidentale française, etc., a 30 millions d'habitants ; il en aura, grâce à la paix,
le double dans cinquante ans. Il sera alors en plein progrès matériel, riche,
sillonné de chemins de fer, peuplé d'habitants rompus au maniement de nos
armes, dont l'élite aura reçu l'instruction dans nos écoles. Si nous n'avons pas
su faire des Français de ces peuples, ils nous chasseront. Le seul moyen qu'ils
deviennent Français est qu'ils deviennent chrétiens.
Il ne s'agit pas de les convertir en un jour ni par force mais tendrement,
discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne éducation, instruction,
grâce à une prise de contact étroite et affectueuse, oeuvre surtout de laïcs
français qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un
contact plus intime.
Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ?
Exceptionnellement, oui. D'une manière générale, non.
Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s'y opposent ; avec certains il y a
des accommodements ; avec l'un, celui du « Medhi », il n'y en a pas : tout
musulman, (je ne parle pas des libre-penseurs qui ont perdu la foi), croit qu'à
l'approche du jugement dernier le Medhi surviendra, déclarera la guerre sainte,
et établira l'islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les
non musulmans. Dans cette foi, le musulman regarde l'islam comme sa vraie
patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard
subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s'il est soumis à une nation
non musulmane, c'est une épreuve passagère ; sa foi l'assure qu'il en sortira et
triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse
l' engage à subir avec calme son épreuve; " l'oiseau pris au piège qui se débat
perd ses plumes et se casse les ailes ; s'il se tient tranquille, il se trouve intact
le jour de la libération ", disent-ils.
ils peuvent préférer telle nation à une autre, aimer mieux être soumis aux
Français qu'aux Allemands, parce qu'ils savent les premiers plus doux ; ils
peuvent être attachés à tel ou tel Français, comme on est attaché à un ami
étranger; ils peuvent se battre avec un grand courage pour la France, par
sentiment d'honneur, caractère guerrier, esprit de corps, fidélité à la parole,
comme les militaires de fortune des XVIe et XVIIe siècles.
Mais, d'une façon générale, sauf exception, tant qu'ils seront musulmans, ils
ne seront pas Français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du
Medhi, en lequel ils soumettront la France.
De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empressés à demander
la nationalité française : comment demander à faire partie d'un peuple étranger
qu'on sait devoir être infailliblement vaincu et subjugué par le peuple auquel
on appartient soi-même ?
Ce changement de nationalité implique vraiment une sorte d'apostasie, un
renoncement à la foi du Medhi..."
Charles de FOUCAULD
( Medhi = Le Bien-aimé = le Sauveur de l’Islam ).