mardi 22 octobre 2013
En 2013, un nombre important de manifestations célébrant le centenaire du grand poète disparu ont eu lieu à la Martinique. Il serait vain d’en faire ici un inventaire exhaustif : ont-elles toutes été à la mesure de la pertinence de l’homme et de son legs littéraire ? On peut en discuter, tant celui-ci est novateur, immense, inégalé. Toutefois, si ne serait-ce que quelques unes d’entre elles ont pu donner au public envie de le lire, de le (re)découvrir, ou de simplement suggérer des pistes pour aborder une œuvre aussi complexe, elles auront — du moins en partie — atteint leur objectif et l’on tendrait alors à s’en satisfaire.
Pourrait-on parler, parmi ces manifestations, d’opportunisme ? Même si la sincérité de chacun n’est pas à mettre en doute, nul doute non plus que la récupération politicienne aura
également fait partie du lot.
Y en a-t-il eu trop ? On ne peut empêcher un pays — si longtemps tenu sous le boisseau — de s’exprimer à part entière. Chacun est libre de pouvoir témoigner, avec les moyens qui lui
sont propres, de l’empreinte que lui a laissée celui qui publiait le Discours sur le colonialisme en 1950. Encore que cela reste dans un premier temps une affaire de talent et,
dans un second, une affaire de partage ou de monstration, c’est à dire de lieu. En effet, on ne peut certainement pas dire que les lieux consacrés à l’expression artistique et aux arts
plastiques en particulier soient légion dans notre pays... Et s’il est parfaitement inconcevable que l’œuvre d’un plasticien, définie par son projet et ses intentions, et effectuant une
réelle recherche esthétique, puisse être présentée au public au même titre qu’un illustrateur, un artisan ou un simple amateur (au sens noble du terme), il est tout aussi inadmissible que
n’importe quel travail non qualifié soit présenté aux yeux du monde sur le seul nom de Césaire.