27 Mars 2013
Il est tard et je ne vais pas être très long, mais je veux pas laisser sans un commentaire, même bref, cette émission, la troisième d'une série, qui vient d'être diffusée sur la chaine de France III.
Comme d'habitude elle a débuté en avance sur l'heure annoncée sur la chaine locale ( « vers 21h05 » avait t-on annoncé ). En fait quand, par précaution, je m'installe devant mon téléviseur, à 20h50, l'émission est déjà en cours.
Son titre? « Nos ancêtres les Gaulois ». Tout un programme. Je m'attends à voir des images, et à entendre des propos de moi sur ce sujet, puisqu'il y a environ un an, j'avais consacré trois heures d'une matinée à répondre aux questions d'un journaliste sur le sujet, en vue de cette émission.
J'ai bien vu des images de Pointe-à-Pitre filmées de mon domicile, mais de paroles, nenni.
Censure? Certes. Mon propos allait à l'encontre de la thèse soutenue dans toute l'émission ( qui ne portait pas, loin de là sur la seule question des ancêtres ( Gaulois ). Donc censure, assurément. Je n'incrimine pas nécessairement le journaliste. Car, il y a les exécutants ( il faut bien vivre ) et il y a ceux qui commandent, décident, sélectionnent et montent les images et les paroles.
Que le rapport des forces change, et ces gens là viendront vous manger dans la main. Wait and see!
Sur la question de nos « ancêtres Gaulois », j'avais précisé, que l'homme que je suis, qui a effectué sa scolarité primaire entre 1946 et 1952, n'avait, ainsi que ses petits camarades Guadeloupéens de toutes couleurs, jamais appris cette formule, devenu le slogan depuis trente ans des partisans des séparatismes d'outre-mer, ou métropolitains ( les plus acharnés, sous l'influence de la « nouvelle école de la République » ) mais « notre pays est la France. Autrefois elle s'appelait la Gaule, et ses habitants les Gaulois ». Ce qui n'est pas du tout la même chose.
La France, d'ailleurs très tôt, fut un pays « métissé », avec les apports, inestimables de la civilisation romaine qui colonisa la Gaule pendant plus de quatre siècles.
Elle subit, ou bénéficia, ensuite, des apports multiples des Normands du nord de l'Europe ( à qui fut concédée la Normandie ), des Germains, des Francs, qui après Clovis lui donnèrent ce nom de France, des envahisseurs hunniques, wisigoths, ostrogoths, etc. Sans parler des sensibilités africaines, et asiatiques, dont le colonisateur européen ( pour nous Français ) s'enrichit, en les colonisant, sans même parfois s'en rendre compte, par intussuception. Ceux qui se réclament de l'idéologie ( fort critiquable sur bien des points ) de la créolisation du monde, ne se rendent même pas compte qu'ils se contredisent en faisant de la période « coloniale » ( mot dont se gargarisent les gens soucieux d'être à la mode, et dont ils tirent une sorte d'orgasme psychique, fort déplaisant à voir et à entendre ) une période purement négative.
Se pose évidemment la question « fallait-il que la France, et les autres nations européennes, quittent leur territoire pour coloniser les Amériques, l'Afrique, et l'Asie ( une partie. Car le Japon sut se préserver en acquérant, de son propre chef, et de façon fort intelligente, une part des valeurs européennes ). Mais ils le firent. Et ils le firent parce qu'ils étaient les plus forts et les plus évolués.
Leur civilisation était la plus évoluée.
Les civilisations se caractérisent, entre autres, par une écriture qui leur permet de transmettre à travers les générations le travail et les découvertes, effectuées; par leur volonté, et leur capacité à bâtir des routes, des ponts, des temples, des maisons ( et pas des huttes ) à vaincre les maladies, et à combattre efficacement les catastrophes naturelles, etc, etc.
L'Europe rassemblait ces caractères, et elle connaissait à mesure de sa croissance, des besoins nouveaux. Elle s'étendit sur le reste du monde, et pas le reste du monde sur elle, non par la bonté naturelle de ce monde de bons sauvages ( il est permis de rire de ces billevesées ) mais parce que ceux-ci n'étaient pas, alors, en mesure de le faire.
Elle le fit dans un mélange d'égoïsme cupide, et de générosité, comme il en est dans toutes les actions humaines ( des civilisés comme des barbares ).
Il y eut donc, à la fois le « colonialisme » et la mission civilisatrice. Les bienfaits de celle-ci ont même été, par distraction sans doute, reconnus par certains des intervenants récitant, par ailleurs, la leçon de la nouvelle mission décivilisatrice de l'école républicaine révisée à l'aune de Vincent Peillon ( mais il n'est pas le seul, hélas! ).
Dans ce long défilé de robots conditionnés, quelqu'un a dissoné m'a-t-il semblé : un professeur d'histoire martiniquais, M. Elizabeth, manifestement agacé par le contexte de l'interview ( n'oublions pas que nous ne voyons et n'entendons que des propos et images sélectionnées et montées par les commanditaires de l'émission. A ce compte, on peut faire dire à quelqu'un le contraire de ce qu'il pense et qu'il a effectivement dit ).
Même discours répétitif sur la question du créole, et des langues régionales de l'ex empire français.
Le créole, et les parlers indigènes auraient été interdits par la « puissance coloniale ( nouvel orgasme des locuteurs... en Français plus ou moins correct! ) pour aliéner les populations et les couper de leurs coutumes et de leurs âmes.
Ces propos là sont rudes, il faut pour les anônner avoir fait des études. Faut-il pourtant rappeler ( nous l'avons fait souvent sur ce blog. Voir nos archives ) que le créole comme les langues régionales de la métropoles, toutes, furent interdites par la Révolution Française, avec notamment en tête de liste, des excommunicateurs l'abbé Grégoire, l'ami des noirs, l'un des artisans les plus fameux de la première abolition de l'esclavage en 1794. Que l'usage du Breton, des langues méridionales, et de toutes les langues régionales furent interdites dans toute la France, comme en Guadeloupe, ou en Martinique, pour faciliter l'accès du peuple à la pensée révolutionnaire des Voltaire et Diderot chers à l'un des « missionnaires » de la nouvelle idéologie.
Et que penser de ce journaliste qui dit que le créole est « encore parlé » à Fort de France et à Pointe-à-Pitre ( comme s'il était prêt de disparaître, alors que tout le monde le parle, et qu'il n'a jamais été plus vivace ).
Combien de temps ce propagateur de la « bonne nouvelle » du nouveau monde de ses fantasmes, a-t-il vécu chez nous? Et en compagnie de qui?
Même Maryse Condé dont, l'âge montant, on aurait pu espérer un peu de sagesse, a déraillé à pleins tubes. Il est vrai que pour les raisons dites plus haut, elle a appartenu à cette génération dont les parents interdisaient l'usage du créole, tout comme Césaire, qui ne le parlait pas non plus ( je le tiens d'une de ses anciennes élèves, martiniquaise ) ce qui lui a permis d'écrire Le cahier d'un retour au pays natal, qu'on le regrette ou non, l'un des chefs d'œuvres de la littérature française!
Je ne voudrais pas terminer ce bref article sans évoquer la Nouvelle Calédonie, dont on semble se préoccuper, à Paris, qu'elle rompe avec la France dans un prochain referendum.
Je retiendrai, hélas, sur cette île si belle, ( au témoignage d'une vieille amie guadeloupéenne qui y a vécu ), les propos d'une petite pecque provinciale, issue de la France profonde, une institutrice probablement, dont le nom que j'ai oublié m'a semblé avoir des consonances moyenne-orientales. Cette petite, dont la face figée est celle, rébarbative » de la « justice » telle que se la représentent les militants de la Ligue Communiste Révolutionnaire, estime que l'école en Nouvelle Calédonie, au début du XX ème siècle, n'avait pas pour but de « cultiver » les Canaques mais d'en faire une main d'oeuvre à bon marché pour l'Etat colonial. ( L'institutrice au triste faciès et aus idées incertaines ).
Apparemment les tenants de la nouvelle école historique ( sous Peillon, et « Hollande regnante » ) ne se demandent pas quel était le niveau de l'enseignement primaire en la métropole à la même époque.
Ils semblent ignorer, d'autre part, qu'on ne transforme pas, par l'opération du St-Esprit, des hommes vivant, mentalement, à une autre époque que le vingtième siècle, et que ces hommes soumis à des guerres perpétuelles entre ethnies, pratiquant encore couramment le cannibalisme ( y compris entre canaques ), pouvaient difficilement être initiés à la pratique du commentaire des textes de Montesquieu, de Voltaire ( heureusement d'ailleurs pour la réputation, discutable! d'antiracisme, prêtée bien à tort à ce dernier par un distingué...universitaire! ), ou, mieux pour la petite pecque de la LCR, les carnets de Louise Michel, de Marx et de Lénine.
Décidément l'occident ne se refait pas, toujours prédiquant, toujours assuré de la possession du vrai et de la JUSTICE. Mais je l'aimais mieux en troupes conquérantes et vivaces, même avec ses défauts, qu'en troupeau vagissant de flagellants blèmes.
Edouard Boulogne.
( Ce journaliste est l'homme adéquat dans ce genre d'émission. Arborant un sourire de radieuse complicité quand la question qu'il pose semble aller au-devant des souhaits de l'interlocuteur, il se fige quand la réponse démontre qu'il est trompé. a se tordre de rire ).