21 Février 2013
Quand je me suis exprimé, à titre personnel, sur les intempérances de DSK, je me suis toujours gardé des excès de plume. Peut-être parce que, catholique, je garde en mémoire que le Juste lui-même, sans l'aide de la grâce, péchera souvent, et le précepte « ne jugez pas ( ne condamnez pas ) et vous ne serez pas jugé » ( condamné ).
Mais, abandonnant DSK à la justice de Dieu, ou à ses éventuels remords, je n'ai jamais cru à son innocence. Pas plus qu'à l'ignorance de sa conduite, par le milieu politique ( de gauche comme « de droite » ) et notamment par Anne Sinclair.
Ces gens, DSK et sa femme, appartiennent à, au moins, deux traditions. Celle des Lumières ( matérialistes et libertines, voir par exemple Choderlos de Laclos et son roman Les liaisons dangereuses, ou encore le marquis de Sade ) , et celle de certains courants juifs, minoritaires, certes, mais qui croient à la supériorité des juifs sur les autres humains, ce qui pourrait expliquer la Haine inexpiable de l'autre idéologie des peuples « supérieurs », je veux parler de l'hystérie nationale-socialiste.
Sans comparer l'incomparable, il est permis d'évoquer avec Gilles Kepel
( Cf. La revanche de Dieu, pp 251-252. Editions du Seuil ) l'activité de certaines communautés comme celle des loubavitch. « ( …..) Là encore, écrit Kepel, comme dans le cas des ingénieurs évangéliques ou islamistes, il s'agit de manifester que science et foi sont éminemment compatibles, que la création de logiciels ou la gestion de banques de données n'invalident pas la croyance dans l'extra-lucidité de Menahem Mendel Schneerson. Bien au contraire, elles ne font que la conforter, en lui assurant les moyens d'une large diffusion.
Celle-ci a pour objet de renforcer le prosélytisme parmi les juifs, de les attirer au sein de la communauté des loubavitch, puis de les séparer de la masse de ceux qui sont tentés par les valeurs et les séductions de la société environnante. Cette séparation entre le juif observant et le juif de simple appartenance est une «redondance» de celle qui sépare Israël des autres peuples, des interdits spécifiques qui distinguent le juif au sein des nations '. Cette distinction d'avec le reste de l'humanité est très marquée chez les disciples du rabbi Chlita. La revue de la Jeunesse loubavitch de France explique ainsi à ses lecteurs : si « Dieu a créé l'univers entier selon la division fondamentale des quatre règnes: minéral, végétal, animal ethumain », [...] « il est écrit qu'il existe en réalité un cinquième genre : Am Israël, le peuple juif. [Et] l'écart qui le sépare du - quatrième genre - l'ensemble de l'espèce «parlante», humaine - n'est pas moindre que l'écart entre l'humain et l'animal ' ». On ne saurait fonder de manière plus explicite tout refus de quelque valeur universelle que ce soit. ». Ces considérations ne peuvent pas ne pas faire penser aux étonnantes confidences d'Anne Sinclair au journaliste Marcela Jacob, et qu'évoque Le Nouvel Observateur dans l'interview qu'on va lire.
Le Scrutateur.
« Une semaine avant la parution de son livre "Belle et Bête" (Stock), dans lequel elle raconte sa liaison avec Dominique Strauss-Kahn, l'essayiste Marcela Iacub donne une interview exclusive au "Nouvel Observateur", en kiosque ce jeudi. Pendant la rédaction de son livre, elle a rencontré l'ex-épouse de DSK, Anne Sinclair. Extraits.
"Je suis allée rendre visite [à Anne Sinclair] pendant que j’écrivais le livre, sous un prétexte quelconque. Ce n’est pas un procédé très loyal mais il y avait des choses que je n’arrivais pas à comprendre de la psychologie de Dominique Strauss-Kahn. Celui-ci ment beaucoup et tout le temps, jamais je n’ai rencontré un individu qui mente comme lui, parce qu’avant tout il se ment à lui-même.
La conversation avec Anne Sinclair a été fondamentale. Elle a été très gentille, mais j’ai compris à quel point elle est convaincue qu’elle et son mari – car je rappelle qu’ils n’ont toujours pas divorcé – appartiennent à la caste des maîtres du monde.
Elle m’a dit la phrase que je rapporte dans le livre : "Il n’y a aucun mal à se faire sucer par une femme de ménage." J’ai failli lui répondre que sucer, ce n’est pas le travail d’une femme de ménage comme passer l’aspirateur, qu’il faut demander ce genre de choses à une pute, etc.
Mais, pour elle, le monde est séparé entre les maîtres et les serviteurs, entre les dominants et les dominés et c’est normal. Cela m’a un peu effrayée. Comme si on vivait dans la société de l’Ancien Régime » . ( Si l'ancien régime, où il eut certes des DSK, correspondait au cliché qu'en possède Marcela Iakub, assez répandu par l'enseignement primaire dit laïque, mais assez loin de la réalité historique. Note du Scrutateur ).