20 Septembre 2012
Mon coeur se brise en pensant que je vais faire de la peine à certains amis, idolâtres de Charlie-Hebdo.
Pour faire passer la pilule, je vais leur avouer que je soutiens leur querelle dans la situation présente, face au danger islamiste. Sauf en ce qui concerne la vulgarité, qui est, semble-t-il consubstantielle à cette publication.
Toutefois, l'appel aux forces de "l'ordre bourgeois", pour protéger Charlie, ne manque pas de sel.
Ainsi que le souligne Michel Janva, en expliquant pourquoi.
Malgré les apparences, nous vivons une époque épatante.
Le scrutateur.
( Eloquent, mais bon enfant, et dépourvue de vulgarité, ce dessin n'est pas de Charlie-Hebdo ).
Et mes CRS, tu les aimes mes SS ?
Chronique hebdomadaire de Philippe Randa
Il faut toujours saluer le talent. Celui des dirigeants de
l’hebdomadaire Charlie Hebdo est grand. Pour faire parler de lui, en tout cas.
Deux jours qu’on ne parle que de ce journal, depuis le comptoir à pochtrons du
bistrot du coin de la rue… jusqu’à la Maison Blanche qui a réagi par la voix de Jay Carney, porte-parole du président Barack Obama : « Nous sommes au courant du fait qu’un journal français a publié des dessins représentant un
personnage ressemblant au prophète Mahomet, et évidemment nous avons des questions sur le choix qui a conduit à publier de telles choses. »
Chapeau l’artiste ! En voilà de la Com’ qu’elle est bonne ! Au tarif de la
minute de pub sur quelques médias que ce soit, il ne faudrait pas qu’on présente un jour la douloureuse aux nouveaux hérauts de la liberté d’expression : sous forme d’euros, de
dollars… ou de cadavres !
Mais au-delà de cette reconnaissance indubitablement dûe à leur habileté financière
– un compliment qui ira droit au cœur de ces militants qui se revendiquent tous haut et fort du gauchisme le plus intransigeant – « l’AffaireCharlie Hebdo » appelle tout
de même quelques remarques moins admiratives.
Les déclarations des ténors de la classe politique oscillent tous sur le même
registre : pour les uns, « la liberté d’expression ne se discute pas », pour les autres « c’est de la provocation lourde de menaces à venir »…
Pour une fois, admettons que tous ont raison : l’une n’empêche en rien les autres.
Mais il est tout de même regrettable que personne n’ait fait remarquer qu’il est
étonnant que les bâtiments de Charlie Hebdo soient désormais protégés jour et nuit par des cars de CRS… L’ironie est pourtant grande : ces guerriers de la
liberté d’expression appelant à la rescousse ces « CRS = SS » qu’ils n’ont de cesse de ridiculiser ou d’agonir d’injures dans leur journal, après leur avoir, pour beaucoup d’entre eux
sans doute, jeté des pavés sur la tête…
Comme quoi, les gauchistes, c’est capable de tout, la preuve ! On le savait,
d’ailleurs, depuis que leurs camarades de Libération avaient acceptés de travailler sans sourciller pour monsieur Rothschild, devenu actionnaire de leur
quotidien.
Personne, non plus, n’a rappelé à Charb – actuel directeur de Charlie
Hebdo, affirmant sans rire : « S’il faut tenir compte du contexte, le contexte mondial ne sera jamais favorable à rigoler de l’islam radical ou des religions en général,
si on tient compte du contexte, on ne parle plus de rien, jamais, la presse satirique est condamnée et c’est foutu » – que voilà quelques années, en 2008, son prédécesseur à
la direction du journal n’avait pas hésité à renvoyer sur le champ son collaborateur Siné, coupable à ses yeux d’antisémitisme pour avoir stigmatisé le mariage de Jean Sarkozy et
deJessica Darty, fille du fondateur
des magasins éponyme, « en ironisant sur une éventuelle conversion au judaïsme du fils du président de la République. »
« Je reproche à Jean Sarkozy de se convertir par opportunisme. S’il s’était
converti à la religion musulmane pour épouser la fille d’un émir, c’était pareil. Et un catholique, pareil, j’ai jamais fait de cadeau aux catholiques », expliqua à l’époque
Siné… en vain !
Comme quoi, à Charlie Hebdo comme ailleurs, les tabous
existèrent… Ce tabou-là, relatif au judaïsme, existe-t-il encore ? En voilà une question quelle serait bonne à poser à monsieur Charb !
Enfin, il est étonnant de remarquer l’unanimité des commentaires – dont ceux de
Charb en tête – concernant le film islamophobe L’innocence des musulmans qui déclencha manifestations et violences en réaction dans le monde arabe et serait même la
cause de l’attentat ayant entraîné la mort
de l’ambassadeur américain en Libye ; de l’avis général, il s’agit là d’une parodie « grossière, grotesque, minable, vulgaire, raciste, etc.
», on passe les qualificatifs et des pires encore…
Dans le même temps, les caricatures publiées dans Charlie
Hebdo sont presque considérées – sans vouloir faire de mauvaise jeux de mots insultants pour la haine religieuse des collaborateurs du journal – des images pieuses à l’humour
incontestable : Mahomet les fesses à l’air « prononçant la célèbre réplique de Brigitte Bardot dans Le Mépris, devant un Jean-Luc Godard consterné : « “Et mes fesses, tu les aimes, mes fesses ?”
» Sur un autre dessin, le prophète montre son derrière affublé d’une étoile
avec cette légende : “Mahomet
: une étoile est né” » (1)
Il est vrai que l’humour, c’est comme le pognon, les CRS ou la Judaïté, c’est une
question de principe… N’est-ce pas, camarade Charlie ?
Note
© Philippe Randa est écrivain, chroniqueur politique et éditeur (www.francephi.com). Ses chroniques sont libres de reproduction à la seule
condition que soit indiquée leurs origines, c’est-à-dire le site www.francephi.com, « Espace Philippe Randa ».
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