5 Avril 2012
( Admirable tableau de Salvador Dali : Le Christ de St-Jean de la Croix
).
A l'occasion de la fête de Pâques, et jusqu'à dimanche matin le Scrutateur suspendra sa parution. Faire oraison de temps à autre peut être utile, et pour certains même, salutaire.
Je propose d'écouter pendant ce temps là quelques textes et de la musique appropriée à la circonstance.
( I ) Le texte est extrait du grand poème Le mystère de la charité de Jeanne d'Arc, du poète et philosophe Charles Péguy. L'accompagnement musical est fait d'extraits du Requiem de Fauré.
http://www.youtube.com/watch?v=0ReECciORqY
( II ) Mon deuxième choix, non par ordre de qualité et d'importance, mais seulement dans l'ordre numérique, est une profonde méditation musicale, comme on les pratiquait dans les églises au XVII ème siècle, sur le thème de la souffrance assumée, de la mort, du sacrifice et de la résurrection du Christ. Cette méditation est, musicalement parlant, l'oeuvre du très grand et pur musicien François Couperin.
J'ai gardé le souvenir de cette méditation entendue, et participée, par moi-même et quelques amis, en l'église St-Etienne du Mont, à Paris, près du lycée Henri IV et de la place du Panthéon. ( A Pâques 2003 ).
http://www.youtube.com/watch?v=UbREakKFTow
J'ai conscience du caractère insolite de mon choix musical et poétique. Je l'assume pleinement. Notre époque est une époque de bruit et de fureur. De transgression aussi. Le sourire et le rire laisse volontiers la place au ricanement. Et il y a je ne dirai pas un monde, mais un abîme entre l'un et les autres.
Ici, me semble-t-il, il y a, même pour des incroyants ( mais qui ne sont pas encore totalement englués dans l'art pâteux et gluant, criard aussi, de la société marchande ) de quoi méditer, et entrevoir quelque chose de ce à quoi nous aspirons tous, plus ou moins consciemment, ( et cherchons trop souvent là où il n'est pas, dans les paradis artificiels ), c'est-à-dire à la paix des profondeurs.
( III ) Alléluia!
Mon troisième choix, qui convient spécialement pour le dimanche de Pâques, est pour l'air célèbre du Messie de Haendel : Alléluia! Une préfiguration spirituelle chrétienne exaltante, au chant exalté, et plus strictement humaniste, mais toutefois admirable, en son ordre, de l'Hymne à la joie de Beethoven dans le 4 ème mouvement de la 9 ème symphonie. Ici c'est le Royal Philharmonique Orchestra, sous l'admirable direction de Sir Thomas Beecham qui traduit la divine surprise.
http://www.youtube.com/watch?v=doZH1ANfdhk
( IV ) Enfin, sur des paroles de Victor Hugo, ce duo dont le propos est assez clair, pour ne pas appeler de commentaires. Le ténor est...le grand Enrico Caruso, ténor des ténors. La voix de basse est celle de Marcel Journet. L'enregistrement date, puisque Caruso est mort, prématurément, d'un cancer de la gorge.....en 1921. Crachements inévitables, qui viennent des techniques archaïques d'enregistrement à cette époque. C'est pour cela que je l'ai choisi. Il reste donc de ces chanteurs quelque chose d'approximatif qui laisse entrevoir quels étaient leurs dons prodigieux, quelque chose d'analogue à ce que nous voyons aujourd'hui du Parthénon, ou des grandes pyramides égyptiennes, avant que ces monuments du génie humain ne subissent les atteintes du temps, et de la folie des hommes. Je suppose que les jeunes qui écouteront cet enregistrement ( s'il y en a, et je l'espère ardemment ) entreverront la beauté qu'ils expriment, par delà la signification proprement humaine, et religieuse qui s'en dégagent.
http://www.youtube.com/watch?v=TofZQ7WDWAU
Edouard Boulogne.