Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
7 Juin 2013
( Voici une rubrique du Scrutateur, qui doit vous intéresser. Elle ne fait pas double emploi avec les commentaires d'articles. Ceux-ci, en augmentation lente, mais constante, est faite de vos réactions aux articles.
« La voix des lecteurs »vous donne la parole, la possibilité d'enrichir notre blog de vos idées, réflexions, poèmes, réactions propres à l'actualité en général.
Bien entendu je ne publierai que ce qui ne s'en prend pas, éventuellement, aux personnes, au-dessous de la ceinture comme on dit.
Les articles signés seront plus particulièrement bien venus. Mais il y a, je le sais d'excellentes raisons, qui ne relèvent pas de la couardise, mais plutôt de ce qu'on appelle le devoir de réserve, à l'anonymat, ou au pseudonyme. Ces articles seront pris en compte. Mais il faudra, que je puisse identifier les expéditeurs de façon précise. Ma discrétion à leur égard étant assurée.
Maintenant, chers lecteurs, à vous de jouer.
Edouard Boulogne) .
PS : Les propos de lecteurs, n'expriment pas toujours le point de vue du Scrutateur. Ils s'expriment librement. Le Scrutateur n'intervient que pour écarter les attaques qui viseraient des hommes et des femmes, de façon insultante, « au-dessous de la ceinture » comme on dit.
7 juin 2013, débarquement des hommages alliés
À la mort du président Pompidou, en1974, un personnage dûment répertorié comme interlope eut le bon goût de déclarer : « Que laissera-t-il de la mémoire de son temps? Rien, ou si peu (...). On ne rachète pas par des vertus privées le passif d’une vie publique ». L’abjection était, il faut le dire, le registre habituel de ce vil polémiste à côté duquel le renard de la fable pourrait passer pour un chic type, entièrement dévoué au bien commun.
Aujourd’hui, c’est le décès du calamiteux Pierre Mauroy – brave type, sans aucun doute, mais il ne faut pas tout mélanger – qui est à la une de l’actualité, et ce n’est guère le type de discours que l’on entend. L’engeance à laquelle se rattacha François le fourbe pour prendre possession des clés du Royaume ne chante pas aujourd’hui la même chanson. Ce serait plutôt la canonisation. Au son du canon, cela va de soi, tant, aujourd’hui, le blâme ou la louange se décide par oukase. La starification sur ordre du Tsar. Du Tsar ou du Veau d’or.
Que laissera Pierre Mauroy de la mémoire de son temps ? Une longue litanie de fautes qui se succèdent au panthéon des grandes heures socialistes et dont les thuriféraires, prudents, oublient de dire que le gros Quinquin ne fut qu’un exécutant. Mauroy fut le simple valet de François le glauque, dont l’histoire commence déjà à se débarrasser pour ne retenir de lui que l’aura d’une sorte de Moïse qui fit franchir au peuple de gauche la mer Rouge en installant sous les ors de la République des barbus opportunistes et affamés de pouvoir afin qu’ils y fissent œuvre de décapitation. C’est comme ça, la France. Une certaine France, qui ne se console de la condition humaine qu’en exerçant sa capacité de nuisance, c’est-à-dire en prenant la précaution de se faire oindre à force de songes, de mensonges, de promesses et de dissimulations, sans oublier de semer quelques graines de haine pour être certain de n’oublier personne.
« Il faut raccourcir les géants,
Et rendre les petits plus grands,
Tous à la même hauteur,
Voilà le vrai bonheur »
Vieille histoire qui depuis 1792 remplit les livres d’histoire et qui montre tellement la République sous son vrai jour que celle-ci a jeté le masque et ne veut plus qu’on enseigne son histoire. D’ailleurs une telle odeur de cabinet – ministériel, n’allez pas imaginer autre chose – flotte sur la vie publique que personne ne devrait douter que l’on administrât la mémoire autrement que la pensée, en France, mère des slogans, des révolutions et des soviets.
Les obsèques de Pierre Mauroy ressemblent à celle de la Lionne, tant on y entend « rugir en leur patois messieurs les courtisans ». Pas un n’a manqué à l’appel, dans les rangs de la calamité comme dans ceux de l’opportunité. Et, bien entendu, Messieurs Juppé et Bayrou n’ont pas été les derniers à sonner l’« Ha ! la ! la ! quelle perte immense pour la nature, pour le pays et pour l’humanité ! »
Telle est la tonalité de l’éloge funèbre de celui qui fut avec Fabius et Edith Cresson l'un des trois catastrophiques Premiers ministres de Mitterrand - Rocard et Béregovoy ne méritant pas pareille épithète ; Chirac ne faisant partie du gang qu'à titre de membre d'honneur, et Balladur étant inclassable. On s'aperçoit que la gauche a retrouvé toute son énergie, à plus forte raison pour disperser de l’encens autour des cendre d’une certaine France d’avant Pierre Mauroy et dont ce n’est pas la peine de se demander ce qu’il en reste.
Monsieur Ayrault peut se réjouir, la gauche lui fera les honneurs militants - elle est là, plus que jamais dans l'orchestration de la vérité et dans l'étiquetage honoriférant ou dégradationniste. Et l’UMP – l’UVP, plutôt, l’Union des Vrais Perdants – lui emboîte le pas. L’air martial, naturellement, et en chantant à pleins poumons l’hymne du ralliement… permanent.
Il faut dire que chacun surveille chacun, que le premier qui rira aura une tapette et que la mort est à peu près la seule promesse biologique dont on ne puisse douter. Il faut donc prévoir que lorsque son tour viendra, il faudra compter sur la claque et pour être sûr de faire partie des élus se dispenser de donner trop claques, en tout cas chez ses petits camarades de secte fromagère.
Dans le panégyrique – l’homélie plutôt – que sert aujourd’hui la vox pontificis de la presse, de la pensée et de la classe politique réunies il ne faudrait peut-être pas oublier que le cher disparu dut sa nomination à l’hôtel Matignon au sens tactique de celui qui trouva judicieux de faire rentrer dans la bergerie le patron de la puissante fédération socialiste du nord. Il ne faudra pas non plus oublier que l’excellentissime – inspiré autant qu’escorté, il est vrai, du non moins excellentissime Delors – fit du chômage une réalité quotidienne et ascensionnelle en France (au moment où la courbe de celui-ci était sur la pente descendante dans la plupart des autres économies occidentales), ni les huées que lui adressa le peuple de France guise d’adieux.
Ce concert de louanges ne devrait naturellement surprendre personne. Les obsèques du camarade Staline provoquèrent des torrents de larmes, quant à celles des regrettés Kim père et fils – en attendant celles du petit-fils - n’en parlons pas ; la Corée du nord s’en souvient encore, comme les corons du nord se souviendront avec émotion du vibrant hommage rendu à ce grand serviteur de l’État issu de la rose et du poing. L’emprise socialiste est si forte « à droite », que rien ne vient troubler cette belle unanimité. Comme d’habitude !
Belle occasion de méditer l’exemple de Chirac – fils politique de Pompidou, paraît-il, et en tout cas père biologique de l’UMP sur l’air du RPR déjà enfanté dans une précédente vie – qui, en janvier 1996, à l’heure ou Mitterrand fermait les yeux, proposa aux Français de « méditer son message ». Pauvre Chirac ! comme si bien longtemps avant d’entrer dans les limbes de la démence sénile la mémoire lui faisait déjà défaut, surtout celle des mots que le de cujus dédia à la mémoire de Georges Pompidou en 1974.
Quoi ? tu quoque mi fili ?
Au demeurant, Pierre Mauroy était sans doute le meilleur fils du monde.
Puisse notre Seigneur l’accueillir dans la paix et dans la joie éternelle, alors qu’il vient juste d’entrer dans la vérité et de mesurer le cortège de fautes, d’erreurs et d’injustices dont il a été soit l’auteur soit le complice et qu’il ne peut que regretter, s’il est l’excellent homme que l’on dit.
André Derviche
Le 7 juin 2013