Jean-Luc Hérisson : Aux sources de l'être.
La terre blanche et noire.
(poésie. Editeur : Flammarion).
La vie quotidienne nous écarte de l'être, de l'origine. Il faut tenter de vivre. Pour y parvenir, il faut la soumission aux normes et conventions de la vie sociale qui ne choie pas particulièrement l'origin(alité). Les « intellectuels » n'échappent pas plus que d'autres à ce formatage. La répétition est trop souvent leur modalité. « Notre pensée n'est trop souvent faite que d'une pâte grise de livres », disait à peu près Jean-Jacques Rousseau.
L'art, quand il mérite ce nom, (et comme, alors, il est loin de l'académisme !), est originalité, retour à l'origine, dévoilement de ce que la démarche utilitariste, à laquelle il est difficile d'échapper complètement, cache et obture.
Ne serait-ce point là, la cause de la marginalisation presque inévitable, avant parfois leur récupération, post mortem, par les prêtres du commerce et de la politique, des vrais artistes, des poètes en particulier ?
Le poète est parfois parmi nous, sans que nous le distinguions particulièrement. Il est, peut-être, le voisin qui va à son travail, aide ses enfants à faire leurs devoirs ; ou bien le collègue de bureau, un peu songeur ; peut-être le buraliste du café du coin, que sais-je ? Qui sais-je ?
Ce n'est que l'apparence. Invisible pour les yeux du consommateur distrait, derrière la façade, il y a l'acuité du regard, mieux, sa virginité, sa naïveté (caractère de ce qui est « neuf », non encore usé, élimé, perclus), sa capacité à penser, que dis-je, à voir, en amont de tous les discours, au diapason de l'objet, en sympathie avec son mouvement originaire, avec son être même.
Telles sont les considérations que m'inspire la lecture du bref, mais très dense, nouvel ouvrage de poésie de Jean-Luc Hérisson : La terre blanche et noire.1
Hérisson est né au Maroc, à Rabat plus exactement, en 1951. Mais il est de retour au pays natal depuis 1977. Même au Maroc, et plus tard, dans son adolescence bourguignonne, il ne l'avait jamais vraiment quitté. Car il est issu de deux familles guadeloupéennes très anciennes, les Hérisson, et, du côté maternel les Amic, qui ne laissèrent pas en friches la mémoire.
Il n'eut pas de mal à retrouver ses marques dans le vieux pays, et à y puiser aux sources, des parts de son inspiration.
Mais ceci sans poses, ni appel aux clichés faciles.
Sur le fond, nul recours aux proclamations politiques ou aux épanchements romantiques, et narcissiques, qui garantissent la promotion médiatique à proportion de l'éloignement du vrai et du beau qu'ils induisent.
Eloignement aussi, sur le plan de l'écriture, des formes conventionnelles de la poésie, qui ont leur grandeur, mais qui ne sont pas l'outil de notre auteur.
D'ailleurs, Dans La terre blanche et noire, le fond et la forme sont indissociables, mis au service d'une ambition très exigeante, d'une rigueur extrême, d'un dépouillement lumineux.
Une Guadeloupe s'y révèle, profonde et pure, une âme aussi, pudique et sensible.
Le lecteur, surpris d'abord, par la nouveauté du discours, est interpellé, sommé de sortir de sa torpeur de « lecteur de poésie », (puisqu'il a, quand même, acheté le recueil) pour suivre l'auteur dans sa quête d'être, pour à son tour s'ébrouer, voir, se faire voyant.
C'est une aventure décapante, celle que je viens d'essayer d'accomplir, que je souhaite au maximum de lecteurs.
« Obstinato Rigore » !
Edouard BOULOGNE.
(poésie. Editeur : Flammarion).
La vie quotidienne nous écarte de l'être, de l'origine. Il faut tenter de vivre. Pour y parvenir, il faut la soumission aux normes et conventions de la vie sociale qui ne choie pas particulièrement l'origin(alité). Les « intellectuels » n'échappent pas plus que d'autres à ce formatage. La répétition est trop souvent leur modalité. « Notre pensée n'est trop souvent faite que d'une pâte grise de livres », disait à peu près Jean-Jacques Rousseau.
L'art, quand il mérite ce nom, (et comme, alors, il est loin de l'académisme !), est originalité, retour à l'origine, dévoilement de ce que la démarche utilitariste, à laquelle il est difficile d'échapper complètement, cache et obture.
Ne serait-ce point là, la cause de la marginalisation presque inévitable, avant parfois leur récupération, post mortem, par les prêtres du commerce et de la politique, des vrais artistes, des poètes en particulier ?
Le poète est parfois parmi nous, sans que nous le distinguions particulièrement. Il est, peut-être, le voisin qui va à son travail, aide ses enfants à faire leurs devoirs ; ou bien le collègue de bureau, un peu songeur ; peut-être le buraliste du café du coin, que sais-je ? Qui sais-je ?
Ce n'est que l'apparence. Invisible pour les yeux du consommateur distrait, derrière la façade, il y a l'acuité du regard, mieux, sa virginité, sa naïveté (caractère de ce qui est « neuf », non encore usé, élimé, perclus), sa capacité à penser, que dis-je, à voir, en amont de tous les discours, au diapason de l'objet, en sympathie avec son mouvement originaire, avec son être même.
Telles sont les considérations que m'inspire la lecture du bref, mais très dense, nouvel ouvrage de poésie de Jean-Luc Hérisson : La terre blanche et noire.1
Hérisson est né au Maroc, à Rabat plus exactement, en 1951. Mais il est de retour au pays natal depuis 1977. Même au Maroc, et plus tard, dans son adolescence bourguignonne, il ne l'avait jamais vraiment quitté. Car il est issu de deux familles guadeloupéennes très anciennes, les Hérisson, et, du côté maternel les Amic, qui ne laissèrent pas en friches la mémoire.
Il n'eut pas de mal à retrouver ses marques dans le vieux pays, et à y puiser aux sources, des parts de son inspiration.
Mais ceci sans poses, ni appel aux clichés faciles.
Sur le fond, nul recours aux proclamations politiques ou aux épanchements romantiques, et narcissiques, qui garantissent la promotion médiatique à proportion de l'éloignement du vrai et du beau qu'ils induisent.
Eloignement aussi, sur le plan de l'écriture, des formes conventionnelles de la poésie, qui ont leur grandeur, mais qui ne sont pas l'outil de notre auteur.
D'ailleurs, Dans La terre blanche et noire, le fond et la forme sont indissociables, mis au service d'une ambition très exigeante, d'une rigueur extrême, d'un dépouillement lumineux.
Une Guadeloupe s'y révèle, profonde et pure, une âme aussi, pudique et sensible.
Le lecteur, surpris d'abord, par la nouveauté du discours, est interpellé, sommé de sortir de sa torpeur de « lecteur de poésie », (puisqu'il a, quand même, acheté le recueil) pour suivre l'auteur dans sa quête d'être, pour à son tour s'ébrouer, voir, se faire voyant.
C'est une aventure décapante, celle que je viens d'essayer d'accomplir, que je souhaite au maximum de lecteurs.
« Obstinato Rigore » !
Edouard BOULOGNE.
Aperçu généré le 11/03/2007 à 23:05:27