19 Septembre 2009
Pourquoi l'Afrique est
si mal partie.
(Nulle nation, nulle race, nul continent n'a, dans l'histoire, le monopole des horreurs, des crimes, des génocides. En France la révolution de 1789 a perpétré des massacres sans noms, dont le
plus connu, depuis à peine 25 ans, grâce aux travaux de l'historien Ronald Secher, est celui de la Vendée : plus de 200 000 morts. En Europe, au XXè siècle le nazisme et le communisme ont
exterminé dans des conditions affreuses plus de 120 millions de morts (100 millions Pour l'URSSet ses satellites. Le palmarès de la Chine communiste, ou du Camboge, ne le cède en rien
à ces grossistes du crime politique
L'Afrique n'est pas en reste, de façon continue, depuis 13 siècles. C'est un historien africain Titiane N'Diaye qui le révèle dans un livre récent : Le
génocide voilé. Ce qui contribue à expliquer, peut-être, en partie, les difficultés de ce continent à tenir un rôle décent dans l'histoire contemporaine. Et ce qui contribuera peut-être
(mais n'ayons pas trop d'illusions) à rabattre le caquet des lobbies afrocentristes, et des disciples du mirobolant professeur Cheik Anta Diop, obsédés par le "monstre" trop commode du fameux
colonialisme, lequel eut au moins le mérite de tenter d'abolir l'esclavage en Afrique à partir du milieu du 19è siècle. L'article qui suit, et l'interview du professeur N'Diaye ont été publiés
sur le site Les manants du roi. E.Boulogne).
( Le professeur N'Diaye ) .
Le génocide voilé : une enquête historique de Tidiane N’Diaye Anthropologue, spécialiste des civilisations négro-africaines, le Sénégalais N'Diaye publie une étude sur la traite négrière arabo-musulmane, qui dure depuis 13 siècles et aurait touché des millions d'Africains. Cette traite aurait commencé en 652, lorsque le général Abdallah ben Saïd a imposé aux Soudanais du Darfour la livraison annuelle de centaines d'esclaves nubiens. Elle s'est poursuivie à travers le Sahara et l'Océan Indien, avec la complicité de potentats africains et arabes. En 1883-84, el Mahdi s'est distingué dans la chasse à l'homme.
Considérés comme des sous-hommes, proches du stade animal, par des historiens comme Ibn Khaldun, les Africains captifs ont contribué à l'économie des pays d'accueil, dans la culture du sucre, des palmiers, l'exploitation minière, et complété les effectifs des troupes ottomanes. Les Zendjs déportés en Mésopotamie se sont révoltés dans les années 690 et 870, ainsi que les tribus Nyassa en 1868. Le roi du Bornou (Nigeria) se plaint des enlèvements ordonnés par le sultan d'Egypte en 1391. Les Mourinides se sont prononcés contre l'esclavage et des femmes du Sénégal se sont sacrifiées en 1819. A l'inverse de la traite atlantique, qui a duré trois siècles et a généré en Amérique une diaspora de plus de 70 millions d'hommes, la traite orientale est génocidaire parce qu'elle n'a pas eu de descendance, la plupart des hommes ayant été castrés (un eunuque valait deux fois plus cher) et les enfants des concubines noires éliminés. 20 % seulement des enfants survivaient à la castration, pratiquée en Ethiopie ou en Tanzanie, souvent de façon totale. Tout en condamnant l'exploitation coloniale, les tueries de Madagascar et du Cameroun et la connivence de certains coloniaux britanniques et français, l'auteur reconnaît que la colonisation a mis fin à la traite orientale, en 1846 en Tunisie et Algérie, en 1894 au Congo, (bien avant le séjour dans cette région du journaliste Tintin. Note du Scrutateur) en 1920 au Maroc. Le colonel Archinard recueillait les captifs dans les Villages de la Liberté. La Turquie a aboli l'esclavage en 1918, l'Arabie en 1962, la Mauritanie en 1980. Il reste cependant un servage domestique en Mauritanie, des travailleurs forcés dans les Emirats, tandis que le Soudan poursuit l'élimination ethnique au Darfour. S'appuyant sur les observations des géographes arabes, des marchands d'esclaves et des explorateurs (Livingstone, Stanley, etc...), Tidiane N'Diaye déplore la dissimulation des archives et l'amnésie pratiquée par solidarité religieuse à la conférence de Durban, où seule la traite occidentale appelait repentance. Selon Bernard Lewis, faire référence à l'autre traite est interprété comme un signe d'intention hostile. MAURICE FAIVRE Le génocide voilé, enquête historique par Tidiane N'Diaye - Editions Gallimard, 253 pages. |
Entretien avec Tidiane N'Diaye :
Spécialiste de l'histoire africaine, Tidiane N'Diaye crée la polémique avec son livre sur la traite négrière arabo-musulmane 'Le Génocide voilé'. Interview en deux temps d'un anthropologue subversif et téméraire.
"Le Génocide voilé" décortique un sujet brûlant : la traite négrière arabo-musulmane. S'il semble, aujourd'hui, aisé de
parler de l'esclavage transatlantique, ce n'est pas le cas pour celle concernant la partie subsaharienne. Il existerait comme un silence, un mutisme autour d'une ponction en hommes, en
matières et surtout en vies de l'Afrique noire, par les Arabes à partir de 652. L'occasion audacieuse mais légitime en ces temps de controverses de revenir sur une histoire sombre et
voilée coupable, selon l'intellectuel sénégalais, d'un véritable 'génocide'. Ou quand la mémoire se substitue à une cécité persévérante.
Quand a-t-elle commencé et dans quelle(s) région(s) ?
C'est ainsi qu'en toute bonne conscience et par des moyens aussi commodes que bénis, la plupart de ces tribus arabes converties, finissaient par ne plus vivre par elles-mêmes. Ainsi la constante du fléau de la traite négrière et de l'esclavage arabo-musulman en Afrique, était due aux traditions de ces peuples, au cours d'une époque où ils ne pouvaient, pour des raisons de débauche et de paresse, se passer d'hommes serviles, pour leur infuser des forces et du sang neuf. Par exemple, au milieu du XIXe siècle, un tiers de la population d'Oman était africaine ou d'origines africaines. Dans ces sociétés arabes, les Africains jouaient un rôle presque central. Sans fonctions précises, ils prenaient une grande part aux activités communes.
Vous évoquez la pratique de la castration massive...
"Les seuls peuples à accepter l'esclavage sont les nègres, en raison d'un degré inférieur d'humanité, leur place étant plus proche du stade animal." La question qui se posait donc, était de savoir, comment faire pour que ces "animaux", ne se reproduisent pas en terres arabo-musulmanes. Car dès les débuts de cette traite, les négriers voulaient empêcher qu'ils ne fassent souche. Comme cela n'avait rien de métaphysique, la castration apparaissait comme une solution bien pratique. Ainsi, dans cette entreprise d'avilissement d'êtres humains, si les Arabes destinaient la plupart des femmes noires aux harems, ils mutilaient les hommes, par des procédés très rudimentaires et qui causaient une effroyable mortalité. Les chiffres de cette traite sont tout simplement effrayants.
(1) Guerre sainte contre les incroyants.
Comprendre le passé, c'est interpréter singulièrement le présent et entreprendre l'avenir avec plus de clairvoyance. Or, les
fondements et les conséquences de la traite transsaharienne entachent encore certaines régions du monde et entretiennent les querelles d'historiens et d'idéologues. Comme un processus
qui se perpétue à travers le temps et les hommes : le Darfour, aujourd'hui ensanglanté, ancien gisement d'esclaves ; le silence des gouvernements arabo-musulmans à Durban au sujet de
leurs responsabilités dans la traite d'hier et d'aujourd'hui ; l'impossibilité d'évoquer l'ensemble des acteurs de l'esclavage, etc. C'est à toutes ces problématiques que Tidiane
N'Diaye a accepté de réagir avec sincérité et engagement.
Olivier Pétré-Grenouilleau est un confrère pour qui j'ai beaucoup de respect et qui comme tout chercheur objectif, a fait
son travail sans haine ni passion. J'ai tout simplement regretté qu'il n'ait pas diversifié ses sources. Aussi, les griots historiens oraux et véritables mémoires vivantes des peuples
noirs, nous apprennent, qu'avant l'arrivée des Arabes, le système d'asservissement préexistant en Afrique subsaharienne, qualifié à tort de "traite ou d'esclavage interne", était plutôt
du servage, sous formes agricole, domestique ou militaire. Ce système était donc une institution de domesticité aussi diversifiée qu’accentuée. Celle-ci se différenciait de l'esclavage
de plantation américain. En fait, beaucoup d'administrateurs civils ou de militaires coloniaux refusaient au système africain le terme d'esclavage. Ils insistaient sur l'aspect
personnel des rapports entre le maître et le captif. Depuis des temps immémoriaux, un système de servage était pratiqué en Afrique, c'est un fait. Mais il n'avait rien de commun, en but
et en proportion, avec celui des "visiteurs" arabo-musulmans. Sur le sujet, Pétré-Grenouilleau aurait dû intégrer aussi ces sources africaines. Son travail a abusivement mis sur un même
plan le servage interne africain, la traite transatlantique ainsi que celle, tout simplement génocidaire, arabo-musulmane. http://www.histoiredumonde.net/article.php3?id_article=1391
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