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24 Juillet 2009
Mon ami René
Bonnet.
C'est assez tard dans nos vie respectives, au milieu des années 1960, que j'ai fait la connaissance de René.
Cette relation s'est approfondie à partir de 1970, à la création du journal Guadeloupe 2000, et de l'Association du même nom où il figurait parmi les membres fondateurs avec Yves Bonnet et ses
fils Jean et Daniel, Ernest Bonnet, Hector Dessout, Jean-René Boisneuf, M.Flory, ancien maire des Abymes, madame Georgette Manin, Luigy Colat-Jolivière, M.Dubouillé, Ancelot Bellaire, et tant
d'autres.
René Bonnet était aussi et d'abord le médecin que tant de Guadeloupéens ont connu, aimé, et respecté.
Il était apprécié pour sa compétence, mais aussi pour sa convivialité, le respect de la personnalité de chacun, son sens de la justice, et de la charité, au plus noble sens de ce mot, bien plus
que la simple bienfaisance.
Il savait mettre chacun à son aise, et comme beaucoup de médecins créoles avant lui, quand il s'agissait de patients d'origine locale, quelles que soient leur teinte et leur milieu social, il
usait du langage créole pour détendre et rasséréner.
René n'était pas seulement le grand médecin, le gastro-entérologue de talent. Il se multipliait pour mieux développer, sans aucune prétention, avec une simplicité non feinte, le don qu'il avait
reçu de son Seigneur, Jésus-Christ, dont il était, catholique, un fidèle, sans esprit de chapelle.
Après la mort d'Ernest, son oncle, il s'investit, à sa suite, dans l'action caritative, chevalier, notamment de l'Ordre de Malte, au service des pauvres, des malades, des lépreux.
Toujours avec discrétion, car il n'était pas de ceux qui font sonner de la trompette (et donc, aujourd'hui, convoquer la télévision) à chacune de ses actions. Les instrumentistes y eussent
perdu leur souffle.
Mon ami était aussi un homme de culture.
Je me souviens qu'au milieu des années 1970, il fut le rédacteur quasi unique d'un numéro spécial de la revue Guadeloupe 2000, consacré à cet autre grand médecin et chercheur, ( et son parent)
Louis-Daniel Beauperthuy- plus connu hélas! à l'étranger et dans le monde qu'en Guadeloupe, car nul n'est, dit-on, prophète en son pays.
Le docteur Dominique Guesde, poète de talent à ses heures, (et autre cousin) fut également réédité par les soins de René, avec le concours du club Rotary, dont il était un membre apprécié.
Nous nous voyions moins souvent depuis sa retraite, il y quelques années, mais René n'avait pas cessé de m'entretenir, soit au téléphone, soit par ces petits billets -couverts de sa drôle
d'écriture, une vraie écriture de mèdecin, - qu'il échangeait avec ses amis, pleins d'amitié et de tendresse virile et cachée.
Car l'homme était sensible, peut-être vulnérable, derrière une apparence décontractée.
Ainsi sont, souvent, les hommes qui agissent, qui agissent pour le bien.
Guadeloupe 2000 avait interrompu sa navigation qui dura trente deux ans, et j'avais créé sur Internet une tribune, Le Scrutateur, destinée à tenter de maintenir l'action et l'esprit de la vieille
équipe. René m'y encourageait, et, mieux, m'y aidait concrètement par l'envoi d'informations, et d'articles. L'un de ceux-ci fut consacré à son cher Beauperthuy, sur lequel il écrivit une
nouvelle étude, parue sur Le Scrutateur, où il montrait que le grand Louis Pasteur, lui-même, était redevable au grand Guadeloupéen de certaines de ses découvertes. Dette qui n'a pas encore
été pleinement reconnue par la communauté scientifique.
Des réactions à cet article que j'ai reçues d'éminents personnages de métropole, laissent espérer que les efforts de notre ami ou parent n'auront pas été inutiles.
Sa voix va nous manquer, désormais, et sa présence chaleureuse.
Mais il demeure en nous par le souvenir.
Et il nous appartient de faire en sorte, que ce souvenir, comme un grain de Sénevé, soit fécond, et durable.
Telle est, en ce qui me concerne, ma résolution.
Edouard Boulogne.