28 Juin 2009
Sarkozy : Après l'émotion, la réflexion!.
J'ai déjà exprimé, à chaud, mon sentiment sur le discours prononcé la semaine dernière, en Guadeloupe par le président Nicolas Sarkozy.
J'ai apprécié, comme une grande majorité de Guadeloupéens, le ton du président, son attachement, proclamé, à la Guadeloupe, française avant Nice et La Savoie, sa détestation du désordre, de la violence, du racisme, de la prise en otage des citoyens de ce département par des minorités excitées, et anti démocratiques( des maux qu'il a laissé prospérer cependant en Guadeloupe, pendant deux mois, sous la tutelle du Jego de lamentable mémoire).
J'ai accepté cette idée, prise à son compte par le président, que la spécificité géographique de notre département pouvait justifier des modes particuliers de mise en oeuvre des lois générales de la nation française, autrement dit un approfondissement de la décentralisation, dans le cadre de l'article 73 (mais sans fermer la possibilité d' « ouvertures »).
Toutefois, je voudrais énoncer maintenant quelques réserves, sans esprit de polémique, celles de quelqu'un qui n'est pas seulement très attaché à la Guadeloupe comme M.Sarkozy, mais qui en est issu, qui fait partie de sa chair, de sa substance la plus ancienne, qui perçoit les aléas de la vie quotidienne de cette Guadeloupe, tantôt comme de délicieuses caresses, tantôt sur le mode du spasme douloureux.
L'avenir de la Guadeloupe, c'est le nôtre, celui de nos enfants. La Guadeloupe présentement, je la ressens sur le mode de l'inquiétude. Un peu comme celui du'une entêtante douleur à la gorge, qui rappelle chacun au sens de la fragilité des êtres, au sentiment de la précarité de son existence.
J'écoute M. Sarkozy, j'enregistre ses paroles; mais l'expérience, salutaire, de l'histoire et de la politique me rappelle à la nature des promesses politiques. Trop souvent, celles-ci n'engagent que ceux qui les écoutent et qui y croient, bien plus que leurs auteurs.
M.Sarkozy aime sûrement la Guadeloupe. Mais l'avenir de celle-ci ne peut l'affecter comme il nous affecte. Pour nous c'est nôtre vie, notre existence réelle qui sont engagées.
C'est pourquoi les distinctions entre les notions d'indépendance (qu'il récuse, verbalement), et d'autonomie, ont pour nous un autre retentissement que pour lui, natif de Neuilly-sur-Seine.
Plus d'autonomie, de capacité à gérer sur place, dans un cadre départemental adapté, ne nous fait pas peur. Mais « l'autonomie de la Guadeloupe », a pour nous une autre résonance. Depuis plus de quarante ans, elle est perçue par les Guadeloupéens comme la première étape, et revendiquée comme telle, de l'indépendance, d'une indépendance à contenu violent et révolutionnaire, par ceux-là même qui ont mis la Guadeloupe sur les genous depuis six mois, et qui sont symbolisés par l'UGTG, et ses hordes de macoutes.
L'autonomie est aussi le programme ( et pas seulement à la Martinique) de cette pseudo élite de politiciens, avides d'honneurs, de prébendes, et de pouvoir, que le peuple désavoue lors des scrutins majeurs, bien contraint de s'en accomoder lors des élections locales, faute de mieux.
C'est pourquoi Guadeloupe et Martinique en 2003 (et plus particulièrement la Guadeloupe, à 75% ) ont refusé « l'évolution institutionnelle » de l'article 73 à l'article 74).
Et pourtant « ils » veulent nous la refiler encore aujourd'hui, comme si la seule volonté acceptable par ces messieurs était celle qui correspondrait à leurs caprices. Et le président écoutera la « volonté des Guadeloupéens (et des Martiniquais) ». C'est ce qu'il dit. A nous de lui faire entendre, en direct, la vraie volonté populaire.
J'ai retenu mercredi dernier le propos de M. Jacques Gillot, à la fin d'un long débat sur l'utilité d'élaborer un projet d'autonomie au suffrage populaire après un délai de 18 mois.
Tout au long du débat, les intervenants, et M. Gillot, s'étaient prévalus de leur représentation populaire. Mais le président du conseil général, reconnaissait la difficulté qu'il y aurait à convaincre ledit peuple. Cet homme révélait son goût apparent du paradoxe, à moins que ce soit son cynisme!
C'est la raison pour laquelle, je crois, chers lecteurs, que tout découragement, toute lassitude, seraient détestables.
Ici, et ailleurs, des spécialistes du droit et de l'économie, ont montré que ce qu'il peut y avoir de positif dans l'article 74 peut se trouver dans l'article 73, ou y être incorporé sans contradiction.
Notre handicap principal se situe au niveau de la possession des médias et des secteurs les plus militants de l'université, par les idéologues de la « séparation », de la rupture.
Il en était de même en 2003. Et pourtant nous avions gagné.
A nous de nous mobiliser pour que triomphent le bon sens, et les véritables intérêts de la Guadeloupe.
Edouard Boulogne.