Questions à M.Nicolas Sarkozy, Président de la République.
Monsieur le président,
Je me propose aujourd'hui de vous parler, simplement, sans amphase, mais librement.
D'autres que moi, par exemple M.Amédée Adélaide, M.Christian Martin, d'autres encore, vous ont adressé, sur ce blog et ailleurs, des lettres ouvertes, détaillées, argumentées sur la
situation de la Guadeloupe en ce premier semestre de l'année 2008. Je reprends pleinement à mon compte leurs arguments, leurs doléances.
Mon propos aujourd'hui est plus limité, et plus circonstanciel
La Guadeloupe (mais aussi la Martinique) est en difficulté.
Je ne veux pas parler des difficultés, déjà anciennes, dues à notre insularité, à l'étroitesse de notre marché économique, ni même des efforts réalisés, pas toujours avec le succès
désirable, qui nous mettraient en parité parfaite avec les départements de le France hexagonale.
Je veux parler de l'exploitation par une minorité séparatiste violente (il en existe aussi en métropole, et pas seulement en Corse) de ces problèmes.
Cette minorité s'appuie sur les ambitions d'une partie influente de la classe politique, en désaccord sur ce point avec la grande majorité de nos populations (comme l'a montré le referendum de
2003 sur un changement de statut), pour paralyser, et ruiner nos départements antillais (pour mieux attribuer ensuite le mal vivre, à la politique de l'Etat, au colonialisme et autres
croquemitaines).
En janvier-février dernier, jamais la Guadeloupe n'a été en grève générale. Elle a été bloquée, en général, par le soi-disant LKP, façade en réalité d'un syndicat révolutionnaire, aux
méthodes fascistes : l'UGTG.
La supercherie est évidente quand on considère que le porte-parole du LKP, M.Elie Domota, ("nou pa ka fè politik" = nous ne faisons pas de politique!), est aussi le secrétaire général de l'UGTG,
dont le programme "syndical (en 2008) est la destruction délibérée de l'économie guadeloupéenne (c'est dans le texte).
Pour des raisons que j'ignore, le ministre chargé de gérer "la crise" du point de vue de l'Etat a cru bon de ménager le LKP, donnant l'impression même de reprendre à son compte certains arguments
de ce "collectif" qui est pourtant tout sauf syndical.
Le ministre a oublié qu'on ne soupe pas avec le diable, ou alors avec de longues cuillères.
Les résultats du blocage de la Guadeloupe sont là : faillites, dépôts de bilan des entreprises se multiplient. Les rapports sociaux se sont tendus, une ambiance de méfiance tend à se généraliser,
qui n'existait pas auparavant. Tout cela est attisé par une véritable mainmise des sympatisants de l'UGTG, fort bien organisés,et de longue date, sur les principaux médias, et notamment sur le
service public de RFO, en toute impunité.
Vous avez eu l'idée d'une concertation pour tenter de mettre les choses à plat, et de repartir d'un meilleur pied. Je veux parler des Etats Généraux, idée diversement appréciée, mais qui, au
moins partait d'une louable intention, à condition que tous y participent dans un esprit de dialogue et d'échange.
Or, dès le début, le LKP, par la voix d'Elie Domota s'est refusé à tout dialogue.
Ces gens - là ne connaissent qu'un langage celui de l'invective, qu'une méthode celle de la violence et de l'intimidation.
Or, les mois ayant passé, et désireux de vous rendre sur place par un geste d'amitié, et pour vous rendre compte de l'état d'avancement des travaux, voici que pour vous accueillir le LKP (UGTG!)
annonce la reprise du blocage de la Guadeloupe, le recours à la grève, et aux hostilités.
Voici que l'on peut lire, ce matin 18 juin 2009, dans le quotidien France-Antilles la nouvelle suivante :
"L'annonce, mardi, par un communiqué de la CGTG, d'une grève de vingt-quatre heures reconductible à partir de lundi 22, avait mis la puce à l'oreille. Hier matin, Max Evariste, secrétaire général
de FO, a enfoncé le clou lors d'une conférence de presse des délégués syndicaux de la CGRR : les syndicats membres du LKP lancent une nouvelle semaine d'action, à partir de lundi, avec, en point
d'orgue, un vaste défilé à Pointe-à-Pitre samedi.Nicolas Sarkozy, président de la République, arrive - normalement - le 26, dans le cadre des états généraux... Cette visite n'est sans doute pas
étrangère à cette nouvelle mobilisation, le LKP n'ayant jamais caché le désintérêt - pour ne pas dire l'hostilité - qu'il porte aux états généraux".
Il m'apparait, monsieur le président de la République que les choses sont claires. Et voici les quelques questions que je me pose, ainsi que de nombreux parmi mes compatriotes des antilles.
Je vous les adresse par la même occasion.
1. Sommes-nous encore dans un département français, où les libertés de circuler, de travailler quand on en a la possibilité, (comme tout de même 78 à 80% de nos concitoyens), ou le
désir (comme..... beaucoup de ces concitoyens) sont garanties?
2) Ce droit à la liberté du travail est-il un droit de l'homme, et est-il garanti par la Constitution?
3)Les jeunes de Guadeloupe, dont la préparation au baccalauréat a été si perturbée durant cette année scolaire vont-ils être pénalisés, impunément, en pleine période d'examen, par les
terroristes de l'UGTG?
4) N'appartient-il pas à l'Etat d'assurer la sécurité des citoyens, le libre exercice de leurs droits par ces citoyens, et notamment pour parodier le général de Gaulle en mai 68 : celui
d'enseigner pour les enseignants, d'étudier pour les étudiants, de travailler pour les travailleurs?
Vous n'êtes pas sans avoir remarqué, monsieur le président de la République, que le nouveau "mouvement" du prétendu LKP (et très réel UGTG) coïncide avec votre venue dans notre département.
Et donc :
5) Est-il acceptable, pour votre personne, en tant que chef de l'Etat, et pour la France tout entière que vous représentez, d'être traité de façon si irrespectueuse, et comme par dessus la jambe,
par un Domota dont les plus indulgents des Guadeloupéens en dehors des sectateurs de sa bande, pensent qu'il n'est qu'un vieil adolescent immature (même irrespect à l'égard du père, même gouaille
insolente, même toupet sans limite, tant qu'il n'a pas rencontré l'autorité bienfaisante - pour tous - et la poigne libératrice, au fond bien désirée)?
M. le président, cher Nicolas Sarkozy, en qui, il y a deux ans, tant de Français avaient placé leurs espoirs, je vous prie de bien vouloir prendre en considération ces quelques remarques et
questions qui émanent, au-delà de ma personne, de bien nombreux de ces très vieux Français de la Guadeloupe, toutes races, tous milieux confondus.
Il appartient au chef de l'Etat de s'élever au-dessus de la désinformation qui fuse de toute part depuis quelque temps.
Mais, sans doute, ne vous apprends-je rien, et verrons-nous bientôt sous notre beau ciel de la France tropicale, luire à nouveau, grâce à une action généreuse, ferme et lucide, la lueur
de l'espérance.
Edouard Boulogne.