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8 Juin 2009
Après les européennes : Victoire, tu règneras…
Ah ! ces élections européennes. Quelle farce ! Elles représentent au mieux un sondage d’opinion (et de motivations) à un
instant T, au pire une vitrine de la comédie morale et politique (comme l’Académie des Sciences du même nom) dont la représentation a lieu tous les jours, et — malgré de nombreuses zones d’ombre
— en plein jour.
Alors, l’UMP, avec ses 27, 8 %, victoire ?
Si ce n’est pas la Bérézina, loin de là, cela s’apparente à une victoire à la Pyrrhus. Sur un champ de ruines, donc, là où la politique du Président Sarkozy est, sous bien des aspects, une politique de la terre brûlée.
En premier, observons que le taux d’abstention aura été de 59 % : les 27,8 % deviennent aussitôt 11,4. Il n’y a pas lieu de pavoiser. Cette victoire est plutôt chiche.
Certes, c’est une victoire personnelle pour Sarkozy, qui, dans ce déficit démocratique, remporte la mise. Par défaut, cependant, même si cela n’est pas pris en compte, et même si l’histoire l’oubliera d’autant plus volontiers que le commentaire à chaud l’a déjà fait. On ne peut pas demander à la Mémoire d’être plus performante que l’actualité, lorsque celle-ci s’efforce d’occulter la réalité. Face l’hypnose du commentaire, l’intelligence à fort à faire.
Les idées, là-dedans, et la pensée politique en particulier méritent, elles aussi, d’être regardées de plus près. Car, selon que l’on considère le MoDeM (Mouvemnt De M…) comme “plutôt à droite” ou “pas du tout à droite”, le rapport de force qu’expriment les résultats du 7 juin est le suivant : gauche entre 55 et 60 % des voix, “droite” : entre 40 et 45 % de voix exprimées.
Quelle que soit l’ouverture à laquelle aspire notre “cher leader”, la famille politique dont – en principe – il se réclame (et celle qui l’a installé à l’Élysée) est à “droite”. Dans l’opinion telle qu’elle s’est affichée le 7 juin, la “droite” est bel et bien laminée. C’est-à-dire qu’elle ne s’est pas affichée en tant que telle… Elle a disparu du paysage dans une évaporation tout ce qu’il y a de plus suspecte en termes d’approbation de l’action gouvernementale, autrement dit, présidentielle.
Voilà qui relativise les choses, même si, sur un plan tactique, le fin politique qu’est Nicolas Sarkozy règne sur une majorité fantoche face à une opposition fantôme.
L’opposition, parlons-en.
Bayrou ?
Bayrou, c’est l’histoire du chauffard ivre et du réverbère. Mise en scène par son acteur principal, elle a le mérite d’être comique. Et curieusement, le chauffard ivre a dessoulé dans la seconde, car son commentaire ne manquait ni de justesse, ni de dignité (ce qui est une surprise au regard de la logorrhée qu’il déverse dans toutes les directions depuis quelques années, au point d’être devenu une sorte de pantin pavlovien trop prévisible pour être crédible autrement que comme animal de laboratoire).
Le P.S. ?
Martine Aubry ayant en commun avec les plus doctrinaires la faculté de n’être capable de rien apprendre et de rien oublier, elle fait penser à la grosse Bertha, c’est-à-dire qu’elle est certes capable de faire des dégâts, mais qu’elle est complètement dépassée.
Ainsi, le score du P.S. ressemble-t-il au P.S. lui-même, parti qui se raconte sa propre histoire, et, se mirant sans cesse, ne peut se voir – tel qu’il intéresse aujourd’hui les Français – que dans de rares occasions comme celle-ci. À force de se chercher, on finit par s’égarer, n’est-ce pas ?
Tiens, qu’est devenu le Parti Communiste – Français, comme ne manquait jamais de préciser ce grand patriote qu’était Georges Marchais ?
Personne n’en parle, alors…
Observons seulement que le N.P.A. a trouvé plus anarchiste que lui chez les verts de Europe-Écologie, seuls vainqueurs incontestables de cette consultation, autour d’un improbable triumvirat composée d’un ancien interdit de séjour, d’un juge éva… poré, et d’un sursitaire récidiviste en termes de condamnations pénales. Voilà du bien beau monde, pour assurer le triomphe de mai 68 dont notre “cher leader” nous avait assuré (pour gagner des voix à droite) qu’il était impératif de rompre avec l’esprit, avant d’en installer le règne (pour s’assurer de la neutralité bienveillante de la gauche-caviar).
Les Verts ont été solennellement appelés pour garder… la maison, le « home sweet home ».
Hasard du calendrier ?
C’est ce que prétend l’auteur du film « Home » largement diffusé à une heure de grande écoute sur les grandes chaînes françaises, l’avant-veille du scrutin : la date du 5 juin aurait été choisie il y a deux ans, dit-il pour écarter toute suspicion.
Qu’il soit permis de penser que même si la programmation avait été envisagée trois ans plus tôt, il n’est pas interdit de ne pas croire au hasard dans cette affaire (précisons, pour l’analogie, que les Anglais avaient programmé de chasser les Français du Canada des dizaines d’années avant de le faire pour de bon).
Au moins nous savons qu’avec un bon soutien médiatique, de solides appuis dans les milieux qui comptent, c’est-à-dire les relais nécessaires, il n’est même plus question de messages subliminaux : la grosse cavalerie est aussi discrète et séduisante qu’un dîner aux chandelles « at home, sweet home ».
La propagandastaffel (quand elle s’appuie comme il faut sur la fibre esthétique, l’émotion et sur la protection de l’œuvre de Dieu, à savoir la Création) est capable d’opérer de grands miracles… de conversion. Espérons que ces Verts-là ne sont pas “de gris”…
La Victoire des “Verts”, comme la défaite de Bayrou sont les seuls faits indiscutables de ce scrutin, tout le reste n’est que littérature, même si, pour couronner la farce, nous pourrions avoir la tentation d’évoquer l’élection de Brice Hortefeux (et son probable maintien au gouvernement contrairement à la charte de principe à ce sujet). Ceci nous montre, une fois de plus que les politiques parlent presque toujours avant d’avoir pensé, et qu’ils ne manquent jamais de ressources verbales pour justifier leurs manquements en matière de parole.
Léo Blars.