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30 Mai 2009
Les enfants « chiens » « chats » « loups.
( L'actualité récente a placé sous les feux de l'information le cas de cette petite fille russe, maltraitée par ses parents, qui n'a vécu, durant des années , que parmi des chiens et des chats, et aujourd'hui, ne présente pas dans son comportement des attitudes humaines, mais des postures presqu'exclusivement animales. Le cas n'est pas nouveau. Lucien Malson dans son livre Les enfants sauvages en a parlé longuement. Dans un autre livre consacré au problème des rapports du langage et de la pensée (P-U-F, collection Que sais-je?) le docteur Paul Chauchard a présenté le cas de deux petite filles indiennes Kema, et Kamala qui connurent la même mésaventure. En voici un extrait pour ceux de nos lecteurs qui s'intéressent à ces questions).
Enfants-loups et séquestrés.
Ce n'est que récemment qu'il a été possible d'avoir des certitudes sur l'homme isolé dépourvu de langage. Longtemps ont régné des légendes relatives aux hommes sauvages que Linné en 1758 qualifiait de mutus, tetrapus et hirsutus ; parmi ces légendes particulièrement insistante était celle des enfants élevés par des louves comme Romulus et Rémus. Zingg en 1940, cite trente et un cas depuis 1344 d'enfants élevés dans l'abandon ou élevés par des animaux. Malheureusement aucune observation scientifique sérieuse n'avait été faite. Signalons en particulier le cas de K. Hauser en 1828, celui du « sauvage de l'Aveyron » trouvé à l'âge de douze ans, mort à quarante, et qui n'apprit que quelques mots. Plus récemment, deux fillettes ont été recueillies dans l'Inde à Midnapore par un missionnaire alors qu'âgées d'environ deux et huit ans, elles vivaient au milieu d'un groupe de loups en parfaite entente avec eux. Ce cas, comparable à celui de Mowgli, soulève le problème de l'adoption ou du rapt par une louve à deux reprises d'enfants humains ; il est plus vraisemblable dans l'Inde où les loups moins sauvages sont plus habitués à l'homme. Si la plus jeune enfant-loup mourut rapidement, l'aînée appelée Kamala survécut neuf ans ; elle fut très longue à apprivoiser : la vie en société de loups l'avait rendue aussi semblable que possible aux loups ; elle courait à toute vitesse à quatre pattes, poussait des hurlements, préférait le contact des loups, ne manifestait aucune parole et aucune mimique même émotive (rien qu'une larme à la mort de sa sœur). Il fut très difficile de lui apprendre à se tenir debout, à marcher, à se servir des mains et plus encore à parler : rien que cinquante mots.
Elle lapait, flairait la nourriture, explorait par l'odorat, montrait une vision nocturne aiguisée et une ouïe très fine. L'absence de rire et de sourire est remarquable. Ainsi la vie, non pas isolé, mais en société animale donne à l'homme un comportement déshumanisé. Ceci atteste le pouvoir d'imitation de l'enfant et s'il faut remarquer les insuffisances, il faut aussi évoquer cette adaptation extraordinaire à la vie de loup si peu conforme à l'anatomie humaine. Il s'agit bien là d'une preuve d'intelligence. C'est un phénomène inverse de celui que marquent les animaux apprivoisés qui s'humanisent, mais leur impossibilité d'apprendre vraiment le langage ne leur permet pas une transformation aussi grande. Il reste que le Chimpanzé isolé, le Chimpanzé vivant en société avec ses congénères et le Chimpanzé vivant avec l'homme montrent un degré d'intelligence très différent. Il est difficile de formuler une opinion sur l'intelligence de Kamala qui n'a pas été testée par des tests objectifs qui seuls eussent permis de savoir si son intelligence pratique non verbalisée était ou non supérieure à celle d'un enfant qui ne parle pas ou d'un Singe. Elle ne pouvait en tout cas avoir aucune mesure avec l'intelligence humaine puisqu'elle était dépourvue de langage intérieur donc de vraie pensée réfléchie (1).
Docteur Paul Chauchard.