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23 Mars 2009
DOMOTA dans le texte.
(Le journal Le Monde du 23.03.09 publie, interviewé par madame Béatrice Gurrey, le leader du LKP Elie Domota. Le Scrutateur publie ce texte intégralement, en l'accompagnant, question par question de ses propres commentaires ).
« La mise en place d'"ateliers locaux", sous la responsabilité d'un préfet ad hoc,
Richard Samuel, marquera le lancement des Etats généraux de l'outre-mer, début avril. Nicolas Sarkozy devrait se rendre aux Antilles dans la troisième semaine
d'avril. Une synthèse des travaux aura lieu à Paris fin mai ou début juin. Durant cette période, le chef de l'Etat présidera un conseil interministériel sur l'outre-mer.
Le porte-parole du LKP (Collectif contre l'exploitation), , qui a porté le plus long mouvement social de la Guadeloupe, du 20 janvier au 4 mars, se montre sceptique vis-à-vis des Etats généraux,
qui perdront beaucoup de sens si le LKP n'y participe pas.
( Commentaire : Notons seulement l'emploi du mot « porté », utilisé par Le Monde pour qualifier l'action d'Elie Domota depuis le 20 janvier. Les mots ont leur importance. Leurs connotations en disent long sur les pensées, parfois même pas conscientes, de ceux qui les utilisent. Le Grand Robert précise :
Notre cher Elie est donc « porteur » pour madame Gurrey qui l'interviewe. Il est comme une parturiente, en pleine gestation. De quoi? Il suffit de lire les déclaration récente de l'UPLG [Résolution du XIIè Congrès, avril 2008] pour savoir de quoi : l'indépendance de la Guadeloupe. Mais notre parturient n'est pas bête, ce n'est pas un Gauthiérot. Il sait que, pour l'instant, la population de la Guadeloupe n'en veut pas. Il revêt son masque : « pas de politique, mais du social, et de la justice! »).
Le LKP participera-t-il aux Etats généraux de l'outre-mer?
Pour le moment, je ne sais pas ce que c'est. Les Guadeloupéens posent le problème de la ségrégation sociale et le gouvernement leur répond évolution statutaire. Au problème de la domination d'une communauté sur toute la population, il répond atelier sur la formation des prix. Face au racisme à l'embauche, il propose une réunion sur le dialogue social. Quand on veut noyer un problème, on crée une commission. On est dans une tradition bien française. On ne répond pas aux questions. Ce sont les Guadeloupéens eux-mêmes qui doivent trouver les voies et les moyens de leur développement et de leur avenir.
( Commentaire : Le Scrutateur répond : ni ségrégation sociale, ni évolution statutaire.
Notre position sur la question du statut est parfaitement claire. J'ai publié ici même, il y a quelques jours les analyses profondes et fines de monsieur Claude Gelbras (cliquer pour l'avoir sur le lien suivant : http://srv07.admin.overblog.com/index.phpid=1088781380&module=admin&action=publicationArticles:editPublication&ref_site=1&nlc__=231237853854 auxquelles je souscris pour ma part largement.
La « ségrégation » sociale maintenant.
Ici encore, il faut faire attention au sens des mots. Dès le mois de janvier, dès que j'ai fait, comme la majorité des Guadeloupéens, la connaissance médiatique d'Elie Domota, j'ai compris que les séparatistes avaient trouvé leur « leader maximo ». Domota est intelligent, et il connait le sens des mots. Il ne parle pas d'injustices sociales. Il y a partout des injustices. Il ne parle pas de différences sociales qui pourraient n'être pas « justes ». Car la différenciation, qui est un phénomène inhérent à toute activité sociale, entraîne parfois des injustices dans la rémunérations des tâches, selon leur importance, et leur utilité sociale par exemple. C'est cette utilité qui fait payer le service d'un polytechnicien plus cher dans une entreprise que celui d'un simple manœuvre. Mais certains salaires, certaines rémunérations peuvent être disproportionnés par rapport aux services rendus. C'est la tâche « du politique », du syndicalisme véritable de travailler au rétablissement de l'équilibre, par l'action réformatrice. L'action « révolutionnaire » est toujours nuisible, génératrice d'injustices bien pires que clles qu'elle prétend dénoncer;
M.Domota parle de discrimination. Et, pour être précis, recourons encore au dictionnaire.
Qu'en dit le Robert?
Qui d'honnête et de sérieux peut prétendre que de telles « discriminations » existent aujourd'hui en Guadeloupe?
Domota utilise un mot à forte connotation morale et politique. On sait qu' « il n'est pas raciste » (puisqu'il nous le dit!). D'où vient que nous voyons très bien où il veut en venir?
La Guadeloupe serait, à l'en croire, un pays de ségrégation, comme hier encore l'Afrique du sud, ou les Etats-Unis d'Amérique, comme l'Inde (le régime des castes), etc.
Et qui, selon lui, discrimine, domine, écrase, les malheureux discriminés? Vous ne devinez pas? Vraiment? Really?
Domota parle encore de racisme à l'embauche. Ce n'est pas sérieux. A moins que l'on ne considère comme raciste l'embauche comme proche collaborateur par un chef d'entreprise de son fils ou sa fille. Le LKP est d'ailleurs le premier a dénoncer comme « raciste », le refus par certains en métropole d'embaucher des hommes ou des femmes qui ne sont pas Français, qui viennent de débarquer dans l'hexagone, avec papiers, ou sans papier. Où est la logique?
La politique de la chaise vide, n'est-ce pas manquer une occasion de mettre à plat tous les problèmes qui minent
l'outre-mer?
Les thèmes choisis ne correspondent en rien aux revendications posées. La question ce n'est pas la formation des prix mais le monopole et l'abus de position
qu'exercent un certain nombre de familles depuis des décennies. Nous ne savons pas à quoi servent les Etats généraux. S'il s'agit une fois de plus de prendre les mêmes avec costume et cravate et
de les mettre dans un bureau pour décider en quelques semaines de notre avenir à vingt ou vingt-cinq ans, ce n'est pas la peine. Qu'on nous fournisse une explication claire et on donnera une
réponse!
( Commentaire : Qui discrimine? « Un certain nombre de familles, depuis des décennies »,
M.Domota n'est pas raciste, d'ailleurs il nous le dit. Mais il a pris conscience depuis une semaine ou deux, que son langage pouvait en faire douter. Aussi ne dit-il plus « békés », ou « blancs créoles ». Son registre sémantique est désormais plus flou. Ce pourrait être...!Mais ne procédons pas à notre tour à cette honteuse pratique de la délation, et de la désignation au lynchage, médiatique ou non.
On voit bien, pourtant, ceux que désigne tacitement à l'exécration sociale le leader du LKP. Qui ne semble pas s'être demandé pourquoi dans une République (démocratique ) comme il les aiment, celle de Cuba, par exemple, ce sont des blancs créoles, qui dirigent, à commencer par la phratrie des Castro.
Car, s'il n'est pas vrai qu'en Guadeloupe et en Martinique, les « békés » détiennent la totalité du pouvoir économique et de la propriété des terres (en Martinique où les békés sont plus puissants qu'en Guadeloupe, leur poids est en déclin constant, depuis … des décennies. Il ne serait plus dans l'île soeur, que de 11 à 12% du total), il n'en reste pas moins que ce pouvoir reste disproportionné par rapport à leur poids démographique (1% environ) après avoir été, jadis, bien plus important.
Pourquoi?
Les disciples de Domota, évoquent le « scandaleux dédommagement », en 1848, des anciens propriétaires d'esclaves, auxquels des fonds importants furent alloués pour continuer leur activité économique.
Mais comment pouvait-il, alors en être autrement? Si l'on eut procédé différemment, et alloué les terres et les dédommagements financiers aux anciens esclaves, c'eût été courir à une catastrophe sociale, économique, et... politique.
Ce fut le destin d'Haiti.
Car l'esclavage fut une institution dévastatrice. Ses méfaits demeurent encore aujourd'hui, et expliquent que nous soyions en train de nous en expliquer de façon pas toujours très amène.
Les nouveaux libres de 1848, étaient, alors, hors d'état de prendre en main les destinées de nos îles.
Le grand humaniste et homme d'Etat américain Thomas Jefferson, l'un des modèles de Barrack Obama, expliquait à Paris en 1789, comment les Quakers, au nom de leurs principes moraux, avaient entrepris dès le milieu du 18è siècle d'abolir l'esclavage sur leurs terre, et comment ils durent déchanter.
Il écrivait : "Si un individu a eu ses comportements façonnés dans l'esclavage,lui donner la liberté,ou plutôt l'abandonner,c'est comme abandonner un enfant. Bon nombre de quakers,en Virginie,ont établi leurs esclaves sur leurs terres en qualité de fermiers(...)Mais le propriétaire était obligé de planifier les récoltes à leur place,de diriger toutes leurs activités selon les saisons, et en fonction du temps qu'il faisait. Plus lamentable encore,il était obligé de les surveiller de jour en jour,et presque constamment,de les mettre au travail et même de les fouetter. Un homme doit avoir un sens moral d'une force peu commune pour que l'esclavage ne fasse pas de lui un voleur. Celui à qui la loi interdit de posséder quoi que ce soit comprendra difficilement que la propriété puisse être fondée sur autre chose que sur la force".
Aux Antilles donc, une nouvelle organisation fut mise en place. Les blancs, avec leur savoir faire, eurent la direction économique, et durant longtemps une partie du pouvoir politique, qui alla en s'amenuisant constamment pour être presque négligeable en 2009 (ce qui est probablement regrettable). Les « gens de couleur » firent carrière dans les professions libérales et intellectuelles, et de plus plus en plus politiques. Les noirs, par l'école notamment(cf le beau livre de Zobel , et le film culte d'Euzan Palcy « La rue Cases-nègres ») n'ont cessé d'évoluer dans le sens d'un ajustement de plus en plus grand aux exigences de la citoyenneté dans un pays démocratique. Depuis la départementalisation leur poids dans la direction politique de nos départements n'a cessé de s'affirmer, et ils se placent de mieux en mieux dans le concert social, économique, et politique.
En même temps que s'accentuent les conditions d'une meilleure, plus juste et plus équilibrée répartition des tâches et des responsabilités, grâce au brassage social.
Mais c'est de cette évolution saine, pacifique et équilibrée que ne veulent pas les séparatistes. Ces gens ne veulent pas d'une évolution qui ne permettraient pas aux uns d'assouvir des rancœurs héritées d'un passé mal assumé, et, pour d'autres (parfois les mêmes) les privent du levier de pouvoir que peut constituer dans des pays bigarrés comme les nôtres, l'exaltation du racisme. ( cf notre article consacré à c drame en cliquant sur le lien : http://srv07.admin.over-blog.com/index.php?id=1087092704&module=admin&action=publicationArticles:editPublication&ref_site=1&nlc__=861237856244
C'est dans cette politique que se meut M.Domota, qui, précisément parce qu'il est intelligent, agit, je le crois, avec un parfait cynisme.
Yves Jego n'a-t-il pas promis de s'atteler au problème de la mémoire?
Cela fait des mois que nous avons écrit à M. Jégo sur le problème de la tuerie de mai 1967 [où plusieurs dizaines d'ouvriers en grève avaient été tués par des CRS]. La seule réponse, c'est un courrier d'accusé de réception. Des historiens guadeloupéens travaillent depuis des décennies sur cette question. Jusqu'à présent, ils ont été totalement occultés. Ce dossier doit être traité par les Guadeloupéens pour les Guadeloupéens et porté par ses historiens.
(Commentaire : Faisons en effet toute la lumière sur ces évènements de 1967 (Domota parle de « tuerie ». S'il y a eu 87 morts (et chaque « historien » en rajoute une louche chaque année. On vient de parler de 100, et pourquoi pas bientôt 200, ou mille, ou davantage!), il y en a nécessairement des traces dans les registres d'état civil). Je notais l'autre jour qu'une scène racontée avec un luxe de détails atroces par un « témoin » était censée s'être déroulée contre le mur d'un établissement bancaire qui..... n'était pas construit en 1967!!!
Et puis cette exigence d'enquête par des « historiens guadeloupéens »! Incorrigible Elie. Historiens Elkapistes! Oui, telle est sa pensée. Ces messieurs nient la responsabilité de l'Afrique dans le commerce des esclaves. Et dans l'Académie de Guadeloupe, ils présentent aux jeunes l'ancien gouverneur Sorin comme « un officier allemand nommé par Hitler »(Sic!).
La Guadeloupe connaîtrait de beaux jours avec les Domotistes au pouvoir.
Les entreprises appliquent- elles l'accord Bino qui promet 200 euros d'augmentation aux très
bas salaires ?
La grande distribution, l'hôtellerie, le BTP ont signé cet accord. Les Hayot, Despointes, Lemetayer, Aubery, toutes les grandes fortunes de la place ont fini par le
signer et le travail a repris. Donc il n'y a aucune raison pour que le Medef continue à faire opposition à l'application de cet accord, ou plutôt à son extension.
Demandez-vous le paiement des jours de grève, comme dans la canne?
Ce sont des choses qui doivent être discutées dans chaque entreprise. Dans la canne, la
baisse du prix du carburant obtenue grâce au mouvement social va permettre des économies immenses. Ceux qui étaient dans la rue veulent en bénéficier.
(Commentaire : Pas de commentaire particulier pour ces deux réponses classiques de la langue de bois syndicale? Elie a du culot? Mais ça nous le savons).
En souhaitant que les patrons blancs s'en aillent, vous vous êtes exposé à l'accusation de
racisme.
On n'a jamais dit cela! C'est une déformation volontaire des propos, entretenue par l'UMP. Un accord a été signé pour augmenter les salaires et le pouvoir d'achat. Curieusement, les plus riches
ont refusé de l'appliquer. On leur a simplement dit : si vous aimez la Guadeloupe et les Guadeloupéens, signez l'accord Bino, sinon nous resterons en grève et nous inviterons la population à
n'acheter ni un clou, ni un bonbon à la menthe chez vous. C'est quand même fort : nous subissons l'exclusion au travail, la discrimination à l'embauche, dans les boîtes de nuit, on nous traite
comme des "ultra-périphériques" et quand nous demandons l'égalité sociale, on nous qualifie de racistes.
Pourtant, à aucun moment dans notre histoire nous n'avons cherché à dominer qui que ce soit. Rien n'a changé en termes de
rapport de classes et de races. Quelle commune en métropole accepterait qu'une entreprise s'installe et que les locaux ne puissent pas y travailler? Nous serions bons pour la musique, pour le
foot, et même pour le concours de Miss
France, mais dès qu'il s'agit d'accéder à des postes d'encadrement, il y a un problème. On demande
un peu de respect.
( Commentaire : Elie n'est pas raciste, ah non! (d'ailleurs il nous le dit, la main sur le cœur!). Il n'empêche que, sur la teneur de ses propos j'ai touché quelques
mots au public, et au Procureur de la République, qui a ouvert une enquête. Il y a comme un doute sur sa lucidité envers ses propres paroles. Pauvre Elie! Les gens sont tellement
méchants!
Propos recueillis par Béatrice Gurrey,
Les commentaires sont du Scrutateur.