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3 Mars 2009
Aujourd'hui, ( 3 février 2009) en tant que
Guadeloupéen,j'ai eu honte pour Serge Romana.
Vers 13h30, ce 3 février, j'ai pris en cours, sur Tempo, l'émission Outremer : "Angoisse, inquiétude, désespoir".
Il s'agissait d'une table ronde où se rencontraient Jean-Claude Beaujour, Claude Galbra, l'écrivain Gaston Kelman, et le généticien d'origine guadeloupéenne Serge Romana.
Il s'agissait d'analyser la crise en Guadeloupe, sous ses aspects sociaux et "identitaires".
Je ne ferai pas une analyse détaillée d'un débat, que je n'ai vu que partiellement, qui n'était pas, pour ce que j'en ai vu, dépourvu d'intérêt, mais qui traitait d'un sujet dont nous aurons à
débattre à satiété dans les mois qui viennent, avec les "Etats généraux" qui s'annoncent, et dont l'organisation vient d'être confiée au préfet M. Richard Samuel.
Je focaliserai mon propos sur celui, proféré à un certain moment par Serge Romana.
Celui-ci s'est référé à l'émeute de 1967, qui fait partie désormais, et depuis longtemps, de la mythologie des séparatistes guadeloupéens.
M. Romana à parlé de la "centaine de morts", perpétrés à cette époque par les forces de "l'ordre colonial".
On s'en tenait encore récemment au chifre de 67 victimes (ce qui est beaucoup, il est vrai) Plus récemment on en était à 80. M. Romana en rajoute en parlant de 100.
De louches en louches, on en arrivera au millier bientôt. C'est un peu comme le "déboulé" LKPistes du mois dernier à Pointe-à-Pitre, d'abord 15000 personnes, puis 40000, puis 65000, puis 100000
(oui cent mille, dans une Guadeloupe de 450000 habitants, privée d'essence!). Quo non ascendet? A quels sommets ne montera-t-on pas?
Mais Serge Romana ne s'est pas borné à cette inflation numérique. Il a tenu à reprendre à son compte la légende attribuant, à l'époque, l'origine de la déflagration à un chef d'entreprise,
M. Georges Brizzard, qui refusant de céder face aux revendications syndicales, aurait dit que "quand les nègres auront faim, ils retourneront au travail".
Ce propos n'a jamais été prononcé.
Je me permet de citer ici un extrait du chapitre consacré par moi aux évènements de mai 67, dans mon livre "Libres Paroles" paru en 2004, et disponible à la boutique de la presse - celle qu'ils
n'ont pas incendiée!) :
"En mai 1967,la Guadeloupe a deux reprises connut une surchauffe sociale et même politique. En
février d'abord, à Basse-Terre, un incident banal entre un commerçant blanc, d'origine étrangère et un mendiant importun, engendra une émeute sans commune mesure avec la cause initiale. Il y eut
des personnes molestées, des voitures incendiées.
Quelques mois plus tard, à l'occasion d'une grève d'ouvriers du bâtiment, les forces de l'ordre au départ non armées furent prises à partie par des agitateurs, blessées à coups de pierres et de conques de lambis. Les choses dégénérèrent ensuite sur plusieurs jours. Les forces de l'ordre d'abord débordées, puis les renforts arrivés de Paris firent usage de leurs armes. La répression dépassa sans aucun doute les limites Le chiffre officiel des victimes fut longtemps de 8 morts. Depuis quelques temps les commémorateurs du drame parlent de 60 morts. Il ne serait pourtant pas difficile en se référant aux registres municipaux de décès (par exemple, et entre autres, de savoir le chiffre exact, et les identités des victimes).On peut se demander qui a intérêt à ce flou générateur de toutes les inflations verbales et des rhétoriques les plus boursouflées.
Selon la thèse la plus répandue pendant longtemps, les grévistes se seraient déchaînés contre les CRS après avoir eu vent d'un propos qu'aurait tenu pendant les négociations à la Chambre de Commerce de Pointe-à-Pitre un patron du bâtiment M.Georges Brizard. "Les nègres aurait-il dit, je les connais, quand ils auront faim ils se mettront au travail."
Pour qui connaît Georges Brizard, cette phrase est invraisemblable, non seulement parce qu'elle ne correspond pas à la personnalité de cet homme mais non plus à son intelligence, à sa bonne connaissance de la Guadeloupe, ni encore à la situation. Dans l'ambiance surchauffée du moment un tel propos eut été pire qu'un crime, ne faute. Qu'elle n'ait pas été commise, une déclaration d'un des chefs de l'agitation subversive de l'époque, Paul Tomiche, le démontre ainsi que le bon sens. Après avoir rapporté le propos attribué à G.Brizard,M.Tomiche déclare sur RFO-TV:"Un tel propos n'a sûrement pas été tenu. Mais ce fût une rumeur, et cette rumeur déclencha la fureur des manifestants ".Soit! la cause est entendue. Il eut été intéressant que M.Paul Tomiche, indiqua la source de cette rumeur. Nous étions rappelons-le en 1967.La révolution castriste était à son apogée. La décolonisation en Afrique et en Asie n'était même pas tout -à-fait achevée. La subversion communiste faisait flèche de tout bois.
L'administration était truffée de gens de gauche au service du communisme, d'anciens porteurs de valises du FLN, (le même parti qui règne aujourd'hui sur l'Algérie et la met en coupe réglée; pauvre et souffrante ancienne Algérie Française, aujourd'hui condamnée à l'alternative du FLN ou du FIS!); à Basse-Terre en février le directeur de cabinet du préfet de l'époque fit cause commune avec les émeutiers. Il devait revenir en Guadeloupe durant les années 1980;un bien lamentable préfet!
Il importait que ces choses là fussent dites pour contrer la propagande séparatiste que l'on nous a versée à grande louches ces jours derniers, sous prétexte d'information. Regrettons qu'à RFO la parole ait été coupée à Georges Brizzard dont on n'a rien pu comprendre au propos. Un procédé vraiment lamentable. Déplorons encore que sur la même chaîne de TV, tandis que parlait Paul Tomiche, à son bureau, et une victime rescapée(il a perdu une jambe dans la fusillade, alors que semble-t-il, il passait sur les lieux par hasard)des évènements, Coudrieux, que je connais bien et qui fut un camarade sur les bancs de la fac de droit, on ait cru bon de sonoriser les dialogues en leur surimposant des bruits de mitrailleuses. Cela était de très mauvais goût! Cela sonnait faux(R.FO!!!). Du mauvais cinéma, un remake du R.F.O des années 80 que nous croyions réformée?
Pourtant les auteurs de l'émission étaient si fiers de leurs mauvais petit coup qu'ils nous l'ont refilé le dimanche matin du 15 juin!
On a les jouissances qu'on peut".
Il est navrant de voir aujourd'hui, un chercheur en génétique de valeur, reprendre à son compte des rumeurs, au
mieux, des mensonges avérés, au pire (et selon toutes probabilités).
Aujourd'hui, en tant que Guadeloupéen, j'ai eu honte pour Serge Romana.
Edouard Boulogne.