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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

L'Eglise catholique face aux provocations de l'évêque en rupture Williamson, par Mgr Yves Simon.

 

L'Eglise Catholique face aux provocations de Mgr Williamson, par Mgr Yves Simon.




(Depuis 15 jours, Le Scrutateur est presqu'exclusivement concentré sur les importants débordements sociaux qui affectent la Guadeloupe. C'est normal. Mais le monde n'en continue pas moins à tourner. Il est par exemple question des déclarations innacceptables d'un évêque en rupture avec le Vatican, qui se répand en propos négationistes [ concernant le sort des Juifs dans les camps de concentration nazis pendant la 2ème guerre mondiale!]. Evidemment une certaine presse tente de salir l'Eglise tout entière, l'aubaine est trop belle, et Benoit XVI en particulier.

Pour ceux que cela interressent, et les catholiques en particulier, Le Scrutateur publie deux documents. Le premier qui date de ce jour, émane d l'agence de presse ZENIT (analyse de MGR Yves Simon). Le deuxième vieux de quelques jours déjà, provient de la Fraternité St-Pie X, cette communauté schismatique, que le pape tente de réintégrer, avec charité, moyennant son repentir,n comme il es fut, dans l'Evangile avec la parabole de l'enfant prodigue. Ce document est interessant.

Tout à l'heure, nous reviendrons à l'analyse de l'actualité eb Guadeloupe. E.Boulogne).


1er document : ROME, Lundi 2 février 2009 (ZENIT.org) - Dans  « Lettre ouverte à ceux qui veulent bien réfléchir... »,  Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont et vice-président de la conférence épiscopale française, demande:

 

 

« Qui avait intérêt à salir la réputation du Pape ? »

 

Je  ne  sais  pas si je suis en colère ou si je suis malheureux : la vérité

tient  sans  doute  des  deux.  Mais  trop,  c'est  trop, alors je dis : ça

suffit  !  Le déchaînement médiatique contre le Pape Benoît XVI, qui aurait

réintégré  quatre  évêques  intégristes,  dont  un  négationniste avéré, ne

relève  pas  de  la  critique, mais de la calomnie et de la désinformation.

Car,  quoi  que  l'on pense des décisions du Pape, il faut dire, répéter et

souligner  que  ces  quatre  évêques n'ont pas été réintégrés. Et donc, Mgr

Williamson,   dont   les   propos  tenus  à la  télévision  suédoise  sont

effectivement  intolérables,  n'est toujours pas revenu au sein de l'Eglise

catholique  et  il  ne  relève  toujours  pas  de  l'autorité  du Pape. Les

informations  qui parlent de réintégration reposent sur une confusion grave

entre levée des excommunications et réintégration à part entière. 
 

J'accorde  volontiers  mon indulgence à tous les journalistes et à tous les

commentateurs   qui  ont   pu   confondre,  de  bonne  foi,  la  levée  de

l'excommunication  et  la  réintégration  pure  et  simple.  Les catégories

utilisées  par  l'Eglise  peuvent  prêter à équivoque pour le grand public.

Mais  la vérité oblige à dire que, selon le Droit de l'Eglise, ce n'est pas

du  tout  la  même  chose.  Si  on  confond les plans on devient victime de

simplifications  qui  ne  profitent  qu'à  ceux  qui  veulent  faire  de la

provocation.  Et on se fait complice, involontairement, de ces derniers. De

façon  habituelle,  le  grand public est en droit d'exiger d'un journaliste

sportif  qu'il  sache distinguer, par exemple, entre un corner et un essai.

Pourquoi  l'Eglise n'aurait-elle pas le droit d'avoir aussi son vocabulaire

«  technique  »  et  pourquoi  devrait-on  tolérer des approximations aussi

graves simplement sous prétexte qu'il s'agit de religion ? 
 

Reprenons  donc  exactement  ce qui s'est passé. Suite à l'élection du Pape

Benoît XVI, en Avril 2005, les évêques de la Fraternité Saint-Pie-X, fondée

il  y  a  plus  de  trente ans par Mgr Lefebvre, ont demandé à reprendre le

dialogue avec Rome, mais ils avaient mis deux préalables : premièrement, la

libéralisation du Missel de 1962, ce qui a été fait par le motu proprio, en

juillet 2007 et, deuxièmement, la levée des excommunications. 
 

Que  signifie  la levée des excommunications ? Pour prendre une comparaison

familière, je dirai ceci : quand Mgr Lefebvre est sorti, c'est-à-dire quand

il  a  désobéi  en  ordonnant  quatre évêques malgré l'avis formel du Pape,

c'est comme s'il y avait eu, automatiquement, une barrière qui était tombée

et  un  feu  qui  s'était  mis  au  rouge pour dire qu'il était sorti. Cela

voulait  dire  que si, un jour, il voulait rentrer, il faudrait qu'il fasse

d'abord   amende   honorable.   Mgr   Lefebvre   est   mort.   Paix  à  son

âme  !  Aujourd'hui,  ses  successeurs, vingt ans après, disent au Pape : «

Nous sommes prêts à reprendre le dialogue, mais il faut un geste symbolique

de  votre part. Levez la barrière et mettez le feu au clignotant orange ! »

Le Pape, pour mettre toutes les chances du côté du dialogue, a donc levé la

barrière et a mis le feu au clignotant orange. Reste à savoir maintenant si

ceux  qui  demandent  à  rentrer  vont le faire. Est-ce qu'ils vont rentrer

tous  ?  Quand  ? Dans quelles conditions ? On ne sait pas. Comme le dit le

cardinal Giovanni Battista Re [préfet de la Congrégation des évêques], dans

son  décret  officiel  :  «  il  s'agit  de  stabiliser  les  conditions du

dialogue  ».  Peut-être que le Pape, dans un délai que nous ne connaissons

pas,  leur  donnera  un statut canonique. Mais pour l'instant, ce n'est pas

fait.  Le  préalable  au dialogue est levé, mais le dialogue n'a pas encore

commencé.  Nous  ne  pouvons donc pas juger les résultats du dialogue avant

qu'il n'ait eu lieu. 
 

Là-dessus,  la  veille  du jour où devait être publié le décret du Cardinal

RE,  voici  qu'une  télévision  suédoise  publie  ou  republie  les  propos

clairement  négationnistes  de  l'un  des  quatre  évêques  concernés,  Mgr

Williamson. Le Pape, quand il a donné son feu vert à la signature du décret

par  le Cardinal pouvait-il connaître les discours de Mgr Williamson ? Très

honnêtement,  je  crois  pouvoir  dire  que non. Et c'est en un sens plutôt

rassurant  :  c'est  le signe que le Vatican n'a vraiment pas les moyens de

faire  surveiller  tous  les évêques et toutes les chaînes de télévision du

monde  ! C'est donc ici qu'il ne faut pas se tromper d'interprétation : que

signifie  cette  coïncidence entre la signature d'un décret, prévue pour le

21  Janvier,  et  donc connue de Mgr Williamson, et la diffusion des propos

télévisés du même personnage ? 
 

Que  chacun se demande : à qui profite le crime ? A qui profite le scandale

provoqué  par  des  propos  d'une  telle  obscénité ? La réponse me semble

limpide  :  à celui ou à ceux qui voulaient torpiller le processus inauguré

par  la signature  du  décret  !  Or,  pour  peu que l'on suive un peu ces

questions  et  les  différentes  interventions  de  Mgr  Williamson  depuis

quelques  années,  il  est  clair  que  lui  ne  veut  à aucun  prix de la

réconciliation  avec  Rome  !  Cet évêque, dont je répète, qu'il n'a encore

aujourd'hui aucun lien de subordination canonique vis-à-vis de Rome, a tout

simplement  utilisé la méthode des terroristes : il fait exploser une bombe

(intellectuelle)  en  espérant  que  tout le processus de réconciliation va

dérailler.  Il  fait  comme  tous les ultras de tous les temps : il préfère

laisser  un  champ  de  ruines plutôt que de se réconcilier avec ceux qu'il

considère comme des ennemis. 
 

Alors  je  le  dis  avec  tristesse  à tous  ceux  qui  ont relayé, - avec

gourmandise   ou   avec  douleur-,  l'amalgame  entre  Benoît  XVI  et  Mgr

Williamson  :  vous  avez  fait  le  jeu,  inconsciemment, d'un provocateur

cynique  !  Et,  en  prime,  si  j'ose dire, vous lui avez offert un second

objectif  qui  ne  pouvait  que le ravir : salir de la pire des manières la

réputation du Pape. Un pape dont il se méfie plus que de tout autre, car il

voit  bien que ce Pape ruine absolument tout l'argumentaire échafaudé jadis

par  Mgr  Lefebvre.  Je ne peux pas développer ici ce point. Je ne fais que

renvoyer  à  un  article que j'avais publié dans les colonnes du journal Le

Monde,  l'an dernier, au moment de la publication du Motu Proprio : « Quand

je  lis,  un peu partout, que le Pape accorde tout aux intégristes et qu'il

n'exige  rien  en  contrepartie,  je ne suis pas d'accord : il leur accorde

tout sur la forme des rites, mais il ruine totalement leur argumentaire sur

le  fond.  Tout  l'argumentaire  de Mgr Lefebvre reposait sur une prétendue

différence substantielle entre le rite dit de Saint Pie V et le rite dit de

Paul  VI.  Or,  réaffirme Benoît XVI, il n'y a pas de sens à parler de deux

rites.  On  pouvait,  à la rigueur, légitimer une résistance au Concile si

l'on  pensait,  en  conscience, qu'il existait une différence substantielle

entre  deux  rites.  Peut-on  légitimer  cette résistance, et a fortiori un

schisme, à partir d'une différence de formes ? »2 
 

Pour  un  fondamentaliste,  et  qui plus est, pour un négationniste forcené

comme  Mgr  Williamson,  Benoît XVI est infiniment plus redoutable que tous

ceux  qui  font  l'apologie  de  la  « rupture » introduite par le Concile

Vatican II. Car s'il y a rupture, alors il est conforté dans son opposition

à  la  « nouveauté ». Mais celui qui démontre paisiblement que le Missel de

Paul  VI,  la  liberté religieuse et l'œcuménisme font partie intégrante de

l'authentique    Tradition    Catholique,   celui-là   lui   enlève   toute

justification. 
 

J'ai  bien  conscience  qu'il  faudrait  développer  mon argumentation. Que

chacun  veuille  bien  me  pardonner de renvoyer aux sites internet où tout

ceci  est  visible.  Mais  je  souhaite  surtout que chacun veuille bien se

méfier  des  provocations trop bien montées. Quant à ceux qui s'obstinent à

répéter  que  Joseph  Ratzinger  a  servi  dans les Jeunesses hitlériennes,

qu'ils  veuillent bien relire le témoignage qu'il a donné à Caen, le 6 Juin

2004,  pour  le  soixantième  anniversaire du Débarquement en Normandie, et

qu'ils  se demandent ensuite ce qu'ils auraient fait à sa place... Quand on

hurle un peu trop fort avec les loups d'aujourd'hui, on ne fait pas bien la

preuve que l'on eût été capable de se démarquer des loups de l'époque... 
 

Reste un point qui est second mais cependant très grave : il faudra tout de

même  s'interroger  sur  la  communication des instances romaines lorsqu'il

s'agit  de  sujets  aussi  sensibles. Après la polémique de Ratisbonne (qui

mériterait  elle aussi d'être démontée attentivement..), j'espère - mais je

me réserve d'en parler plutôt en interne - que les responsables de la Curie

vont  procéder à un sérieux débriefing sur les ratés de leur communication.

Pour  le  dire  d'un  mot, voici comment j'ai vécu les choses : Mercredi 21

janvier,   les  milieux  intégristes  italiens,  qui  croyaient  triompher,

«  organisent  une  fuite  »  dans  «  Il  Giornale  ». Aussitôt le tam-tam

médiatique,   se   met   en  route.  Mais  nous,  membres  des  conférences

épiscopales,  nous  ne  savons absolument rien ! Et pendant trois jours les

nouvelles  - erronées, qui parlent à longueur de journée de réintégration -

prolifèrent  dans  tous  les  sens  comme  un feu de brousse. Tout y passe.

Arrive  alors  la  « bombe  » de Mgr Williamson... Et c'est seulement samedi

matin,  -  trois  jours  trop  tard  !  -,  que nous recevons le communiqué

officiel du Cardinal RE. Comment voulez-vous que nous puissions remettre le

débat sur des bases correctes ? Le Cardinal Ricard s'y est employé, de très

bonne  façon,  mais  le  feu était parti, et plus personne ne pouvait alors

entendre une parole raisonnable. 
 

Maintenant  que  la  poussière  commence  à retomber, essayons de reprendre

calmement  nos  esprits.  Comme  disait  ma grand-mère : d'un mal Dieu peut

faire  sortir  du  bien. Le mal c'est que le Pape Benoît XVI a une nouvelle

fois  été  traîné  dans la boue par une majorité de grands médias, excepté,

Dieu  merci,  La  Croix  et  quelques  autres.  Beaucoup de catholiques, et

beaucoup  de  gens  de  bonne  volonté,  sont  dans l'incompréhension et la

souffrance.  Mais  le  bien,  c'est  que  les  masques  sont tombés ! Si le

dialogue continue malgré tout avec les évêques de la Fraternité Saint Pie X

- sous réserve, bien sûr, qu'ils passent la barrière maintenant levée -, le

discernement pourra se faire, car tout le monde sait un peu mieux ce qu'ils

pensent les uns et les autres. 
 

Pour  conclure,  j'ai  envie  de  m'adresser  aux  fidèles  catholiques qui

peuvent,  non sans raison, avoir le sentiment d'être un peu trahis, pour ne

pas dire méprisés, en cette affaire : méditez la parabole du Fils prodigue,

et prolongez-la. Si le Fils aîné, qui avait d'abord refusé d'entrer dans la

fête,  dit  qu'il veut rentrer, allez-vous le refuser ??? Ayez suffisamment

confiance en vous-mêmes et en l'Esprit qui conduit l'Eglise, et qui a aussi

guidé  le  Concile  de  Vatican II, pour penser que la seule présence de ce

fils  aîné  ne  suffira pas à étouffer la fête. Donnez à ce dernier venu un

peu  de  temps  pour  s'habituer  à la lumière de l'Assemblée où vous vous

tenez... 
 

      + Hippolyte SIMON,

      Archevêque de Clermont, vice-président de la Conférence des évêques de France



2ème document : Déclaration officielle du Supérieur de la Communauté St-Pie X.


A propos de Monseigneur Williamson."Permettez moi s'il vous plaît de me présenter. Je suis le supérieur général de la Fraternité St Pie X. J'ai été informé d'une interview donnée par Mgr Williamson, un membre de notre Fraternité, pour la TV "Sveridges", et publiée ce soir... Bien qu'on avait compris que l'interview ne devait porter que sur des questions religieuses seulement, le journaliste demanda l'opinion du prélat sur des questions historiques. 

Il est évident qu'un évêque ne peut parler avec l'autorité épiscopale que des questions de foi et de morale. Si il évoque des questions séculières, son opinion à ces sujets ne représente que lui. La fraternité que je dirige n'a aucune légitimité pour traiter de ces sujets et n'en réclame aucune. Notre seul et unique objectif est la restauration de la doctrine traditionnelle dans l'Eglise catholique.

Pour cette raison, nous sommes acceptés respectés et estimés dans le monde entier. Il est très dommage d'utiliser une interview religieuse pour introduire des questions séculières et controversées avec l'intention évidente de mal représenter ou mettre à mal l'activité de notre Fraternité. Une telle "tentative  n'atteindra pas son but. La Fraternité St Pie X ne renoncera pas à son intention d'apporter la vraie Foi catholique et les sacrements aux fidèles catholiques qui y ont droit."



Conclusion, la Fraternité St Pie X se désolidarise de Mgr Williamson. Les propos qu'on lui reproche ne concerne pas la fraternité St Pie X d'une quelconque façon.

PS: Au fait, tant qu'à faire d'y être,
petit rappel:

Le père de Monseigneur Lefebvre, René Lefebvre, celui qui l'avait éduqué, celui qui lui avait appris à distinguer les systèmes sains des attelages politiques qui mènent l'Europe à sa perte, n'a pas craint – en son temps – de résister jusqu'à faire couler son sang en mourant déporté au camp de Sonnenburg.

Filateur de Tourcoing honoré et estimé, il avait rempli un rôle important au cours du premier conflit mondial. Non mobilisable, il s'était mis à la disposition de l'Intelligence Service et avait permis l’évasion d’un grand nombre de prisonniers. Il retrouva du service dans les réseaux de résistance dès l’année 1940, en transmettant des messages radiodiffusés sur Londres ou en recueillant des prisonniers français, belges ou allemands. Le 21 avril 1941, ce lieutenant des Forces françaises combattantes, membre du réseau Zéro-France, fut arrêté par la Gestapo. D’abord incarcéré à la prison Saint-Gilles de Bruxelles, il fut déporté en Pologne, au camp de Sonnenburg, celui qu'on appela le « Folterhölle », c'est-à-dire « l'enfer de torture », connu pour ses mauvais traitements et brutalités et dont les dernières centaines de prisonniers furent éliminés à la mitraillette dans la nuit du 30 au 31 janvier 1945. D’abord tenu par les S.A., il était géré par les S.S. à l’époque où le père de Monseigneur Lefebvre y entra.

Sans abandonner son chapelet, son missel et son imitation de Jésus Christ, René Lefebvre périt le 4 mars 1944. Son corps a disparu dans les charniers du système concentrationnaire nazi. Le 16 juillet 1953, une décision gouvernementale lui attribua la qualité de déporté résistant. C’est bien ce type de héros, fier et noble, défenseur de sa patrie et surtout de sa foi, quitte à donner sa vie, que la Fraternité Saint-Pie X compte donner en modèle à la jeunesse. Ce n’est certainement pas ces tristes « héros » journalistiques si temporels et conformistes passés maîtres dans l'art de l’amalgame et du dénigrement.



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