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22 Décembre 2008
Le Congrès du 18 décembre 2008
Un
triomphe bizarre
( La réunion du Congrès, il y a quelques jours, à la Martinique, subjuguée par la président du Conseil régional de
l'île soeur, Alfred Marie-Jeanne, tente de revenir sur les résultats du referendum de 2003 portant sur un nouveau statut de la Martinique, dans le sens d'une autonomie, première étape vers une
séparation de ce département d'avec la France. Le peuple pourtant avait tranché, à la majorité absolue, contre une telle évolution. Mais nos « démocrates » sont assez particuliers.
Imaginons que les Martiniquais aient répondu « oui », même à la majorité d'une seule voix, toute remise en question de ce vote eut paru scandaleuse à nos révolutionnaires, et eut été
qualifiée d'insupportable atteinte à la dignité du peuple maharrtiniquais, pour parler comme Marie-Jeanne. Il va falloir se battre une fois de plus, pour faire entendre la voix du bon sens, et de
l'histoire qui fait de cette île, tout comme de la Guadeloupe une province française depuis 1635. Le combat ne fait que commencer. Le Scrutateur donne la parole aujourd'hui, à monsieur
Yves-Léopold Monthieux, dont voici l'article rigoureux, et ironique comme il convient dans cette comédie d'un goût douteux. E.Boulogne).
On a souvent le sentiment de devenir intelligent au contact des gens brillants. Adversaires et amis n’ont pas manqué durant ces dernières années pour admirer l’homme politique le plus doué de ces dernières années. Le mot « triomphe » était devenu courant pour accompagner les exploits électoraux d’Alfred-Marie-Jeanne. Cependant au lendemain de l’une des plus grandes victoires politiques du Président, l’idée d’en faire la fête ne vient à personne, même en cette période de Noël. Les vainqueurs se font discrets, et même tristes, les journalistes en font le minimum : on en serait encore au « vrai premier pas » de l’autonomie, comme pour distinguer des précédentes annonces de « faux »-départs historiques.
On voit apparaître pour la première fois le mot « fou furieux », certes prudemment annoncé mais pas vraiment louangeur pour le vainqueur malgré la référence césaisienne du trait d’humour. On fut davantage frappé par l’organisation politique, l’efficacité des méthodes et la mécanique de la victoire qui ont impressionné les vainqueurs eux-mêmes. Le visage fort peu rayonnant du président du Conseil général lui-même ne fut vraiment pas celui des beaux-jours. Tout se passe comme si un seul homme avait gagné.
Le succès est total mais il n’est plus question d’Histoire
On est loin des déclarations péremptoires et des proclamations de dates historiques décernées naguère avec emphase et profusion. Remontons un peu vers le passé : laquelle de ces dates historiques nous est restée dans la tête ? Beaucoup retiendront le 7 décembre 2003 : une défaite historique pour les uns, une victoire historique pour les autres.
Certes le récent triomphe du Président est entier et sans précédent, mais on n’ose le nommer, tant il a paru facile, inéluctable et impérial ; tant cette facilité a semblé insolente et, malgré la retenue magnanime du vainqueur, méprisable pour les autres. Ce succès a imposé un silence sans précédent : un silence encore plus marqué que celui qui constitue la règle à la Région lorsque patron hausse le ton. Les initiatives foireuses ont souvent été ignorées surtout quand elles ont émané d’intervenants par avance incapables de voter contre lui. Mais des interventions lui valurent de vrais silences, par exemple les mises en évidence argumentées des risques du « 74 » ponctuées par de superbes autant qu’incohérentes promesses de votes de l’article dénoncé. Chez Chaben tout est bon à prendre ! Mais cet homme ne peut pas ne pas exprimer parfois du mépris pour certains ralliements tardifs ou tordus.
Un co-président parfait, à la joie fort peu communicative.
Il y eut les vrais silencieux, qui ressemblent comme deux gouttes d’eaux aux « an ba fèy » de jadis. A cet égard, le Président n’eût rien à reprocher à son co-Président dont le travail a été vraiment remarquable. Notamment au PS où l’on vit une arrivée inattendue à la tête de la fédération comme pour éviter tout effet de surprise. Même a droite, il a dû y mettre la main, à considérer les surprises arrivant toujours du bon côté. Tous résultats d’un fin travail commencé dès le lendemain des cantonales. On comprend mal qu’un succès aussi complet se soit manifesté par le visage le plus triste de la soirée. Seul le jeune élu du MIM crut devoir, non sans cruauté et malice, découvrir les visages auréolés d’abnégation des deux présidents dont l’un (peut-être les deux, pour faire bonne mesure ou accroître la dérision) allait prochainement perdre sa place. (Voire).
Où fallait-il rechercher la cause de la tristesse du docteur Lise ? Fut-ce dans la nostalgie de l’ancien PPM, lui aussi abasourdi face à ce projet de création d’un nouvel article constitutionnel pour la seule Martinique : « une chimère », dit-il ? Ou eût-il tout à coup le sentiment, pénible pour un césairien, de n’être pas dans son monde, de se retrouver au carnaval d’un autre ?
(Alfred
Marie-Jeanne, ambtieux psycho-rigide, sui se voit en un Chavez, ou mieux en un nouveau Fidel Castro après la mort prochaine du leader maximo).
Que restera-t-il de ce 18 décembre 2008 ? Du débat institutionnel ?
Une réalité incontestable : personne n’a pu expliquer au peuple l’autonomie, et encore moins la différence entre les deux articles 73 et 74. Un fait significatif est intervenu au cours du congrès qui pourrait résumer à lui seul l’ignorance de la plupart des élus, et leur incapacité induite à expliquer au peuple quoi que ce soit en la matière. Au cours de l’interruption causée par des agents hospitaliers venus manifester au sein de l’hémicycle, le Président Alfred Marie-Jeanne s’en sortit par une déclaration qui traduisait bien la méconnaissance du fond du sujet qui était en cause au Congrès. Après s’être solidarisé des manifestants et égrené les millions versés par la Région, le Président signala sans que personne ne soit surpris, que le domaine de la Santé publique relevait du « droit régalien » (sic) : « ce n’est pas moi, c’est les autres ! » comme le slamme le chanteur Abd al Malik ». La Santé publique martiniquaise ne saurait par conséquent entrer dans les attributions d’un pouvoir autonome. Cette grossière inexactitude, qui fut évidemment applaudie par tous, rappelle l’inquiétude de Césaire qui doutait du Martiniquais en lui rappelant que « l’autonomie ne sera pas une partie de plaisir ». Sa crainte est justifiée : dans cette autonomie indéfinie que nous annoncent nos élus, tout ce qui est facile devrait relever de la responsabilité martiniquaise et tout ce qui est compliqué, incomber au pouvoir parisien. Ainsi, la Santé publique (qui n’a jamais été régalienne, pas plus que l’Instruction publique ou le Droit du travail) deviendrait pour la Martinique autonome un droit régalien singulier, une manière de parapluie régalien qu’il suffirait d’exiger pour l’obtenir.
Un parapluie régalien de la Santé publique, de l’Education et du Droit du travail.
Un médecin me disait récemment que, déjà, il serait difficile de se proclamer autonome si l’on continuait à ne pas pouvoir trouver sur place le sang nécessaire au soin des malades. On en est très loin. Cent autres cas de cette espèce, qui pourraient faire l’objet d’expérimentations, passent bien au-dessus de la tête des élus. Mais le parapluie régalien de la Santé inclut sans doute le droit au sang des autres.
Selon son génie propre chaque peuple de l’Outre-mer pratique l’autonomie. Dans certaines régions, les hommes et les partis ont le génie de l’exercice politique et de la longévité politicienne. Tandis qu’ailleurs c’est le génie de l’action politique qui l’emporte. Malgré l’insubmersible Paul Vergès, le département de la REUNION ne s’éloigne pas du génie de l’action dont il semble en faire un vrai challenge. En raison de son rang mondial en matière d’énergies renouvelables ; grâce à des échanges développés avec l’Australie, Madagascar, Maurice, la Chine et même le Canada ; par la coopération harmonieuses entre ses institutions locales et la convergence de vues des forces vives du pays, ainsi que par ses opérations mondialement connues en matière de Tourisme, la REUNION ppourrait être le territoire français le plus autonome.
L’Île Bourbon aurait simplement oublié de se faire doter d’un Congrès pour passer ses décennies à discuter de statut. La pauvre !
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Yves-Léopold Monthieux
22 décembre 2008
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