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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Tribune libre : Pointe-à-Pitre, il n'est pas trop tard, par Louis Dessout.

 
IL N’EST PAS TROP TARD.

Louis DESSOUT*

(La photographie que m'a envoyée M.Louis Dessout un ami (de plus de trente ans), n'est pas "au format" et est refusée par l'ordinateur. J'utilise celle-ci, un peu ancienne, reliquat d'une campagne électorale).



Il est encore possible de réparer les conséquences de l’aveuglement politique qui prive Pointe-à- Pitre, depuis, plus d’un quart de siècle d’une compensation significative du conseil général.

L’assainissement de nos finances publiques devient envisageable en mutualisant les moyens, en réalisant des économies d’échelle, en augmentant les recettes de la dotation globale de fonctionnement (DGF) intercommunale.

La crise de la Sara et aujourd’hui la création de la Communauté d’Agglomération Pointoise (CAP) viennent nous rappeler les questions qui, depuis 30 ans, nous sont posées pour le développement de La Guadeloupe et auxquelles j’ai tenté de répondre.

Il s’agit aussi bien de la raffinerie internationale de la Black Diamond Petroleum (BDP), que du positionnement de la croisière touristique, d’une plateforme logistique euro-caraïbe ou d’un district urbain pointois.

En 2009, les Pointois comme les habitants des Abymes, Baie-Mahault, et Gosier devraient réaliser le projet politique que je leur propose depuis 1979.Projet que j’avais intitulé en 1985 « District urbain pointois » et qui a été adopté par notre conseil municipal le 11 décembre 2008, sous l’appellation« Communauté d’Agglomération Pointoise (C A P).Mon projet était plus ambitieux (cf. archives politiques Pointoises) puisqu’il intègre aussi dans l’agglomération un aspect culturel (le centre des arts), sportif (les piscines et stades) et patrimonial (un cimetière).Il convient d’éclairer l’opinion et notre jeunesse sur les raisons de cette tardive démarche collective, la création d’une communauté d’agglomération et pour quels enjeux urbains en 2009

Pourquoi cette agglomération Pointoise seulement maintenant ?


Curieusement les deux régions françaises ayant le plus faible taux d’intercommunalité sont la région parisienne et la région Guadeloupe. Est-ce parce qu’elles ont connu les plus importantes opérations de rénovation urbaine de France, sous la férule de l’administration centrale ? Nous examinerons cette mutation urbaine, avant et après la décentralisation.

1960-1980. En Ile- de- France, c’est la résorption de l’habitat insalubre stigmatisé par l’abbé Pierre. En Guadeloupe des raisons géostratégiques conduisent le Général de Gaulle à envisager une décolonisation différente de celle de l’union française. A partir du postulat de la construction de l’indépendance nationale affranchie de la protection du parapluie américain. Cette ambition repose sur deux exigences : -la mise au point de charges nucléaires à Mururoa (Polynésie) – la crédibilité de la force de frappe via les satellites reliant les sous-marins nucléaires et le PC de Taverny. C’est la base spatiale de Kourou en Guyane.

Pour atteindre de Saclay, l’océan Pacifique, Pointe à Pitre est le meilleur relai français possible. D’où la construction de l’Aéroport pour les jets et la fantastique rénovation urbaine initiée dans notre cité en 1960. Le Parti communiste apporte son concours à ces rénovations de Paris et Pointe à Pitre. A Paris la fameuse ceinture rouge devient Suresnes, Boulogne Billancourt, Issy les Moulineaux. A Pointe à Pitre, on décase sans l’aide des CRS et des gendarmes… Comme à Paris, le chef d’orchestre financier est la Caisse des Dépôts (CDC). Avec ses filiales, elle participe au financement: - via la SCET(Sodeg) de Jarry, la Rocade, l’aéroport – via la CAECL, du centre de gros de Jarry qui accueille les premiers grossistes pointois – et au commerce de distribution de détail par la souscription au capital des grandes surfaces Reynoird – Prisunic. Le Pointois habite, travaille, et s’alimente avec le concours de la CDC.


1980-1990. A la différence de Nanterre, Issy les Moulineaux, Suresnes, Pointe à Pitre amorce son déclin qui se poursuivra si une communauté d’agglomération n’est pas créée. C’est l’entrée en lice de la Martinique qui reprend la main du trafic aérien et conserve sa suprématie maritime et portuaire. Aimé Césaire obtient, à son tour, sa rocade et sa rénovation urbaine. Mais sous le contrôle et la férule des élus martiniquais dans le cadre d’une communauté d’agglomération. Ceux-ci se rendent à la Guadeloupe pour y apprendre la gestion d’une décharge. Aujourd’hui, ce sont nos élus qui font le trajet inverse. En 1970, depuis 35 ans, la présidence du conseil général de la Guadeloupe est assurée par un élu pointois : Henri Rinaldo, Avocat, ancien adjoint au maire socialiste. Le président du conseil général devient l’interface incontournable à La Guadeloupe pour la CDC. Mais, en pleine rénovation urbaine il faut aussi savoir anticiper les conséquences de la fermeture de l’usine Darboussier et du transfert des activités commerciales et portuaires à Jarry. Pointe à Pitre aurait pu négocier et obtenir du conseil général (comme le prévoit les textes), une compensation pour cette hémorragie fiscale et démographique inéluctable et prévisible. La majorité municipale de l’époque préfère que Pointe- à- Pitre perde, à jamais, l’atout de la présidence du conseil général et contribue à remplacer l’avocat pointois par un commerçant pointois. Cet homme d’affaires et sa famille connaissent ainsi, fortuitement, des succès politiques, commerciaux et financiers. Tandis que les commerçants pointois écrasés par des charges fiscales de plus en plus lourdes et l’absence de parkings se réfugient dans la périphérie. L’hémorragie fiscale et démographique s’accélère. Il se murmure même que bientôt Pointe- à- Pitre avec moins de 20.000 habitants aura de grandes difficultés pour entretenir un effectif communal ne correspondant plus à son potentiel fiscal C’est la raison pour laquelle le nouvel ensemble de l’agglomération Pointoise permettra de redéployer nos moyens d’actions et nos recettes fiscales, mais pour quels enjeux urbains.

Les enjeux de la communauté d’agglomération Pointoise hier et maintenant

Lors du conseil du 26 Juin 2008, dans un tableau des données fiscales comparatives par commune (2006),j’ai tenté d’évaluer, par rapport à la Guadeloupe (hors Saint-Martin et Saint Barthélémy), le poids de l’agglomération : - démographique(35%) – Politique (30% électorat), la variation des taux et le produit fiscal de la taxe d’habitation (17 %) la taxe professionnelle (68%) la taxe foncière bâti ( 38%), l’octroi de mer (32%).C’est pourquoi j’ai regretté, lors du débat municipal du 11 décembre 2008, l’absence d’une simulation des budgets primitifs respectifs de la CAP et de Pointe à Pitre. Elle aurait permis aux conseillers municipaux de mesurer pour 2009 les charges que pourrait partager la CAP et la diminution correspondante sur celles de notre ville et des trois autres communes partenaires.

Dans mon manifeste de 1985, distribué en séance et que je revendique comme étant l’axe fondateur et la pierre angulaire de mon engagement politique je mets l’accent sur trois points :

  1. Démographique

Population

1985

2006(PM)

Abymes

56.200

63.054

Baie-Mahault

10.500

24.065

Gosier

13.400

25.360

Pointe à Pitre

25.300

21.000

TOTAL

105.400

133.559 (35% Guadeloupe)


  1. L’encadrement par des techniciens guadeloupéens du personnel municipal détaché par chaque commune auprès du district urbain.


  1. Profiter dès 1985 de la loi de décentralisation pour libérer les Guadeloupéens de la tutelle de l’Administration, les réconcilier avec eux-mêmes, mettre en commun une synergie avec le Conseil Général, maître d’œuvre de l’aménagement du territoire, débarrasser le personnel municipal des séquelles du clientélisme colonial.


Aujourd’hui et demain, la crise mondiale va rebattre les cartes. Les dotations et les moyens de soutien de l’Etat se réduisent en peau de chagrin (ex. L’ANRU). L’extrême fragilité de nos collectivités continue de s’aggraver depuis le cri d’alarme du 19/01/99 sur leur crise structurelle et financière du Trésorier-Payeur-Général J-P Maloisel. L’assainissement de nos finances publiques devient envisageable .Des projets d’envergure pourront répondre à nos besoins de développement et éviteront des rapatriements trop fréquents de fonds inutilisés vers Bruxelles. Cet outil majeur permettra d’adapter notre participation aux objectifs de simplification de la future réforme des collectivités en cours d’instruction par la commission Balladur.

Il existe encore une seule alternative : la solidarité des fonds Européens. Pour y être éligible : une obligation, la solidarité territoriale. Telle que la pratiquent en Europe les communes, les départements et les régions. Mais un préalable subsiste : réparer les conséquences de l’aveuglement politique qui prive Pointe à Pitre, depuis plus d’un quart de siècle d’une compensation significative du conseil général. Désormais cette réparation pourra s’étendre à l’ensemble de l’agglomération pointoise.

La Guadeloupe, comme le reste du monde, entre dans une très grave crise dont le effets seront historiquement dévastateurs .Il n’est pas encore trop tard pour que nos élus assument, dans l’intérêt communautaire, les responsabilités qui leur ont été confiées.

*Conseiller Municipal Pointois



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