29 Octobre 2008
I have a dream!
Plus qu'une semaine à attendre l'élection de Barack Obama. Enfin.... je veux dire l'élection présidentielle américaine dont M. Obama est le grandissime favori. Du moins en France, et plus particulièrement en Guadeloupe et en Martinique, et pour ceux qui n'ont pas lu La Fontaine, ni la fable du lièvre et de la tortue, ni celle de l'ours et de l'amateur de jardin ( « rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami; mieux vaudrait un sage ennemi »).
La presse française donne Barack vainqueur, et largement. J'ai cité, ici même, ces jours récents plusieurs auteurs de la presse « underground » qui incitent pourtant à plus de prudence, et avec raison, tant en politique la circonspection devrait être la règle, et surtout en matière électorale.
Tant que la ligne d'arrivée n'est pas franchie, pas de vainqueur désigné. Il suffit de si peu de chose pour dérégler les plus belles machines, déjouer les prospectives les plus fines, a fortiori les autres.
Dont prudence et « wait and see »!
Que l'on n'aille pas voir dans mon propos une quelconque animosité à l'égard du sénateur Obama.
Dès sa victoire sur Clinton j'ai observé ce jeune leader, incontestablement une bête politique, avec une attention sympathique, cherchant, à partir de ce que je pouvais lire et voir, à percer ce qu'il est, à peser ce qu'il pourrait apporter à la politique américaine, et dès lors au cours des choses dans le monde.
Il y avait dans le choix de sa personne par le parti démocrate, un indice important; celui d'une évolution positive de la société américaine (qui, il a seulement 40 ans, peu de chose en histoire, était une société d'apartheid, où l'archaïque « Klu Klux Klan » jouait encore un rôle important ). L'Amérique donc acceptait de courir le « risque » de voir élire un homme de couleur à sa présidence. C'était quelque chose de remarquable, et tellement éloigné de la vision ultra négative, sur elle, de « l'intelligentsia » française.
J'ai pensé très vite que le jeune sénateur de l'Illinois, au moins en ce qui concerne les normes requises en régime médiatico-démocratique, pouvait être un redoutable adversaire pour M. Mc- Cain nonobstant les qualités réelles souvent attribuées à ce dernier.
Dans la mélée médiatique Obama pouvait bénéficier de sa jeunesse, de son charme, de son physique avantageux, de sa modération (au moins apparente), contre un adversaire nettement plus âgé, et issu d'un parti républicain souffrant du bilan plutôt négatif de l'administration Bush (même s'il s'en démarque).
Et mon sentiment s'est trouvé confirmé par le cours des évènements.
Mais Barack Obama est, aussi, handicapé par son manque d'expérience, par un certain flou de son programme, par les excès d'une partie de son entourage (tel le pasteur Jesse Jackson). Il est donc permis de se poser des questions sur le succès de sa candidature.
Cela surtout, pour les électeurs américains, qui sont les plus concernés, et qui seuls voteront le jour J.
Si Obama est élu, s'il est à la hauteur de la responsabilité à laquelle il aspire, ce sera très bien pour l'Amérique, et pour le monde entier. Une bonne moitié de l'électorat américain (et, en tout cas, ce que l'extrème gauche française appelle le « mur de l'argent », qui lui fait ces jours ci des ponts d'or) semble pencher, SI l'on en croit les sondages, pour cette hypothèse.
Telle est, me semble-t-il le point de vue raisonnable d'un observateur étranger (comme moi, comme nous les Guadeloupéens, Mahawtiniquais, et Français de l'hexagone) devant cet événement politique.
Toujours selon les apparences. Car savons-nous, en dehors des meetings bien réglés et tempérés de la TV ce qui se passe réellement aux USA, ces jours-ci? (Cf sur le Scrutateur l'article récent de Dominique Aubuisson, « élections américaines : sommes-nous bien renseignés »?). Savons-nous le climat entretenu par les extrémistes des minorités noires (et blanches aussi, mais de celles-ci on sait tout, et même le dérisoire, monté en épingle, comme ce projet possible d'attentat contre le sénateur de l'Illinois par deux jeunes néo-nazis, dont la bétise est telle qu'ils n'ont même pas pensé que leur projet avait toutes les chances d'être déjoué et de renforcer l'objet de leur haine), ou autres, et qui peuvent réserver des surprises.
Car si Barack Obama a une chance de réussir, je ne dirai pas à être élu, mais à être un véritable homme d'Etat, c'est à la condition d'être américain, et non Noir ou métis.
Et, à cet égard, ses pires adversaires ne sont ni M.McCain (adversaire légitime), ni même
les dérisoires « neo nazis » (en réalité deux paumés comme en comptent tous les partis extrémistes de droite et de gauche), mais ces gens, comme cet éditorialiste radio du matin, en
Guadeloupe, ( et c'est ici que nous retrouvons La Fontaine et son Ours) qui clamait, il y a quelques jours, « la joie de tous les nègres du monde » (sic) en cas de victoire d'Obama.
Imagine-t-on un journaliste blanc clabaudant la même phrase, en changeant seulement le nom du candidat, sans encourir aussitôt, un blâme universel et mérité?
C'est à l'égard de tels individus (par ailleurs souvent fats et prétentieux) que le candidat américain devrait montrer le plus de suspicion, méditant le mot de Voltaire : « mon Dieu, protégez-moi de mes amis; de mes ennemis, je me charge ».
Il n'empêche que si cet Américain, et par ailleurs homme de couleur, était élu, il serait prouvé qu'on peut être élu tout en étant membre d'une minorité raciale ou ethnique, dans un grand pays démocratique.
En Guadeloupe, en Martinique, des blancs pourraient avec des chances de succès se présenter aux élections, et même devenir Président de région.
Cela est possible, je le crois, je l'espère. Par anticipation (peut-être), j'en remercie le sénateur Obama;
I have a dream!
Edouard Boulogne,