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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Le socialisme : fiche signalétique, par Edouard Boulogne.

 

Socialisme : fiche signalétique.



( La crise financière actuelle suscite chez nombre de commentateurs, et de personnalités politiques, une étrange agitation, les prodomes d'une effrénée danse de Saint-Guy. Ségolène Royal, bien sûr, François Hollande, madame Buffet, et bien entendu le petit facteur de Neuilly Besancenot, etc, etc, s'agitent comme des gardons! Tous ces gens ont la mémoire courte. Ils semblent avoir oublié le 20ème siècle et la dure expérience que constitua l'essai de construction du « Socialisme », en URSS, et sur plus de la moitié de la planète.

D'où cette petite fiche signalétique sur le socialisme comme une piqure de rappel. EB).



Socialisme : un mouvement réactif.


Les sociétés traditionnelles (féodales) de l’Europe, étaient des sociétés organiques. L’individu, au nom d’une liberté abstraite, n’y était pas livré, abandonné à lui-même dans une société d’égoïsmes juxtaposés.

A partir, principalement du 17è siècle, mais surtout du siècle des « lumières » (le 18è), ces sociétés furent attaquées, corrodées par les idéologies de la « modernité » (Locke, Hobbes ; Diderot ; Voltaire, Ricardo, Adam Smith, etc). Ces idées furent mises en œuvre, principalement, par un groupe social, la bourgeoisie, et la nouvelle économie dont elle était l’agent. L’idéologie libérale et le capitalisme prirent leur essor en cassant l’ancienne société féodale. L’adversaire, en apparence le plus déterminé du capitalisme, Karl Marx, se réjouira de cette tâche historique de « la bourgeoisie » qui dans sa vision progressiste de l’histoire, prépare, selon Marx, la venue de la société sans classes, donc du communisme.

Il l’écrit avec allégresse au début du Manifeste communiste : « La bourgeoisie a joué un rôle éminemment révolutionnaire dans l’histoire. Partout où elle est parvenue à dominer, elle a détruit toutes les conditions féodales, patriarcales, idylliques. Impitoyable, elle a déchiré les liens multicolores qui attachaient l’homme à son supérieur naturel, pour ne laisser subsister d’autre lien entre l’homme et l’homme que l’intérêt tout nu, le froid « paiement comptant ». ».

Sur ce point, Marx n’a pas tort, et son analyse recoupe celles de penseurs sociaux, nullement marxistes, tels Albert de Mun, le marquis de la Tour du Pin, et tous les papes de Léon 13 à Jean-Paul 2.

Oui, au 19è siècle, dans la foulée de la Révolution française, véritable bulldozer des idées nouvelles (bonnes ou mauvaises), les corporations sont abolies, les syndicats interdits (Loi Le Chapelier), . La société devient une jungle, où profite selon le mot de La Tour du Pin « le renard libre dans le poulailler libre ».

C’est sur ce terrain que se développeront des mouvements de réaction sociale, les chrétiens sociaux, et les mouvements dits socialistes.

Le pluriel s’impose absolument, tant il est difficile de trouver une définition du socialisme qui fasse l’unanimité. Un Anglais, nommé Griffith en a recensé 261 acceptions ; et depuis lors d’autres « socialismes » se sont ajoutés à la liste. Tentons de dépasser les différences, et de dégager les points communs de ces idéologies.



Socialisme : Les lignes de force.



Si le mot lui-même est récent, (vers 1835), le tour d’esprit est ancien. En un sens il existe chez le grand Platon, dont la « République » est, sur plus d’un plan, communiste. Et la communauté n’est pas seulement celle des biens, mais aussi celle des femmes et des enfants. On retrouve ce tour d’esprit chez la plupart des utopistes : Thomas More, Campanella, Owen, le comte de Saint Simon, Marx.

Le plus souvent se retrouvent la primauté de la société sur l’individu, la contestation de la propriété privée, la croyance au Progrès indéfini vers un monde parfait, le culte de l’égalité, au nom de la justice. Il faudrait nuancer, évidemment, tenir compte des contextes, etc. Ainsi à propos de l’égalité Platon, par exemple, propose une bien utile distinction entre égalité arithmétique et égalité proportionnelle. Dans son livre « Les lois » il écrit : « il y a deux sortes d’égalité qui se ressemblent par le nom, mais qui sont en réalité bien différentes : l’une consiste dans le poids, le nombre et la mesure. Mais il n’en est pas ainsi de la vraie et parfaite égalité…. C’est elle qui donne plus à celui qui est grand, moins à celui qui est moindre, à l’un et à l’autre dans la mesure de sa nature (…..). La justice n’est autre chose que l’égalité établie entre les choses inégales conformément à leur nature ».





Socialisme : les grands courants.





Au 19è et au 20è siècle on a pris l’habitude de distinguer différents courants socialistes et Marx lui-même a contribué dans la 3è partie du « Manifeste communiste » à ces distinctions.

  • Les socialismes utopistes d’abord qui accordent une grande importance au mouvement des idées, qui ne croient pas absolument nécessaire la prise révolutionnaire du pouvoir pour transformer la société.

  • Les socialismes réformistes, qui, comme les premiers sont profondément méprisés et combattus (férocement !) par les marxistes quand ils parviennent au pouvoir. Ce sont les sociaux démocrates, représentés en France aujourd’hui par les Strauss-Kahn, Fabius et autres Jospin !(Hier encore Michel Roccard). Un humoriste, Maurice Babin, prétendait qu’ils sont des « communistes qui ont mis des gants ». Reconnaissons qu’ils ont beaucoup soufferts, été abondamment « épurés » par leurs camarades de la tendance révolutionnaire.

  • Les socialismes révolutionnaires. Parmi les grands anciens de cette tendance, on peut ranger le révolutionnaire français Gracchus Babeuf, auteur du Manifeste des égaux, mais bien évidemment les marxistes, Lénine, Trotsky, Mao-Tsé-Toung, etc, avec les nuances qui s’imposent.



Socialisme : « Sang et Larmes ».



Les marxistes ont longtemps prétendu, (certains aujourd'hui persévèrent dans leur discours) être détenteurs d’une véritable science de l’histoire, et détenir les clés d’un avenir aussi radieux qu’inéluctable. Quelques centaines de millions d’individus ont eu sous leur férule durant le 20è siècle un avant goût du Paradis ! ! ! .Socialisme « scientifique » (autoproclamé) , le marxisme n’a pas eu de mots trop moqueurs et ironiques, ni surtout la main assez lourde pour frapper les utopistes. Lénine par exemple dans l’Etat et la Révolution écrit : « Nous ne sommes pas des utopistes. Nous ne « rêvons » pas de nous passer d’emblée de toute administration, de toute subordination ; ces rêves anarchistes, fondés sur l’incompréhension des tâches qui incombent à la dictature du Prolétariat, sont foncièrement étrangers au marxisme et ne servent en réalité qu’à différer la révolution socialiste jusqu’au jour où les hommes auront changé. Nous, nous voulons la révolution socialiste avec les hommes tels qu’ils sont aujourd’hui, et qui ne se passeront pas de subordination, de contrôle, de « surveillants et de comptables ». » (C'est moi qui souligne, à l'heure, où Olivier Besancenot ressort les vieilles rengaines. Il se veut, il est vrai, troskiste, mais Trosky fut celui qui aux côtés de lénine réalisa la révolution d'octobre. Nous consacrerons une de nos prochaines fiches à Léon Trostky),

Si l’on osait on poserait pourtant la question sacrilège : le marxisme lui-même ne serait-il pas une utopie ? Lisons encore Lénine : « En effet, quand tous auront appris à administrer et administreront effectivement eux-mêmes la production sociale, quand tous procéderont eux-mêmes à l’enregistrement et au contrôle des fils à papa, des filous et autres « gardiens des traditions du capitalisme » - se soustraire à cet enregistrement et à ce contrôle exercé par le peuple entier sera à coup sûr d’une difficulté si incroyable et d’une si exceptionnelle rareté, cela entraînera vraisemblablement un châtiment si prompt et si rude (les ouvriers armés ont un sens pratique de la vie ; ils ne sont pas des petits intellectuels sentimentaux et ne permettront sûrement pas qu’on plaisante avec eux), que la nécessité d’observer les règles simples mais essentielles, de toute société humaine deviendra très vite une habitude ».

Ou mieux encore : « En régime socialiste bien des aspects de la démocratie « primitive » revivront nécessairement, car, pour la première fois dans l’histoire des sociétés civilisées, la masse de la population se haussera à une participation autonome, non seulement aux votes et aux élections, mais encore à l’administration journalière. En régime socialiste, tout le monde gouvernera à tour de rôle et s’habituera vite à ce que personne ne gouverne ».

Lénine croyait-il vraiment à ces ridicules bergeries. Tout son comportement prouve le contraire. L’interprétation la plus exacte a, sans doute, été donnée par Georges Orwell dans son livre « La ferme des animaux ».

En tout cas, l’histoire a montré ce dont étaient capables une fois au pouvoir, nos socialistes révolutionnaires, et les survivants, hélas ! ne sont pas assez nombreux pour nous le raconter.

En 1957, le philosophe Leszek Kolakowski, qui avait été communiste, qui était encore socialiste, publia un texte remarquable. A la question qu’est-ce que le socialisme, il répondit par un portrait du socialisme tel qu’il s’était réalisé en Union Soviétique. En creux, pouvait se lire ce qu’il croyait encore être possible : le « vrai » socialisme. Voici, pour conclure cet article, quelques passages de texte célèbre :

« D’abord nous devons vous dire ce que n’est pas le socialisme. (…).

Le socialisme n’est pas :

  • Un Etat dont les soldats pénètrent les premiers sur le territoire d’un autre pays.

  • Un Etat qui possède des colonies.

  • Une nation qui opprime d’autres nations.

  • Un Etat qui aimerait voir son ministère des Affaires étrangères déterminer l’opinion politique de toute l’humanité.

  • Un Etat où un peuple entier, contre sa volonté, peut-être transplanté ailleurs.(…).

  • Une société dont les dirigeants se nomment eux-mêmes à leurs postes.

  • Un Etat qui veut que tous ses citoyens aient la même opinion en philosophie, politique étrangère, économie, littérature et morale. (…).

  • Un Etat dans lequel les résultats des élections peuvent toujours être prédits.(…).

  • Un Etat dans lequel le nombre des fonctionnaires augmente plus vite que celui des travailleurs.

  • Un Etat où dix personnes vivent dans une seule pièce.(…).

  • Un Etat où les agitateurs racistes jouissent d’une totale liberté.(..)

  • Un Etat où existe le travail forcé. » Etc etc.

L’Union Soviétique depuis s’est effondrée. Que de sang et de larmes a-t-il fallu pour cela ! Mais l’étonnant est qu’il y ait encore des nostalgiques de cet enfer, à Paris, à Madrid, à Pointe-à-Pitre. Pour les amoureux de la liberté, pour le respect des véritables droits de l’homme, il n’y a pas de temps pour sommeiller. « Veilleur où en est la nuit » ?

Edouard Boulogne.



Pour approfondir.



  • Louis Salleron : Libéralisme et socialisme (CLC, 31 rue Rennequin. 75017.Paris).

  • Kostas Papaïoanou : Marx et les marxistes (Flammarion).

  • Karl Marx : Le manifeste communiste, in Œuvres complètes, tome 1, (Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade).

  • Lénine : L’Etat et la Révolution (Seghers).

  • Robert Aron : Le socialisme français face au marxisme(Grasset).

  • Jean-Paul 2 : Centesimus annus (Pour une société digne de l’homme) : Editions du Centurion.

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