En contradiction avec le slogan officiel des Jeux- One World, One Dream –, les autorités chinoises préparent secrètement l'interdiction d'entrée dans
les bars de la capitale aux Noirs et aux autres populations "socialement indésirables".
Les propriétaires de bars situés dans le centre de Pékin ont déclaré au quotidien South china Morning qu'ils avaient dû, sous la contrainte du Bureau de la
sécurité publique, signer un document dans lequel ils promettaient de ne pas laisser entrer les Noirs dans leurs établissements.
"Des responsables du Bureau de la sécurité publique sont venus ces jours-ci, en civil, pour me demander de ne pas servir les Noirs et les Mongols", a déclaré
au journaliste du South China Morning Post le copropriétaire d'un bar au style occidental qui a souhaité conserver l'anonymat. Selon les propriétaires de ce
bar, les autorités de la capitale sévissent contre les Noirs et les Mongols afin de réprimer le trafic de drogue et la prostitution à la veille des
Jeux.
Quelques mois auparavant, la police pékinoise avait lancé une opération d'envergure contre les Noirs, habitués des bars du district de Sanlitun, le quartier
des expatriés de Pékin où se concentrent les bars occidentaux.
Le document qu'ont dû signer les tenanciers de bars de Sanlitun ne se limitait pas à l'interdiction de servir les Noirs ; ils devaient également promettre de
suspendre, le temps des Jeux, certaines activités telles que la danse ou les concerts. Ils ont pu conserver des copies de ce document, à l'exception des pages
concernant l'interdiction de servir les Noirs. Les autorités se méfieraient des accusations de racisme que pourrait déclencher la révélation de telles
mesures.
Au cours des dernières décennies, la présence de Noirs dans les grandes villes du pays a suscité des réactions violentes de la part des Chinois. Régulièrement,
des manifestations réunissant des centaines de milliers de personnes sont organisées pour protester contre la présence des étudiants africains. On reproche à
ces derniers de sortir avec de jeunes Chinoises.
"Le gouvernement local tente de contrôler tous les aspects de ce que vont vivre les étrangers pendant les Jeux", a déclaré au South China Morning Post David
Mitchell, un musicien de jazz résidant à Pékin, pour qui il devient de plus en plus difficile de trouver des lieux de concert dans la capitale.
"Tout vise à créer l'impression d'une stabilité sociale, mais ils ne comprennent pas que cette impression de stabilité est précisément le préjugé, d'ailleurs
infondé, que les étrangers ont sur la société chinoise, celui d'une société totalement contrôlée et qui n'a pas vraiment de vie culturelle".