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4 Juin 2008
Il y a longtemps que je t’aime
Juliette (Kristin Scott Thomas) après 15 années de prison est rendue au monde .Elle a tué son fils de 6 ans. Elle n’a gardé aucun lien extérieur sauf celui très ténu qui subsiste avec sa sœur Léa (Elsa Zylberstein) qui lui offre l’hospitalité. Juliette est refermée sur elle-même, silencieuse, aussi énigmatique que la raison de son emprisonnement. Elle côtoie la vie et les gens mais ne se laisse même pas effleurer. L’étrangeté d’Isabelle et son secret sont les piments du film. Elle a commis un crime, le pire, un infanticide et on comprend qu’elle soit impitoyable avec elle-même et à des années lumières des autres
Pourtant, l’acte a été commis, découvert, jugé et payé. C’est du passé. Il ne nous reste plus qu’à tenter de reprendre pied avec cette femme chancelante et pourtant endurcie, lourde de son immense culpabilité. Mais voilà que le film glisse très habilement sur la question de l’euthanasie : en effet, je dis « habilement » mais je pourrai, tout aussi bien dire, « humainement » car tout est mis en œuvre pour que les personnages, et nous-mêmes, nous attachions et nous interrogions avec compassion sur la personnalité de cette « mère exemplaire » qui a mis fin aux souffrances de son petit garçon….. Et par un inévitable os- cillement du cœur on se trouve dédouané en même temps qu’elle: «Elle a tué son fils pour le soulager ! » … Et nous voilà admettant et excusant l’euthanasie. Subtil, non ?
Il n’en est pas moins légitime de la regarder avec compassion et tendresse car c’est en elle que s’est lié et se déliera le nœud innombrable de l’amour maternel pour peu qu’elle accepte sa propre rédemption et l’amour que lui portent les autres.
Et pourtant, combien ce film aurait gagné en réalisme si Philippe Claudel n’avait pas tenté de faire pleurer dans les chaumières et avait laissé Juliette dans la noirceur d’un geste inexpliqué ! Laver la conscience de son héroïne et faire que les salles soient moins obscures a banalisé une histoire joliment ténébreuse, très bien interprétée par deux bonnes actrices, Scott Thomas et Zylberstein. Elles ont plongé dans des rôles assez abruptes et dépouillés, où les prises de vue ne la jouent pas glamour et où les dialogues sont pour le moins secs et elliptiques.
Les personnages masculins sont tout aussi bien tenus. Frédéric Pierrot en flic sensible et désespéré est épatant
Dommage que les dernière scènes transforment une magnifique tueuse en mère courage… dommage qu’Hitchcock soit trahi par Blanche Neige !
Marie Deval.
Il y a longtemps que je t’aime
Sortie 19 mars 2008-05-16 France
Genre : Drame
Durée : 1h55
Réalisateur : Philippe Claudel
Avec : Kristin Scott Thomas, Elsa Zylberstein, Serge Hazanavicius, Laurent Grevill, Frédéric Pierrot etc…