Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
7 Mai 2008
UN BEL AMOUR PLATONIQUE.
Un amour était né entre une petite perruche : < Arc en Ciel > et un jeune mulet de la ravine < Zaboca >, appelé par ses congénères : < Flèche d'Argent > en raison de la rapidité de ses déplacements et de sa couleur claire qui le faisait scintiller au soleil. < Arc en Ciel >, de son côté, ne passait pas inaperçue auprès de son entourage. Elle était revêtue de plumes admirablement colorées et, de plus, contrairement aux autres perruches, avait un chant mélodieux qu'elle se plaisait à faire entendre. Tous les jeunes mâles de son âge lui faisaient la cour, en particulier celui qu'on nommait < Bouton d'Or >. Mais < Arc en Ciel > ne répondait pas à leurs avances. Elle ne songeait qu'à < Flèche d'Argent > dont elle allait suivre les évolutions, perchée sur les branches d'un suretier qui surplombait le bassin où se tenaient, le plus souvent, les poissons. Elle faisait alors entendre son beau chant et < Flèche d'Argent > , tout en écoutant avec ravissement, exécutait toutes sortes de cabrioles. Mais leurs milieux naturels respectifs n'avaient jusque-là permis aucun contact. Un jour, une forte rafale de vent détacha incomplètement du suretier une branche basse munie de rameaux enchevêtrés et très feuillus qui, de ce fait, pendaient dans l'eau. < Arc en Ciel > descendit sur ces petits rameaux et, < Flèche d'Argent >, s'aidant des feuilles, sortit la tête de l'eau. Ils purent alors se toucher et < Arc en Ciel > caressait la tête du petit poisson avec les plumes de ses ailes. Pour profiter de ces instants de bonheur, elle avait arrêté son chant et ils restaient ainsi, l'un contre l'autre, jusqu'à ce que < Flèche d'Argent >, pour éviter l'asphyxie, soit obligé de retourner dans son milieu naturel. Il effectuait alors toutes sortes d'acrobaties pour se faire admirer et < Arc en Ciel > reprenait aussi son chant. Ils vécurent pendant plusieurs jours ces moments de tendresse qu'agrémentait un très beau temps. La ravine était particulièrement calme. Et puis, un jour qu'une pluie abondante était tombée sur la montagne où elle prenait sa source, la ravine eut une crue inattendue et si brutale que la branche déjà endommagée ne résista pas et fut emportée par le courant, entraînant avec elle < Arc en Ciel > qui ne s'y attendait pas. Elle allait se noyer lorsque < Flèche d'Argent > se précipita et, se
plaçant sous elle, la ramena sur la rive, où elle resta inanimée. Comme le courant grossissait encore et, craignant qu'elle soit à nouveau emportée, le petit poisson qui ne pouvait agir sur la terre ferme, chargea le colibri < F aie Rosé > de faire appel à son ami le rat < Sans Queue >. Celui-ci, ému par cette endresse, certes toute platonique, mais combien fidèle, venait quelquefois, caché dans les taillis environnants, admirer les amoureux. Avec précautions, il traîna < Arc en Ciel > dans une clairière et l'installa sur un lit de feuilles sèches. La chaleur du soleil ranima la petite perruche, mais elle était trop faible pour se déplacer. < Bouton d'Or >, appelé par < Sans Queue > qui le connaissait bien, se mit à lui apporter des graines de pimenté, de gommier ou de siguine ainsi que le suc prélevé sur les fleurs de rosés caïennes, de pommiers rosés ou de suriaux. < Sans Queue > fit appel à son compère le rat < Pas d'Oreille > et, à tour de rôle, ils montaient la garde pour empêcher les fourmis et autres insectes nuisibles de s'attaquer à ce petit oiseau sans défense. Lorsque, ses forces revenues, < Arc en Ciel > put enfin voler, elle alla sans tarder se poser sur le suretier et se mit à chanter. < Flèche d'Argent > à qui < Sans Queue > donnait pourtant régulièrement de ses nouvelles, ne s'attendait pas à un rétour aussi rapide; mais ravi, il se précipita et répondit au chant par force cabrioles entre lesquelles, il s'avançait vers le suretier pour contempler la petite perruche qui avait retrouvé tout son éclat. Et ils recommencèrent à s'admirer régulièrement. Toutefois, la nature ayant repris ses droits, < Arc en Ciel > eut plusieurs fois des petits avec < Bouton d'Or > ; mais, lorsqu'elle allait à la rencontre de < Flèche d'Argent > c'était le jeune mâle qui, n'éprouvant aucun sentiment de jalousie, couvait les petits œufs pour la libérer et, plus tard, s'occupait des oisillons après Féclosion. Le bonheur des deux amoureux, qui faisait l'admiration des autres animaux, aurait continué pendant longtemps si un événement tragique n'était venu l'interrompre. < Arc en Ciel > fût prise dans un piège à glu posé par le petit Pierre qui la mit en cage. C'était une fort belle cage faite de tiges de bambou et de < touches à coco >. Spacieuse, elle était munie d'un équipement complet : mangeoire, abreuvoir, plusieurs balançoires, etc...et pourtant la petite perruche dépérissait malgré les fréquentes visites de <Bouton d'Or> qui venait devant la fenêtre lui tenir compagnie; elle ne chantait plus et ses plumes perdaient leur éclat. Pierre, inquiet, s'adressa à < Sans Queue > qu'il connaissait bien et celui-ci lui raconta la belle histoire des amoureux. Comme il avait bon cœur, Pierre fut touché par la tendresse et la fidélité des partenaires de cette aventure; il ouvrit la porte de la cage, saisit < Arc en Ciel > et, après lui avoir caressé la tête pour la rassurer, ouvrit la fenêtre et la libéra de sa prison dorée. Aussitôt, elle s'envola vers le suretier où elle se remit à chanter. Dès les premières notes, < Flèche d'Argent > qui rôdait aux environs, ( il n'avait jamais perdu espoir de la revoir ) apparut en exécutant ses plus belles cabrioles. < Arc en Ciel > recouvra très vite la santé et ils reprirent leurs rencontres régulières. Mais, un jour, < Flèche d'Argent >, capturé par un pêcheur, ne vint pas au rendez-vous ; < Arc en Ciel > se renseigna auprès de < Sans Queue > et, quand il lui apprit la terrible nouvelle, elle s'envola vers le suretier et, après avoir chanté une dernière fois, sauta dans la ravine où elle fut emportée par le courant. Ainsi se termina cette touchante histoire d'amour.
L P.