Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

( 17 juin 2012 ) La Guadeloupe est-elle à 100% de gauche? par Edouard Boulogne.

pays-guadeloupe.gif

Hier, au deuxième tour des élections législatives en cours, trois députés, se réclamant, différemment, de la gauche ont été élus, s'ajoutant à l'élu du premier tour, M. Victorin Lurel.

Je ne donnerai pas ce matin, dans cet article les chiffres. Mais ils sont clairs : les candidats de gauche ont triomphé, ce qui était prévisible, puisque dans certaines circonscriptions « la droite » n'avait même pas envoyé de candidats.

Un deuxième constat est lumineux lui aussi. Malgré un taux d'abstention moindre qu'au premier tour, la participation n'a pas atteint la moitié du corps électoral. L'abstention est ce qui est le plus significatif.

Et cela n'est pas étonnant quand on considère la nullité intellectuelle du débat, et les comportements scandaleux de maints de nos élus. Que penser, par exemple, du ralliement en 24 heures de M.José Toribio, candidat à la suppléance de madame Jeanny Marc, député socialiste sortant, qui après avoir accablé d'insultes l'adversaire de celle-ci, Ary Chalus, ( divers gauches ) se rallie à ce dernier en vue du deuxième tour, ,moyennant certaines promesses alléchantes?

Donc, si l'on en croit les étiquettes, et le charabia journalistico-politicien, la Guadeloupe est à gauche.

Peut-être. Encore faut-il s'entendre sur le sens des mots.

La représentante des verts-Guadeloupe, ( Mme Maxo, il me semble ) sur Guadeloupe première, semblait confondre le socialisme et le social. Et pour elle, évidemment, la droite est l'instrument des riches, le moyen de la conservation de leurs privilèges.

Pour elle, et pour toute la propagande de l'actuelle gauche, en métropole aussi d'ailleurs, cette dichotomie est le leit-motiv, répété à satiété.

La gauche c'est le social, la tolérance, la générosité, l'ouverture à l'autre, et le dynamisme tous azimuts.

La droite au contraire, selon les mêmes, c'est l'exploitation des pauvres, des faibles, l'intolérance, le racisme ( et ne l'oublions pas...la fameuse exclusion ) , l'immobilisme crasse.

Or, cette vision bipolaire et partisane ne correspond en rien à la réalité.

Prenons un exemple. Toutes les réformes réalisées en France en 1946, le vote des femmes, la création de la sécurité sociale, certaines des grandes nationalisations, qui, dans un pays en ruines, s'imposaient, contre tout « libéralisme » dogmatique, etc, furent réalisées sous l'égide, et sur la volonté expresse du général de Gaulle qui était clairement un homme de droite.

histoire-de-la-resistance-1940-1945-francois-georges-dreyfu.gif

 

Les grands historiens, tel François-Georges Dreyfus ( dans son Histoire de la résistance. Editions de Fallois ), ont rappelé que les grandes réformes de la libération furent cogitées et préparées, durant la guerre, par des hommes qui pour la majorité venaient de mouvements de droite d'avant guerre, et notamment de la royaliste Action Française.

Faut-il rappeler que de 1945 à 1991, le pays modèle du socialisme l'URSS, de sinistre mémoire, fut une catastrophe économique, sociale et écologique, tout en donnant des leçons de morale au monde entier, et au monde capitaliste en particulier.

Faut-il rappeler à notre gauche française, ( et guadeloupéenne en particulier puisque nous sommes en Guadeloupe ) qu'en matière d'ouverture à l'autre, et de tolérance, le totalitarisme soviétique, pris comme référence, pourrait passer pour une tonitruante blague, s'il n'avait été l'origine intellectuelle, et le maître d'oeuvre magistral de l'extermination de dizaines de millions d'hommes.

Rappelons encore que le nazisme hitlérien ne fut absolument pas une idéologie de droite, mais très exactement le contraire. Sans entrer dans des détails qui excéderaient beaucoup les limites et la finalité de cet article, s'il y a une comparaison éclairante du nazisme avec un régime politique actuel ( toutes choses égales évidemment 80 ans après ), c'est celle de l'Allemagne d'Hitler et de la République populaire de Chine en l'an de disgrâce 2012.

Non! La gauche ce n'est pas le social. Ou plutôt disons qu'elle n'en a pas le monopole.

Et si la droite, du moins la droite classique ( dans une acception tion qui remonte au XIXème siècle ), est attachée au régime de la propriété privée des biens de production, à celui de la libre entreprise, et du profit légitime pour ceux qui ont eu la volonté d'entreprendre, le courage de risquer, il faut l'en remercier et lui en tenir gré.

Car, chère madame Maxo, et chers démagogues ( parfois aussi, non pas chers, mais coûteux crétins ) socialistes, pour faire du social, de la distribution, et même le fameux RMI, sur lequel vous faisiez la moue hier soir, mais qui a le mérite d'exister ( demandez à ceux des pays qui n'en dispose pas dans leur arsenal d'aide aux gens en difficultés ) il faut qu'il y ait de la richesse. Et à ce jour, ce sont les programmes d'inspiration droitière, et/ou libérales, qui ont su en créer.

Qu'il y ait pour le chef d'entreprise qui réussit, une tendance bien humaine à ne pas distribuer autant qu'il le pourrait une part de son profit à ses employés qui sont, pour une part, co-créateurs de la richesse créée, c'est très souvent la réalité. Et ce devrait être la tâche de véritables syndicats, partenaires sociaux, et non pas militants politiques démagogues de jouer un rôle dans la bonne répartition des biens créés. Hélas! Nos syndicats français se comportent en partis politiques extrémistes beaucoup plus qu' en partenaires sociaux.

Or il ne s'agit pas de tuer la poule aux oeufs d'or.

Non, le socialisme ce n'est pas la justice sociale, c'est une vision de la société, où l'étatisation de toute la vie, pas seulement économique, mais aussi, spirituelle, intellectuelle, morale, etc, est la règle. Où l'Etat se prend pour l'agent économique, ce qui a toujours abouti à la stérilité, et à la paupérisation générale.

Sans doute, l'électorat guadeloupéen, mis en condition par une propagande généralisée, à l'école, par les médias, et même, parfois, par certains groupuscules religieux, ( dont la pensée économique imbécile, beaucoup plus que la pensée théologique, donne un idée de l'infini ) est-il pour l'instant pénétré de cette vision erronée. On lui a fait croire que voter à gauche assurerait une augmentation substantielle des salaires. Un professeur de mes amis, me signalait peu avant la présidentielle, ce propos d'une de ses élèves ( de la côte sous le vent ) 18 ans et qui allait voter pour la première fois : «  Sarkozy veut supprimer le RMI, et en plus ...il n'est même pas français » ( sic !!!!!!!). Résultats quatre élus.

En ce sens, et ce n'est pas très positif, la Guadeloupe est certainement «  de gauche ».

 

Mais rien n'est simple. Aux temps chargés d'espérance de nos communo-socialistes, en l'avenir radieux, la gauche était séparatiste. Et la droite départementaliste.

Les Guadeloupéens voudraient peut-être bien, en bons français, gagner plus en travaillant moins, mais ils ne sont pas plus stupides que d'autres, et tuer la poule aux oeufs d'or ne leur paraît pas très intelligent.

Je me souviens, par exemple, de ces législatives de 1978, où ( il y avait alors trois circonscriptions ) « la droite » réalisa le grand schelem : trois députés UNR ( l'équivalent, alors, de l'UMP ), élus.

A tel point que la socialiste Michaux-Chevry, en 1980 rallia « la droite ». C'était le moment où Mitterrand entamait son parcours aventureux. Lucette Michaux-Chevry, avec le talent que chacun lui reconnaît, accomplit alors sa grande carrière, « à droite » tout en restant à l'affut des courants d'air sans lesquels les politiciens sont condamnés à brève échéance à couler corps et bien.

Lucette en 1999 crut le moment venu du changement d'air, et de rentrer dans l'histoire en déportant la Guadeloupe vers un régime d'autonomie qu'elle croyait dans l'air du temps, quand il n'était que gargouillements du système digestif des séparatistes.

C'est à ce genre d'erreur que l'on découvre qu'un baromètre s'est déréglé. Ce fut le referendum de 2003, et la mise au rencart du maire de Basse Terre. Alors la Guadeloupe fut de droite, c'est-à-dire, conservatrice d'elle même, soucieuse de son avenir.

Et pour prendre le pouvoir local, le... socialiste Lurel, jusqu'alors se traînant lamentablement dans une vie d'éternel chien battu, devint de droite ».

Lurel devint « de droite », tout en demeurant « socialiste ».

C'est cet alliage de la droite et de la gauche, au sens très guadeloupéen de ces termes, qui fait la fortune (politique ! ) actuelle de Victorin.

Combien de temps cela durera-t-il? Je sais que monsieur le ministre est féru de lectures, et notamment des écrivains du siècle des lumières. Je lui conseillerais de relire Voltaire, et particulièrement cet aphorisme : «  Mon Dieu! Protégez-moi de mes amis! de mes ennemis, je me charge ».

A ceux qui s'inquiètent par trop des résultats d'hier dans notre département, je conseillerais de garder la tête froide.

Madame Carabin hier UMP est-elle devenue réellement de gauche ( divers gauche )? Elle est trop électoralement intelligente pour ignorer que son électorat, comme hier celui de L M-C, ne lui pardonnerait pas une trahison sur l'essentiel à ses yeux. Son magnifique résultat d'hier, à une étiquette près ( qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ! ) est le même qu'en 2007. A ces électeurs il convient d'ajouter ceux qui se sont portés sur M.Bernier ( ancien suppléant du maire du Moule), et, très probablement la majorité de ceux de M. Cédric Cornet, qui n'a pas le profil d'un gauchiste forcené.

Alors? La Guadeloupe ayant basculé à gauche? Laissons ces balbutiements infantiles aux « spécialistes » de notre « science politique » locale qui les formuleront avec le même sérieux pontifical que M. de Talleyrand, pseudo évêque, ne croyant ni en Dieu ni au diable, et qui disant une célèbre messe au Champ de Mars, murmura à son assistant, au moment de l'élévation : «  surtout ne me faites pas rire »!

Oui, chers amis, nous autres Guadeloupéens, nous avons bien des défauts ( pas la peine de les énumérer, nous les connaissons tous ). Mais nous avons aussi quelques qualités. Nous avons le sens de nos intérêts, et nous n'entendons les laisser bafouer par personnes.

C'est pourquoi nous pouvons à de certains moments voter à gauche quand il nous prend des envies dépensières, ou simplement frondeuses à la manière des adolescents que nous sommes bien souvent dans nos comportements, même après la soixantaine.

Mais quand la tempête s'annonce, que les naufrageurs croyant leur heure venue s'agitent sous nos fenêtres, nous nous ressaisissons. La bonne vieille droite est là, vieille bouée, qu'on calomnie beaucoup par temps calme, mais qu'on rejoint pour sauver l'essentiel.

La droite morte? Rions trois fois.

Il ne suffit pas d'attendre toutefois. Il faut agir, penser un peu, oui, même un peu.

Cela change vous savez.

A ces élections législatives, je n'aurais voté pour aucun des candidats finalement élus.

Mais enfin! Lurel, Chalus, Carabin ( et même ti Jalton ) avouez que l'on a déjà vu pire.

 

Edouard Boulogne. 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article