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Sectes : Questions sur une polémique, par Edouard Boulogne.
22 Février 2008
Rédigé par Edouard Boulogne et publié depuis
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Les sectes : questions sur une polémique.
Une polémique fait rage actuellement en France. Elle porte sur les sectes, leur dangerosité, leur importance réelle ou supposée dans notre pays. Sa cause, en tout cas son prétexte, est
une déclaration qu’aurait faite au journal VSD madame Emmanuelle Mignon, une collaboratrice du chef de l’Etat. Selon VSD madame Mignon aurait minimisé le danger sectaire, elle aurait dit « qu’en France les sectes sont un non problème ». Et puis madame Mignon critique l’inefficacité de la
Miviludes, chargée de l’étude des sectes, une de ces nombreuses organisations, véritables providences pour fonctionnaires et amis à placer par les puissants qui se font ainsi une clientèle
politique dévouée et qui coûtent d’autant plus chers aux contribuables, qu’elles ne servent généralement à rien, sauf à surgir soudain sur ordre de leurs maîtres pour aboyer selon leur bon
plaisir, au service de leurs lubies et de leurs passions.
L’intéressée dément avoir minimisé le danger représenté par les sectes.
Mais que pèse une parole de conseiller de président (Sarkozy) contre celle d’un journaliste, surtout d’un journaliste de gauche ?
LE FIGARO l’interroge : « - Dans une interview accordée à VSD, vous avez déclaré : «En France, les sectes sont un non-problème». Emmanuelle MIGNON. - Je n'ai pas dit la phrase que l'on me prête. S'il y a des mouvements sectaires qui abusent de la faiblesse des gens ou qui troublent l'ordre public, ils constituent
un problème. On cherche d'ailleurs les moyens de renforcer notre action contre ces mouvements. Mais ce n'est pas parce qu'un mouvement spirituel n'appartient pas officiellement à une Église
traditionnelle, comme l'Église catholique, qu'il est nécessairement sectaire. Si ces mouvements ne troublent pas l'ordre public, il n'y a pas de raison de les interdire par respect pour la
liberté de conscience ».
On sait que ces précisions sont restées sans effet, que de Besancenot à Le Pen, en passant par Hollande, François Bayrou, et Ségolène Royal, (relayés par une presse que l’on disait,
d’après monsieur Bayrou, entièrement contrôlée par Sarkozy), on clame que les libertés fondamentales sont menacées, la laïcité sur le point d’être abolie.
Pourquoi tout ce tintouin ? Le danger est-il là où on nous le dénonce,….ou ailleurs ?
Il faut peut-être un peu se renseigner, réfléchir et prendre son temps plutôt que de glapir avec les chacals, en longues théories entre Nation et République, ou de Fouillole à la
Place des martyrs, en passant par Carénage.
Que nous dit un dictionnaire sérieux des « sectes » ?
Voicila définition du Robert, édition de 2007 :
« Secte [sɛkt] nom féminin
1 Groupe organisé de personnes qui ont la même doctrine au sein d'une religion. Membre d'une secte. * adepte, sectateur. Sectes religieuses. Les grandes sectes de l'islam. Une secte
hérétique. Les Quakers, secte des Mormons. « des sectes bizarres, qui s'efforcent de s'ouvrir des chemins extraordinaires vers le bonheur éternel » (Tocqueville).
2 Spécialt Communauté fermée, d'intention spiritualiste, où des guides, des maîtres exercent un pouvoir absolu sur les membres. Les religions luttent contre les sectes. Sectes
d'inspiration orientale. La secte Moon. Le gourou de la secte.
3 (1630) Vx Ensemble de personnes qui professent une même doctrine. * école. Sectes philosophiques de l'Antiquité. Mod. et péj. Coterie, clan. chapelle. « Bien que l'art ne soit pas une religion, la secte obéit […] à la définition même de la foi » (Malraux). »
Ce qui saute aux yeux c’est que le sens du mot n’est pas univoque. La définition à laquelle chacun pense, aujourd’hui, selon l’usage courant, et notamment dans la polémique qui retient notre attention, est celle que le Robert range en seconde position de
sa nomenclature. Et quel être en bonne santé mentale ne souhaite pas tenir en respect ces « communautés fermées », etc, dirigées par des gourous pervers
(Le Rotary??? Allons! Allons! même s'ils
sont partout, et même, parait-il dans le Sacré Collège!!).
Mais le fait est qu’il y en a d’autres ; que l’usage N° 1, et surtout l’usage N° 3, « ensemble des personnes qui professent une même doctrine » ou une même foi, pourraient permettre une
lutte « antisecte », aussi perverse qu’illégitime, parce que reposant sur un usage ambigu et détourné de la langue.
J’ai relu, hier soir, l’ouvrage intitulé « Encyclopédie des sectes dans le monde », publié par Christian Plume et Xavier Pasquini, en 1980, (éditions Alain Lefeuvre). Ce gros ouvrage de 486 pages répertorie les sectes, à cette époque, et fait suivre chaque intitulé d’une notice plus ou moins longue. Sa lecture, bien édifiante, illustre à merveille mon propos, et incite à la prudence et à l’esprit critique. Parmi les « sectes » énumérées par nos bons apôtres il y a évidemment, pêle-mêle, Monseigneur Marcel Lefèvre et sa Communauté St-Pie X, et « l’Ordre Souverain du temple solaire », « le
Club de l’Horloge » et les « Falashas », la « Gay Church » et « l’Institut métapsychique international », le « Collège druidique Traditionnel » et le « Rotary Club », les « Témoins de Jehovah »
et le Lions Club », « l’Eglise de Satan » et…je vous le donne en cent, je vous le donne en mille : « l’Eglise Catholique » (la secte qui a réussi, précisent les auteurs) , le « Secours Catholique
», le « Scoutisme » (sic) etc, etc.
(Le scoutisme, une secte? Soyons sérieux!
Mais comme il est majoritairement chrétien... alors...!!!)
Dieu sait pourquoi, ( j’ai l’esprit si mal tourné! ), j’ai couru à l’article consacrée à la Franc Maçonnerie. J’y ai lu : « Pour beaucoup la franc-maçonnerie est assimilable à une secte.
Qu’elle soit fermée peut le faire croire, de même que les mystères qui l’entourent. Mais en réalité ( aahhh ce « mais ». Note du Scrutateur) elle ne correspond pas à la définition de la secte,
puisque aucun culte n’y est enseigné ni aucune vérité révélée» Ben, voyons ! S’ils nous le disent ! ! En tout cas, voici, chers lecteurs, une piste pour qui serait intéressé par une recherche des commanditaires de ce curieux ouvrage.
Peut-être entrevoit-on que les propos de madame Mignon, cités plus haut ne sont point si légers que l’affirment ses détracteurs. La conseillère du président veut, sans doute, faire comprendre que sous le nom de lutte antisecte, peut se cacher une opération d’intolérance redoutable. Que la défense de la
laïcité , en fait la promotion d’un laïcisme de combat (voir notre article récent dans le Scrutateur : Sarkozy et la Laïcité) peut cacher une lutte sans merci contre, par exemple l’Eglise
catholique, à cause du culte qui est le sien, de « la vérité révélée » : l’Evangile, qui est la sienne. Ceci au nom du refus, franc-maçon par exemple, de toute vérité, de tout culte, refus qui est pourtant leur dogme, le relativisme, ce dogme (paradoxalement) unique et
redoutable en train de transformer l’Europe en désert spirituel. Cf. Jean-François Mattéi : « Le regard vide, essai sur l’épuisement de la culture européenne ». Flammarion).
Il y a un mois, en visite officielle à Rome, dans un discours au Latran, qui a fait du bruit, Nicolas Sarkozy a osé parler des racines chrétiennes de l’Europe, osé dire que la croyance
religieuse a une importance sociale et humaine considérable, qu’elle n’est pas réductible à la superstition.
Et si c’était cela qui ne lui était pas pardonné ? Et si c’était cela ( bien plus que ses aventures avec Carla, que ses regrettables maladresses sur certains sujets ) qui expliquait le
lynchage dont il est l’objet depuis… un mois précisément, pour la plus grande joie de ses adversaires, ce qui est dans l’ordre des choses, mais aussi d’esprits légers, et d’imbéciles
fieffés?
Je ne suis pas un « sarkoziste », j’ai émis à plusieurs reprises des critiques argumentées contre ce qui me paraît discutable dans son comportement politique.
Mais je ne puis chasser en meute.
Comme disait le poète : « les animaux lâches vont en troupes, le lion, s’il le faut, marche seul dans le désert ».
Edouard Boulogne.
( Ce livre, Dictionnaire des
groupes religieux aujourd'hui, écrits par deux spécialistes compétents, et reconnus de tous, aux éditions PUF, est autrement sérieux sur la question évoquée ce jour que celui de Plume et
Pasquini).
PS : On le sait, et c’est sûrement vrai, puisque toute la presse le dit, écrite, parlée, informatique : Nicolas Sarkozy contrôle les médias, grâce à ses amis milliardaires, menace les «
libertés républicaines ». Un grand éditorialiste du matin (je parle de sa taille) sur RCI, en Guadeloupe, a même parlé de « dérive totalitaire.
Amis lecteurs, vous ne trouvez pas qu’il y a quelque chose qui cloche ?
Ou alors, ce Sarkozy, il est vachement masochiste ! !