10 Février 2008
Enseignement :
( 2009 ) : Enseignement : «Je dois remercier les personnes obligeantes qui
recueillent mes leçons, mais en même temps les prier de ne donner à ceci aucune publicité. Je parle avec confiance à vous, à vous seuls, et point aux gens du dehors. Je ne vous confie pas
seulement ma science, mais ma pensée intime sur le sujet le plus vital. C'est justement parce que cet auditoire est très nombreux, très complet (d'âge, sexe, provinces, nations...), que j'y
sens l'humanité, l'homme, c'est-à-dire moi. De moi à vous, de l'homme à l'homme, tout peut se dire. Il semble qu'un seul parle ici : erreur, vous parlez aussi. J'agis et vous réagissez,
j'enseigne et vous m'enseignez. Vos objections, vos approbations, me sont très sensibles. Comment? On ne peut le dire. C'est le mystère des grandes assemblées, l'échange rapide, l'action, la
réaction de l'esprit. L'enseignement n'est pas, comme on le croit, un discours académique ou une exhibition; c'est la communication mutuelle doublement féconde d'un homme et d'une assemblée qui
cherchent ensemble. La sténographie la plus complète, la plus exacte, reproduira-t-elle le dialogue ? Non, elle reproduira seulement ce que j'ai dit, et
pas même ce que j'ai dit: je parle aussi du regard et du geste. Ma présence et ma personne, c'est une partie considérable de mon enseignement. La meilleure sténographie paraîtra ridicule parce
qu'elle reproduira les longueurs, les répétitions très utiles ici, les réponses que je fais souvent aux objections que je vois dans vos yeux, les développements que je donne sur un point, où
l'approbation de telle ou telle personne m'indique qu'elle voudrait m'arrêter. [...] Donc il faut laisser voler ces paroles ailées. Qu'elles se perdent, à la bonne heure ! qu'elles s'effacent
de votre mémoire, si l'esprit en reste, c'est bien. C'est là ce qu'il y a dans l'enseignement de touchant et de sacré. Que ce soit un sacrifice, qu'il n'en reste rien de matériel, mais que tous
en sortent forts, assez forts pour oublier ce faible point de départ. Quant à moi, si je craignais que mes paroles risquassent de geler en l'air et d'être reproduites ainsi, isolées de celui
pour qui vous avez quelque bienveillance, je n'oserais plus parler. Je vous enseignerais quelque table chronologique, quelque sèche et triviale formule, mais je me garderais d'apporter ici
comme je fais moi-même, ma vie, ma pensée la plus intime. »
Europe :
( 2009 ) Europe : « La crise d'existence de l'Europe n'a que deux issues : ou bien l'Europe disparaîtra en se rendant toujours
plus étrangère à sa propre signification rationnelle, qui est son sens vital, et sombrera dans la haine de l'esprit et dans la barbarie ; ou bien l'Europe renaîtra de l'esprit de la
philosophie, grâce à un héroïsme de la raison qui surmontera définitivement le naturalisme. Le plus grand péril qui menace l'Europe, c'est la lassitude. Combattons ce péril des périls en « bons
Européens », animés de ce courage que même un combt infini n'effraie pas. .Alors, de la flamme destructrice de l'incrédulité,du feu où se consume tout espoir en la mission humaine de
l'Occident, des cendres de la pesante lassitude, ressuscitera le Phénix d'une nouvelle intériorité vivante, d'une nouvelle spiritualité; ce sera pour les hommes le gage secret d'un grand et
durable avenir : car seul l'esprit est immortel ».
Jules Michelet.
E. Husserl.
Pour ceux d'entre vous qui seraient intéressés par le sujet, cliquer sur le lien ci-dessous, qui permet d'accéder à mon article sur l'étude de Jean-François Mattei sur le même sujet. Un diagnostic à la fois implacable et vivifiant, en ce qu'il indique les voies d'un renouveau :