10 Février 2008
JUSTICE.
Jus, juris : le droit, en latin).
Justice = application du droit. Donc accord entre la règle de droit et l’action individuelle. Exemple : le code de la route. La justice est dans le respect de ces lois.
Justice est aussi l’appareil d’évaluation de ce qui est évoqué ci-dessus (juges, magistrats divers, codes, etc).
Mais justice a un sens moral aussi. Ex : un homme juste, un « juste ».
Exempls de « justes célèbres » : St-Louis, le roi Salomon,. Ils sont des juges justes, dans la mesure où ils s’élèvent au dessus de la simple règle de droit. Cf Bergson pour qui le vrai juste, l ‘âme pénétrée d’un vrai sentiment (transcendant) de la justice s’élève au-dessus du droit positif, du lieu, du moment, de la lettre de la loi.
Le juste n’est pas seulement celui qui veille au respect des lois de la cité, mais celui qui cultive aussi la justice en lui-même. (Cf Platon : justice intérieure = l’harmonie des fonctions de l’âme.
I) Formes de la justice.
J = respect et défense des droits de l’homme. Elle veille à ce que chacun respecte l’autre dans le cadre du contrat tacite qui régit une société.
1. La justice individuelle, légale ou sociale.
a) Individuelle ( diff de individualiste).
Elle fait le juste, c-à-d vie personnelle unifiée en fonction d’un idéal social. Ce juste est un sage, idéal de la philosophie. (Sage domine ses passions, s’élève au sens de l’universel auquel il sait sacrifier son égoïsme, auquel il subordonne ses ambitions). Au dessus du juste est le saint, réglé par l’amour (Aimez vous les uns les autres ; aimez vos ennemis etc).
Ex : le Christ, le père Kolbe, etc.
b) Légale.
Obéissance à la loi. Mais attention au légalisme. « Summum jus, summa injuria » c-à-d l’application la plus grande (littérale) de la loi, est la plus grande injustice.
Exemple (authentique : un commissaire d’aéroport, à une escale, laisse à terre deux bambins parce que la convoyeuse n’avait pas les papiers strictement en règle. Les 2 petits se sont perdus durant 3 jours dans une ville inconnue alors que leur mère les attendait dans un aéroport d’une ville étrangère.
c) Sociale.
Organisation du bien commun. Crée des institutions qui aident à rétablir un équilibre juste, face aux inégalités naturelles. Sécurité sociale, assistances diverses (RMI, allocations diverses, etc). Attention aux effets pervers (ex : l’assistanat).
2) Justice commutative, distributive, rectificative.
a) Commutative.
Suppose une égalité de principe entre les contractants dans le cadre des contrats et échanges. Ex l’Etat emprunte aux particuliers. Il rembourse au bout de 10 ans. Mais entre-temps le pouvoir d’achat a baissé de 50%. (injustice).
b) Distributive.
Tient compte des proportions. Ex : les citoyens sont égaux devant l’impôt. Mais ceux qui gagnent plus payent plus.
c) Rectificative.
La justice est susceptible d’appel et d’évolutions.
Ex : cours d’appel, de cassation, modification de la loi par les parlements. Mais parfois l’évolution peut être régressive, et les appels fautifs. La justice humaine n’est pas infaillible.
II) Justice et charité.
a) Charité (caritas : amour, en latin).
Notion d’origine chrétienne. Inspirée par l’amour. Ex la parabole des ouvriers de dernière heure.
Charité est différente de la bienfaisance.
Ainsi St augustin écrivait : « La charité est pure de toute arrière pensée ; si l’on donne à un pauvre, ce peut être par désir de l’humilier, de le dominer, ou de l’assujettir. Ce qu’il faut vouloir pour celui qu’on aime c’est qu’il soit notre égal ».
Conclusion :
Justice et charité ne doivent pas s’opposer mais se compléter.
« La Théorie de la justice comme équité prend donc son point de départ dans une certaine tradition politique et pose comme son idée fondamentale l'idée de la société comme système équitable de coopération dans le temps, entre une génération et une suivante. Celle idée organisatrice centrale est développée parallèlement à deux idées fondamentales, celle des citoyens (engagés dans la coopération) comme personnes libres et égales et celle de la société bien ordonnée comme société effectivement gouvernée par une conception politique de la justice. Nous supposons également que ces idées peuvent être organisées en une conception politique de la justice qui peut obtenir l'appui d'un consensus par recoupement. Un tel consensus est formé de toutes les doctrines raisonnables mais opposées, qu'elles soient morales philosophiques ou religieuses, qui ont des chances de persister à travers les générations et de gagner un nombre considérable d'adhérents dans un régime constitutionnel plus ou moins juste, un régime dans lequel le critère de la justice est cette conception politique elle-même »".
John Rawl.( Libéralisme politique ).