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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Carnavals d'autrefois en Guadeloupe, par Jean-Baptiste FISSIER.

 

2 Février 2008

Publié par Edouard Boulogne

CARNAVALS D’AUTREFOIS EN GUDELOUPE.

[Ce texte a été rédigé par un vieil ami du Scrutateur, aujourd’hui, hélas ! décédé : Jean-Baptiste FISSIER.
Il tombe à points pour nos lecteurs en ces jours de Carnaval (2 février 2008)].

Il n'existe pratiquement pas, ou plus d’archives auxquelles il serait possible de se référer pour connaître les origines des fêtes du Carnaval des Antilles avec quelques certitudes de vérités, sauf peut-être certaines documentations conservées à titre privé par des collectionneurs ou provenant d'héritages.
Les  sinistres qui au cours des décennies ravagèrent les villes antillaises, notamment  l'éruption de la Montagne Pelée qui en  mai 1902 effaça St Pierre de la Martinique  de la carte du monde, aussi les incendies qui, à Basse-Terre, en Guadeloupe dévorèrent autour des années 30 (et en quelques instants) le Palais du Conseil Général et le Palais de Justice, sans d'ailleurs oublier le tremblement de terre qui le 8 Février 1843 ne laissa presque rien de Pointe-à-Pitre, ces multiples sinistres donc, se sont chargés de faire  disparaître les documents qui pouvaient  exister.
Les quelques souvenirs qui subsistent viennent presque uniquement de la tradition orale, du moins pour ce qui intéresse la période antérieure à la fin de la première Guerre Mondiale.
On croit savoir que les fêtes du Carnaval teI qu'il était célébré jusqu'à 1940 aux Antilles résultaient surtout des coutumes importées dans le «Nouveau Monde» par les flibustiers et les colons, français et espagnols.
Ces traditions, ou ces coutumes ont, comme on le sait, bénéficiant de l’important apport africain, survécu et se et se sont même amplifiées, comme dans le fantastique ensemble des festivités du carnaval de Rio.
Aux Antilles (comme dans tout le monde chrétien) le Carnaval s'étend du dimanche de Janvier (l'Epiphanie ou jour  des Rois») au Mercredi des Cendres lendemain du Mardi Gras.
Mais, jusqu'à ces deux derniers jours il ne se concrétise généralement, et ce depuis de très nombreux années, que par des bals privés ou le plus souvent d’associations ou de Sociétés Sportives qui leur sont un moyen efficace de renflouer leur trésorerie.
La coutume des bals masqués ou travestis aurait à peu près complètement disparu depuis 1922-23.
Il faut néanmoins signaler qu'en 1924, sous l'impulsion de M. Maurice Fissier, le «Père de la Banane des Antilles» (dont une rue de Basse Terre perpétue le souvenir), eut lieu à Basse-Terre, pour la première et dernière fois une remarqua-ble et fort importante calvacade à l'occa-sion de la Mi-Carême.
Tout le commerce de Basse-Terre et des villes et communes proches, tous les jeunes y participèrent avec enthousiasme autour de Maurice Fissier. Mademoiselle Catherine Gitany, de Basse-Terre, fut sacrée Reine des reines de cette formidable manifestation. Un bal monstre, qui attira des participants de toute la Guadeloupe, donné dans les sa-lons de la Mairie de Basse-Terre, clôtura ces festivités auxquelles la Chambre de Commerce et la Municipalité de Basse-Terre avaient apporté un appui sans réser-ve. Mais, il nous faut en revenir à l'épo-que du Carnaval proprement dit, c'est-à-dire au Mardi-Gras.
Jusqu'en 1946-47, il consistait sur-tout dans les Antilles françaises, en un défilé non organisé, se propulsant sans ordre, de petits groupes, voire d’isolés, revêtus d’oripeaux et masqués.

A Basse-Terre cependant (que nous connaissons mieux), durant près de vingt ans, un très amusant garçon du Carmel, Gérard Budon, parcourait, le «Jour des Rois», les rues de la ville, accompagné d'un tambour dont l'instrument n'était qu'un bidon à pétrole (en créole : on bombe-fè-blanc) pour annoncer à son de caisse dans les carrefours, par un discours (pratiquement toujours le même) qui fai-sait crouler de rires ses auditeurs, la naissance d'un nommé «Carnaval».
Le Mardi gras le revoyait dans les mêmes carrefours, mais Gérard Budon informait alors ses auditeurs du décès imminent du même « Carnaval », décès provoqué par l’épuisement d’avoir  trop dansé et par l’excès des libations.
Des nuées de gamins, et même d’adultes le suivaient ne se lassant pas de l’écouter en s’esclafant.
Un groupe jouait traditionnellement une saynette dramatique (à chaque carrefour important) au cour de laquelle un père noble défendait, l’épée à la main , l’honneur de sa fille contre le suborneur de celle-ci. La troupe était costumée dans un style vaguement louis-quatorzien, voire mousquetairien, mais curieusement (il y avait coup d’épée mortel) le docteur et les infirmières arboraient brassards et voiles de la Croix-Rouge. Tous les propos et défis se déroulaient en chansons.

Ce spectacle était typiquement Bas-se-Terrien.
Dans plusieurs autres villes et com-munes de la Guadeloupe, des scènes diffé-rentes se jouaient dans la rue. Elles aussi suivies avec la même passion, la même émotivité par un public très attentif qui ne ménageait pas ses exclamations.
Les différents rôles de ces specta-cles se transmettaient généralement de pa-rents à enfants. Partout, dans l'après-midi, mais sur-tout à partir de la tombée de la nuit, des fantômes, revêtus d'un drap de lit blanc, parcouraient les rues harcelant et ef-frayant les passants. C'étaient les «Masse la Mo» (Masques «La Mort»).
Mais le Lundi-Gras, Basse-Terre avait reçu une visite qui n'était réservée qu'à elle. Celle d'une troupe, arrivée dès le matin par canots à voile ou à rames, de pêcheurs du Vieux-Fort.
Habillés de longues robes de madras à dominante rouge, absolument mécon-naissables sous leurs masques de treillis métallique peinturluré, et curieusement coiffés d'une sorte de turban autour du-quel brinqueballaient quantité de petits miroirs, ils parcouraient Basse-Terre, en file sur deux rangs, en dansant aux sons de flûtes traversières et de triangles. C'étaient les traditionnels «Masse Vié-Fô» (Masques du Vieux-Fort).
Non moins traditionnels étaient les «Masse Congo» qui parfois mimaient de sauvages combats à mains nues, ou à la sagaie, ou au sabre d'abattis, voire des scè-nes de chasse en brousse africaine.
Il ne faut pas non plus oublier les «Masse Z'indiens» et leurs défilés hauts en couleurs perpétuant dans toute la Gua-deloupe la tradition recueillie de leurs an-cêtres immigrés des Indes, imitation de cérémonies religieuses hindoues, tels ceux qui descendaient du Matouba pour faire admirer à Saint-Claude et à Basse-Terre leurs chants et leurs danses scandés par de minuscules cymbales de cuivre.
Signalons également un fait impor-tant que la très grande majorité de ceux qui parlent de «langage créole» et surtout de «créole écrit», passent généralement sous silence.
Il s'agit des «Duvises» (devises) qui semblent, à l'origine, dues à Baudot (1801-1870), pointois, (c-à-d originaires de Pointe-à-Pitre)  ancien notaire à Basse-Terre, qui est vraiment le premier écrivain notoire en langage créole, et que l'on redoutait pour ses facéties et ses commérages.
C'étaient de petits libelles anonymes, rédigés à 90% en créole dans lesquels de petites histoires humoristiques, fré-quemment empreintes de méchanceté, si ce n'est de médisance, dévoilaient les pe-tits travers, les infortunes parfois, des uns et des autres, faisant rire les lecteurs, et provoquant lazzis et gorges chaudes. Ces «duvises» paraissaient le samedi. Mais comme au fil des semaines, très rares étaient ceux qui passaient au travers, nul ne s'en fâchait vraiment.

C'est à la dramatique éruption de la Montagne Pelée de 1902 qu'est dû l'essai-mage de deux sortes de réjouissances jus-que là essentiellement et uniquement Pierrotaines (de St Pierre de la Martini-que) et réservées au Mercredi des Cendres.
La première est la fête (féminine) des «Guiablesses» (diablesses). Toutes les femmes et filles de St Pierre, s'habillaient ce jour là de robes et de madras mi-partie noir et blanc, avec une chaussure noire et une chaussure blanche.
Tout, en ce jour du Mercredi des  Cendres, leur était permis. Tout. Les  «Guiablesses» étaient maîtresses de la ville, intriguant, aguichant, affolant promeneurs... et promeneuses, dans les rues ou  aux bals faisant suite au Vidé.
La seconde de ces manifestations  Pierrotaines, que Fort de France à partir  de 1904, puis la Guadeloupe  adoptèrent est justement le «Vidé»,
Au soir du Mardi-Gras était promené  dans les rues un mannequin : «Vaval Carnaval... en tête des dernières cavalcades.
Vaval et les Guiablesses, étaient le  lendemain, théoriquement, les seuls personnages officiels de ce Mercredi des Cendres… Juste avant que ne tombe la nuit, Vaval, escorté de flambeaux, suivi de la longue cohorte de toute la population chantait et dansait, se dirigeait vers la mer. Un bûcher l'attendait, dressé sue le sable de la plage. Longtemps on dansait,  on chantait autour. Puis Vaval était en grande pompe placé sur le bûcher.
Solennellement, à l'aide d'une torrche la Reine des Diablesses boutait le feu au bûcher. Vaval flambait, brûlait, se consumait et disparaissait dans les cris, les hurlements, les transports de joie ( folle liesse populaire qui ne commerceraient à se dissiper que bien plus tard... aux petites heures d'un jeudi dont chacun désirait, souhaitait qu'il n'arrivât que le tard possible.


Jean-Baptiste FISSIER.

 

 

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F
Merci merci frere
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F
Ce jouer de tambour gerard etait mon pere que je n ai pas connu si possible avoir des infos merci
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F
Ce joueur de tambour c etait mon pere que je n ai pas vraiment connu si possible avoir des infos merci
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E
Dans l'immédiat je ne peux pas vous renseigner. Je vais voir ce que je peux faire.