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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Zéro pointé pour Le Point, par Edouard Boulogne.

Zéro pointé pour Le Point.

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    Je ne me console pas de la désaffection, apparente du moins, des français pour leur langue.
Apparente, car rien ne dit que nous ne sommes pas plus nombreux qu’on ne pense à déplorer le lamentable usage qui est fait du français sur les ondes, par les journalistes et les politiciens les plus « côtés », où dans une presse écrite où le snobisme règne, qui consiste à « être tendance » pourvu que la mode aille dans le sens du vulgaire ou de la plus crasse subversion.
Le dernier numéro du journal Le Point se surpasse, sans conteste, à cet égard. Ce représentant d’une « droite » molle et honteuse d’elle-même titre sur Fadela Amara, « La (holà !) ministre qui dérange » !
Je n’ose imaginer le déluge de sarcasmes (et de postillons !) qui m’eut été infligé (il y a déjà plus d’un demi siècle) par ma très redoutée, (et aimée) Suzanne, l’institutrice rigoureuse, au grand cœur, si je me m’étais permis une faute aussi grossière.
Car enfin, « ministre » est un nom du genre masculin. Il désigne une fonction, et doit être employé conformément à son genre, quel que soit le sexe de la personne occupant la fonction.
Zéro ! pour Le Point, zéro pour Ségolène (of course !), zéro ! pour les inconscients qui sabotent la langue française, et, en même temps l’avenir intellectuel (entre autres) des petits enfants de France.
Que la faute « pointée » soit aujourd’hui couramment commise (j’ai noté qu’au journal de treize heures de TF 1, Jean-Pierre Perneau, l’a malicieusement soulignée, pour la déplorer, chez une de nos Marie Chantal de la politique , et que le même Jean-Pierre est victime, ces jours-ci, d’une cabale bien étrange, et peut être pas totalement contingente ! !), n’est pas une raison pour se joindre à la cohorte caquetante des petits marquis de la déliquescence.
De même encore, dans ce même numéro du Point, (et de tant d’autres gazettes) l’usage abusif du mot « auteur » au féminin.
Dans un compte-rendu de lecture d’un livre sur Simone de Beauvoir, Jean-Pierre Amette ose écrire « L’auteure ne cache pas , cependant, etc… », faute reprise plusieurs fois dans le même article.
Parce que Simone de Beauvoir est une femme auteur devrait donc s’accorder avec le sexe de la personne qui œuvre. Un autre journaliste parlant d’une femme politique en parlait comme « d’une membre » de l’UMP. A ce compte, il faudra désigner bientôt le bras comme un membre, et la main comme une, n’est-ce pas ? ! ! !
Dans le même article cité plus haut, Jean-Pierre Amette parlant toujours de madame de Beauvoir, surnommée « le Castor » écrit qu’ « on voit avec quelle cruauté le Castor est pris de rage devant…etc ». Mais pour rester fidèle à sa logique il lui eut fallu écrire « LA » Castor. 
Après de tels dévergondages de plumes, comment demander à nos chères têtes bondes ou brunes, un semblant de logique et de correction grammaticale ?Gr--visse.jpg
Nos journalistes, qui passent pour être des professionnels de la chose écrite ou parlée, pourraient de temps à autre ouvrir une bonne grammaire du français, celle de Maurice Grévisse par exemple.
Ils pourraient lire, par exemple,  à propos des noms en –eur, que:
« a) Les noms en –eur auxquels on peut faire correspondre un participe présent en changeant –eur en –ant font leur féminin  en –euse ». Exemple  Menteur, menteuse. Avec des exceptions, par exemple enchanteur, enchanteresse.
« b) Les noms en –teur auxquels on ne peut faire correspondre un participe présent en changeant –eur en –ant font leur féminin en –trice ». Par exemple : directeur, directrice.

Deux pages plus loin Grévisse en vient au mot « auteur ».
« Certains noms de personnes n’ont pas de forme féminine », par exemple : Auteur, ou encore « professeur ». De même que certains noms n’ont pas de forme masculine ». Par exemple, lavandière, matrone, nonne, etc.

Mais il faudrait se donner du mal. Et la peine est la valeur la moins estimée de la pédagogie en France pour des raisons de subversion politique (que je n’aborde pas aujourd’hui, mais sur lesquelles je reviendrai), depuis mai 68, ou de paresse intellectuelle plus simplement.

J’imagine ma vieille Suzanne, lisant aujourd’hui une copie d’élève de terminale, ou pire une annotation de Ségolène Royal sur un livre d’or quelconque ( ! ! !). La pauvre ne s’ en remettrait pas.

La difficulté de la langue ne saurait être une excuse pour écrire et parler n’importe comment.
L’attention portée aux sourds muets, mais aussi aux enfants sauvages (ceux qui ont été élevés en dehors de toute ambiance sociale humaine, par des animaux par exemple, voir les livres de Lucien Malson : Les enfants sauvages, et le film de François Truffaut : L’enfant sauvage) montre à l’évidence qu’il y a des liens très étroits, et consubstantiels entre la langue et la pensée ; que celle-ci sera d’autant plus fine, et efficace que le langage sera plus riche et mieux utilisé. Ce qui faisait dire au philosophe Alain que « La langue est un instrument à penser. Les esprits que nous appelons paresseux, somnolents, inertes, sont vraisemblablement surtout incultes, en ce sens  qu’ils n’ont  qu’un petits nombre de mots et d’expressions, et c’est un trait de vulgarité bien frappant que l’emploi d’un mot à tout faire ».

Puissent ces quelques observations trop rapides prouver, que le souci de maintenir la langue, de gens comme le Scrutateur, ne relève pas du purisme ou de la manie professorale.

Notre époque, plus que par le passé, exige pour comprendre une actualité à la fois foisonnante et déformée par toutes sortes de charlatans, politiques, financiers, camelots de toutes boutiques, exige donc des têtes bien formées, bien faites, sous peine de sombrer dans l’esclavage le plus abject.

Est-il  excessif de penser, que les saboteurs de la pédagogie, les « réformateurs » de la grammaire, les simplificateurs du vocabulaire agissent en connaissance de cause, en sachant ce qu’ils font ?


Edouard Boulogne.




Au secours ! madame de Romilly.

(J’ai recours pour ma croisade en faveur de la langue française, à l’aide d’un auteur de poids, Jacqueline de Romilly elle-même. Madame de Romilly, membre de l’Académie française, a été aussi professeur de Grec ancien à la Sorbonne. Son œuvre est considérable. Elle a tout récemment publié aux éditions de Fallois, un livre excellent « Dans le jardin des mots ».
J’en publie ci-dessous des extraits du chapitre consacré à la mode de la féminisation des noms. Lisez, et faites connaître cette pensée roborative. EB).


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FÉMINISATION.


Lorsqu'il a été décidé que le mot ministre deviendrait féminin si la fonction était occupée par une femme, je n'ai pas été très heureuse. D'abord, cela me paraissait aller contre l'habitude du français, qui veut que les formes masculines prennent la valeur de ce que l'on pourrait appeler un neutre, c'est-à-dire puissent englober aussi bien le masculin et le féminin. On dira « nous avons été heureux, ma femme et moi, de vous revoir », et nul ne sera choqué que cette forme masculine convienne pour les deux sujets. Il en est de même lorsque l'on dit « tous les hommes sont mortels », il est clair que, dans ce cas, le mot hommes englobe, au masculin et au féminin, toute l'humanité.
C'est d'ailleurs là l'origine de cette définition qui nous avait jadis fort amusés quand nous lisions dans le dictionnaire pour le mot homme : « Terme générique, qui embrasse la femme » ! D'autre part, dans ma génération, nous avions, nous les femmes, été fières de réussir à nous présenter aux mêmes concours que les hommes et dans les mêmes conditions. Il était donc déroutant de voir aujourd'hui les distinctions se rétablir, fût-ce avec les meilleures intentions de la terre, sous la forme de débats sur la parité ou les quotas. Pourtant, je n'en ai point parlé ici, ne voulant pas offrir aux lecteurs des discussions trop mêlées et d'actualité et d'incertitude.

Mais aujourd'hui les choses se compliquent : dans un texte officiel récent, relatif à une promotion de la Légion d'honneur, on va de découverte en découverte. Ce texte a d'ailleurs soulevé quelque émotion et je citerai les réactions d'un député de Paris dans une question écrite (Gilbert Gantier) ou un article paru dans Le Monde (Bertrand Poirot-Delpech).
Dans ce texte, on voyait la féminisation s'étendre soudain à toutes les fonctions, à tous les métiers, à toutes les activités. Et elle y prenait des formes un peu insolites. Ainsi, moi qui ai enseigné toute ma vie, j'ai découvert alors que j'étais professeure ! C'est un exemple parmi d'autres sur cette liste ; mais je dois avouer qu'il m'a atteint au cœur.
Je n'ai jamais éprouvé de scrupule à entrer dans une salle où, même dans un lycée de filles, on lisait sur la porte les mots salle de professeurs. Et lorsque j'ai écrit un livre intitulé Nous autres professeurs, je n'imaginais guère que, pour me conformer au nouvel usage, je devrais un jour écrire « Nous autres professeurs et professeures » !
De toute manière, on ne crée pas des féminins avec cette légèreté. Et, puisqu'il s'agit des mots en -eur, je remarque que plusieurs féminins peuvent se présenter : on dit une directrice et une actrice ; mais une chanteuse et une masseuse ; certains mots ont même deux féminins, comme chasseuse et chasseresse. Ces différences tiennent dans certains cas à la nature du verbe correspondant, ou bien à la date de création et certains hasards de l'histoire peuvent jouer ; mais, de toute façon, nous sommes loin du compte avec ce petit e muet qui atteint soudain tant de métiers. Il se glisse là, de façon discrète, puisqu'on ne l'entendra pas, mais aussi sans que rien ne le justifie. À la limite, pourquoi ne se mettrait-on pas à écrire la couleure ou la blancheure, sous prétexte que ces mots sont féminins ?

Une telle pente m'inquiète ; mais déjà la liste qui nous est offerte touche en moi le professeur avec ou sans e muet. Je suis professeur de lettres. À ce titre, j'ai toujours eu à cœur d'enseigner aux jeunes la valeur des mots, leur étymologie et les règles de la langue française, avec l'orthographe des mots. Je crois fermement que c'est la condition première d'une pensée claire.
Mais comment veut-on que l'on puisse enseigner vraiment cette correction de la langue et de l'orthographe si, d'un trait de plume, on introduit de si brusques changements ? L'élève devra-t-il préciser à quel décret il se conforme ? Et ne s'inquiétera-t-il pas devant les textes antérieurs ? Quelle confiance aura-t-il en nous et en notre langue française ? Et comment la respectera-t-il ?
Je sais bien ce que l'on me dira : que peut-être le texte cité n'est pas tout à fait le texte officiel, qu'il y a eu des erreurs ou un excès de zèle de la part de rédacteurs. Une telle explication est possible. Mais c'est précisément là que je voulais en venir : nous ne saurons plus, dans l'enseignement, reconnaître ce qui est désir de se conformer à quelque règle nouvelle ou simple erreur d'étourderie ! Certes, la langue évolue ; la langue change , mais il n'est pas bon de la brusquer ni de la faire tituber, et la plus belle des causes ne saurait gagner à la traiter ainsi.



Jacqueline de Romilly.
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C
Merci pour avoir écrit en grosses lettres, ce que beaucoup pensent à haute voix !Pauvre langue française si malmenée par les médias !A quand une évaluation / sanction de nos journalistes de la presse écrite ?
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