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Pornographie, violence scolaire, matérialisme : la crise de la culture, par Edouard Boulogne.
16 Décembre 2007
Rédigé par Edouard Boulogne et publié depuis
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Pornographie, violence scolaire, démission familiale : crise de la
culture. (Certes on prête d'abord aux "riches".
Mais Hollywood est loin d'être seul).
Dans son édition du samedi 15 décembre 2007, le journal France-Antilles consacre presque toute sa deuxième page à rendre compte de la rapide dégradation, à tous égards, des rapports des
jeunes, entre eux, à l’intérieur de l’institution scolaire, et, de façon plus générale à l’égard de la société tout entière.
Les faits.
Même s’il importe de ne pas exagérer, ni généraliser, le compte rendu de mes confrères ne manque pas de pertinence et a lieu d’inquiéter. La pornographie se développe, et s’étale, disent-ils, grâce aux téléphones portables dont sont friands les adolescents, abondamment fournis en modèles des plus performants par leurs
parents. Une pornographie qui s’alimente en vase clos, si j’ose dire, c’est-à-dire, à l’intérieur des lycées et même des collèges. Selon les enquêteurs, les toilettes des écoles seraient parfois
de vrais studios de production frelatée, et même les salles de classe (dans l’une d’elle la scène scrabreuse se déroulerait avec en fond sonore la voix aiguë d’un prof de math s’évertuant à faire
passer quelques notions d’algèbre dans des têtes trop occupées autre part). De tels excès mettraient en cause même des pré adolescents d’une douzaine d’années à peine, en classe de cinquième,
dans une commune de l’est de la Grande Terre. La pornographie n’est pas seule en cause. La violence elle aussi se développe de façon inquiétante. Le journaliste évoque plusieurs exemples. Celui notamment près d’une école du Moule, où un ado se fait attaquer avec une grande violence par un énergumène bien plus âgé, et rouer de
coups. Réaction des « camarades » (nous sommes dans la rue, à l’heure de la sortie des cours) crier, hurler pour rallier les badauds (nombreux), et filmer. La détresse de la jeune victime, est
abondamment fixée par les fameux portables high-tech, et surtout le visage du malheureux, qui sera « expédié, dans les jours qui viennent à des légions d’ados voyeurs. Le journaliste déplore, évidemment. Il suggère la responsabilité des parents coupables d’offrir à leur progéniture des portables équipés de video, ou de « bluetooth ». Une surveillante de
lycée déplore que les parents ne parlent plus, à leurs enfants, n’éduquent plus, ne sévissent plus. Le psychologue Errol Nuissier se déclare pessimiste. Il impute ces dérèglements au développement de la téléréalité, et, lui aussi, à la démission des parents qui n’apprennent plus aux
enfants « à faire le tri entre le réel et l’imaginaire, le bien, le mal, le convenable et l’inconvenant ». Il a raison, mais peut-être, le diagnostic mérite-il d’être poussé davantage.
Une idéologie profondément matérialiste et totalitaire.
Quand j’étais adolescent, il n’y avait certes pas encore de téléréalité, (ni même de télévision), encore moins de téléphones portables. Il y avait des familles, en revanche, inégalement cultivées selon les milieux sociaux, avec leurs problèmes de toute nature, mais soucieuses de durer, pour rester fidèles à des valeurs
encore répandues, capables d’esprit de sacrifice, ne serait-ce que pour l’éducation des enfants, lesquels, de façon plus ou moins claire selon la capacité de lucidité de chacun, était l’une des
finalités les plus évidentes de l’institution du mariage. Et puis, il y avait une grande institutrice des mœurs, malgré les défauts tout humains de trop de ses servants, je veux parler de l’Eglise catholique. En ces temps, (les années cinquante ; le déluge, ? et même au début des années soixante, la génération des quinquas, celle de M. Nuissier) , il y avait aux portes des églises les affiches
des cotes des films qui passaient dans les cinémas, A, B, C, D. Pour tout public ; pour adultes ; pour adultes avertis, etc. Sans doute ces cotes, ces critiques de films étaient-elles parfois discutables, abusives. Mais elles marquait pour les êtres en formation une limite, une
frontière entre l’acceptable, et l’inacceptable selon les mots du psychologue. De tout cela aujourd’hui il ne reste quasiment rien. Une idéologie libertaire qui se veut « le must », et interdit d’interdire. La liberté serait la valeur absolue, une liberté sommairement, et abusivement présentée d’ailleurs comme la
capacité de « jouir sans entraves », de réaliser sur le champ, les fantasmes les plus aberrants, les caprices les plus arbitraires, le refus de tout sacrifice, de tout engagement
durable. D’où la crise (entre autres) du mariage, de la famille, déplorée par monsieur Nuissier, et beaucoup d’autres. Ces jours-ci il est beaucoup question d’une nouvelle loi facilitant le divorce par consentement mutuel, qui désormais ne nécessiterait même plus le passage devant un juge, mais pourrait
être réglé par simple échange de consentement devant un notaire. Comment s’étonner dès lors de la dérive des ados ? (Et chacun sait, l’ancien professeur que je suis pourrait en témoigner
abondamment, à quel point le divorce des parents affecte en profondeur l’âme des enfants déchirés !). Il n’y a , semble-t-il que pour les homosexuels que le mariage (mais quel sens ce mot a-t-il encore pour les « penseurs » de la modernité ?) apparaissent comme une conquête
souhaitable. Allez savoir pourquoi ! Mais la déploration est inutile si l’on ne s’efforce pas au bon diagnostic. Derrière cette dérive il y a le triomphe d’une idéologie matérialiste et totalitaire, qui vient de loin. Je prépare, en ce moment, pour Le Scrutateur, une étude que je voudrais assez
approfondie, sur l’idéologie des « lumières », généralement évoquée de façon éperdument, et naïvement admirative, par les « humanistes » de service dans les centres de télécommande du prêt à
penser communautaire. Cette idéologie se caractérise par son anti christianisme foncier, une conception foncièrement matérialiste de l’homme, incapable de vraie liberté, et devant être manipulé, conditionné
par une instance dirigeante qui peut varier quant aux méthodes de conditionnement , mais pas sur la finalité qui est la manipulation sans vergogne des personnes humaines rabaissées au niveau des
bêtes. « Des bêtes, ce serait si simple », se murmure à lui-même Créon, en proie à cette tentation, dans la pièce d’Anouilh. Cet objectif passe par la destruction de la famille, cet obstacle à l’uniformisation des consciences, à l’unanimisme des pseudos valeurs de substitution. Lisons Marx, dans le « Manifeste communiste » : « Allez-vous nous reprocher de vouloir abolir l’exploitation des enfants par leurs parents ? Ce crime là nous l’avouons »(…) . Marx, sur ce point, se situait dans la filiation des idéologues des « lumières » et de leurs agents révolutionnaires, sur les questions qui nous occupent présentement, la question
de la destruction de la famille à dessein de s’emparer des enfants afin de les mieux soumettre au pouvoir totalitaire d’un petit nombre. Il faut, disait par exemple Robespierre « saisir les enfants à l’époque où ils reçoivent des impressions décisives, pour préparer des hommes dignes de la République » (13 août 1793, arch
parlementaires). Danton : « Les enfants appartiennent à la famille générale, à la République, avant d’appartenir aux familles particulières ». Ou encore, écoutons s’exprimer Vauréal théoricien tardif de la pédagogie des « lumières ». Il estimait à trois ans l’âge où l ‘enfant pourrait « être offert à l’éducation nationale,
(…) comme une masse d’argile préparée et qui appelle la main douce et bienfaisante du potier » (cité par Xavier Martin, « Nature humaine et Révolution française »). Etc, etc. Ce projet d’asservissement de l’être humain n’émane pas seulement d’idéologues étatistes et de gauche, comme ceux que je viens de citer et comme ont été au XX ème siècle le nazisme et le
communisme. Il a sa version « libérale » peut être présentement la plus active. Oui, il y a un avilissement soft. Le génial roman d’Aldous Huxley, « Le meilleur des mondes » en a proposé une esquisse incomparable. Je n’en parlerai pas plus longuement aujourd’hui, pour ne pas lasser le lecteur. Mais nous y reviendrons, car la déploration légitime de faits lamentables ne suffit pas aux âmes exigeantes. Il leur faut les bons diagnostics, avant l’action, pour ceux qui s’en sentent
capables.