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Actes de résistance : La lettre de Tony Bloncourt.
23 Octobre 2007
Rédigé par Edouard Boulogne et publié depuis
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Actes de résistance : La lettre de Tony
Bloncourt.
Le nom de la famille Bloncourt est très connu en Guadeloupe. Un peu avant la seconde guerre mondiale Elie Bloncourt, (grand blessé de la guerre 14/18) et sa famille s’étaient
installés en Haïti avec, notamment leur fils Tony. L’oncle de ce dernier, Elie, aveugle de guerre, ancien député socialiste de l’Aisne s’illustrera en fondant en 1941, la première revue
socialiste clandestine Socialisme et Liberté. En 1939, le jeune Tony fait ses études à Paris. Son trop jeune âge, et l’effondrement totale et rapide de l’armée française, ne lui permettent pas de prendre part aux combats de mai-juin.
Mais aussitôt, il fait parti des jeunes qui se révoltent contre l’occupation, et très activement, à un moment où le PCF est un parti collaborateur (voir notre article d’hier sur Guy
Môquet). Après juin 1941, (rupture du pacte germano-soviétique) le jeune Bloncourt fera parti des mouvements de résistance qui conduiront à son arrestation, puis à sa condamnation à mort et à son
exécution le 9 mars 1942. Comme Guy Môquet et comme tant d’autres dans le même cas tragique, il écrira à ses parents la lettre émouvante qu’on peut lire ci-dessous. Je tire ces renseignements de l’article d’André-Jean Vidal dans France-Antilles de ce jour, lui même inspiré d’un article de Dunières Talis publié récemment dans le journal guadeloupéen
Les nouvelles Etincelles. André-Jean Vidal pose la question : « le 9 mars 2008, lira-t-on aux lycéens de Guadeloupe la lettre de Tony Bloncourt à ses parents ? ». Pourquoi pas en effet ? En ce qui me concerne, si je n’avais pas pris ma retraite de professeur de philosophie en juillet dernier, je l’aurais lue, de ma propre initiative, n’étant pas de l’avis de ceux pour qui
un pays n’a point besoin de héros.
Edouard Boulogne.
La lettre :
« Papa sois fort, Maman, je te supplie d'être courageuse » Vous saurez la terrible nouvelle déjà, quand vous recevrez ma lettre. Je meurs avec courage, je ne tremble pas devant la mort. Ce que j'ai fait, je ne regrette pas si cela a pu servir mon
pays et la liberté. Je regrette profondément de quitter la vie, parce que je me sentais capable d'être utile. Toute ma volonté a été tendue pour assurer un monde meilleur. [.,.] J'ai la certitude
que le monde de demain sera meilleur; plus juste, que les humbles et les petits auront le droit de vivre plus dignement, plus humainement. [...] Je suis sûr que vous me comprenez, papa et maman
chéris, que vous ne me blâmez pas. Soyez forts et courageux. [...] Je pense à vous de toute ma puissance, jusqu'au bout, je vous regarderai. Je pleure ma jeunesse, je ne pleure pas mes actes. Je
regrette aussi mes chères études, j'aurais voulu consacrer ma vie à la science. Que Coucoute continue à bien travailler, qu'il se dise que la plus belle chose qu'un homme, c’ est d’être utile à
quelque chose. Que sa vie ne soit pas égoïste, qu'il la donne à ses semblables quelle que soit leur race, quelles que soient leurs opinions. S'il a la vocation des sciences, qu'il continue
l'œuvre que j'ai commencé d'entreprendre ; qu'il s'intéresse à la physique et aux immortelles théories d'Einstein, dont il comprendra plus tard l'immense portée philosophique.(...) Maman chérie
je t'aime comme jamais je ne t'ai aimée. Je sens maintenant tout le prix de l'œuvre que tu as entrepris à Haïti. Continue d'éduquer ces pauvres petits Haïtiens. Donner de l'instruction à ses
semblables est la plus noble tâche ! Papa chéri, toi qui es un homme et un homme fort, console Maman. Maman Dédé chérie, tu as la même place en mon cœur que Maman. Tous vivez en paix et
pensez bien à moi. Je vous embrasse tous bien fort comme je vous aime. Tout ce que j'ai comme puissance d'amour en moi passe en vous. Papa soit fort, Maman, je te supplie d'être courageuse.
Maman Dédé, toi aussi. Mon vieux Coucoute et won vieux Gérald, je vous embrasse bien fort. Il faut aussi, embrasser maman Tata bien fort. Pensez à moi. Adieu !
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En cliquant sur le lien adéquat du commentaire qui précède le vôtre, vous aboutirez sue le blog de l'oncle de ce remarquable jeune homme. Ce monsieur pourra je l'espère vous fournir le<br />
document souhaité.<br />
avec mes meilleurs sentiments,<br />
Edouard Boulogne.<br />
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B
Bloncourt Gérald
09/07/2009 16:31
Vous avez fait une erreur en disant Elie Bloncourt s'était installé en Haïti. Il s'agit de mon père, en effet grand bléssé de la geurre 14/18, mis qui s'appelait Yves. Merci de rectifier . Amicalement.