La tribune de Michel de Poncins : Le prestidigitateur.
LE PRESTIDIGITATEUR.
Un prestidigitateur est quelqu'un qui rassemble un certain nombre de qualités assez remarquables pour lui permettre de faire croire aux spectateurs qu’il réalise l’impossible ; il doit être d’une adresse exceptionnelle dans son métier d’illusionniste, faire preuve d’une grande vélocité, développer un sens aigu de la communcation et savoir détourner sans erreur l'attention du public pendant qu’il monte sa manipulation. A ces conditions, il arrive à faire croire qu’il réalise ce que personne n’arrive à réaliser et recueille les applaudissements des spectateurs ; si ces derniers savent qu’ils sont trompés, ils applaudissent tout de même goûtant je ne sais quelle saveur amère dans la tromperie.
La méthode du nouveau pouvoir appliquée à tous les problèmes terriblement dramatiques d’un pays en faillite, ainsi qu’il l’avoue lui-même, ressemble étrangement à celle des prestidigitateurs. Le cas des régimes spéciaux est éclairant à cet égard.
L’écroulement des retraites privées est absolument tragique et il serait facile d’y porter remède, mais le « lider maximo » ne veut pas du tout faire le nécessaire. Il lui faut, cependant, faire croire mensongèrement qu’il va sauver ces retraites. A cette fin, il est indispensable de détourner l'attention du public, pour pouvoir se livrer à une adroite et habile manipulation.
Les régimes spéciaux tombent à point nommé pour détourner l'attention de ce public et recueillir ensuite ses applaudissements. En effet, les gens sont légitimement indignés de l'existence de ces régimes spéciaux et même ceux qui en profitent savent qu'ils comportent beaucoup d'arbitraire. Chacun, encouragé par la presse, peut croire qu’en portant le fer dans ces régimes spéciaux, il y aura de l’argent pour les retraites privées en déconfiture, ce qui est totalement faux pour des raisons bien connues.
Le prestidigitateur, dont l’intelligence, l’adresse, la vélocité et le sens de la communication sont devenus célèbres dans le monde entier, a indiqué publiquement que la justice et l’égalité voulaient que les durées de cotisation soient les mêmes dans tous les régimes et qu’il allait le faire : c’est pour lui un engagement majeur et le seul valable. Il est évident que cet objectif ne veut absolument rien dire dans la langue française, telle que les réchappés de l’illetrisme la connaissent ; l’égalité est une chimère dans le domaine de la retraite comme tout autre domaine et est impossible à atteindre.
L’annonce de cet objectif est un stratagème génial, car un régime de retraite comporte des dizaines ou des centaines de paramètres. Dans les négociations syndicales, il sera facile, en compensation, de donner aux chefs syndicalistes, pour que personne ne perde la face, des avantages tout à fait autres dans le domaine des retraites ou ailleurs, avantages sans doute supérieurs à celui qu'on leur enlèvera par l'allongement des durées de cotisations.
Il existe donc une très grande chance d’atteindre l’objectif sans manifestations syndicales trop violentes ; l’impossible sera de ce fait réalisé, à savoir prétendre résoudre le problème des retraites sans guerre sociale excessive. Certes, les chefs syndicaux ont déjà pris le sentier de la guerre, mais, par un accord implicite, il pourrait être admis qu’un zeste de révolte soit toléré, sans pour autant mettre en cause la réussite du stratagème : cela justifierait, en passant, les extraordinaires pouvoirs et ressources que laissent, bien involontairement, aux chefs syndicalistes les spectateurs victimes.
Il est probable que ces spectateurs victimes applaudiront à tout rompre le tour de prestidigitation, tant est grande leur ignorance des us et coutumes de la magie socialo-démocratique. Dans les spectacles télévisés on voit la foule, parfois d’une centaine de personnes joyeuses d’avoir été sélectionnées, applaudir avec un ensemble touchant quand un maitre de cérémonie non visible sur la caméra fait le signe convenu : la presse jouera le même rôle en tel cas et les applaudissements seront fort bien orchestrés, le talent de communication du prestidigitateur faisant le reste.
Cette analyse des faits et gestes du nouveau pouvoir pour un problème particulier, celui des retraites, est valable dans tous les autres domaines : lorsque l'on regarde avec attention toutes les prétendues réformes, elles ressortent bel et bien toutes de la méthode de la prestidigitation.
Combien de temps les spectateurs victimes accepteront-ils d’applaudir ? S’ils viennent à se réveiller d’un mauvais rêve, quelle sera leur réaction ?
L’avenir nous le dira !
Michel de Poncins
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