16 Octobre 2024
Cet article est trop long pour être intégralement publié ici. En voici un extrait significatif.
Le Scrutateur.
"... Le Groupe d’Initiative de Bakou est particulièrement actif depuis son lancement. A plusieurs reprises, des
représentants des mouvements indépendantistes de territoires d’Outre-Mer ont ainsi été conviés à Bakou
pour s’exprimer lors de conférences sur des sujets relatifs au colonialisme français. Francis Carole,
président du parti pour la Libération de la Martinique a ainsi été convié à s’y exprimer en octobre 20232.
L’objectif de ces conférences est de permettre au Groupe d’Initiative de Bakou de légitimer son
engagement au niveau local et de disposer de contenus à viraliser sur les réseaux sociaux3, qui sont le
principal moyen de communication de l’ONG. Les publications diffusées par le groupe sont
principalement en français, signe que sa cible n’est pas la population azerbaïdjanaise, mais bel et bien un
public francophone. L’ONG publie ainsi quotidiennement des contenus depuis ses comptes Facebook,
Instagram et Twitter/X, sur lesquels elle cumule, à date, plus de 12.000 abonnés. A noter toutefois que le
discours de l’ONG est régulièrement relayé par les agences de presse azerbaïdjanaises, dont la
principale Azertag4. Si le BIG produit ses propres contenus, notamment des infographies s’attaquant “aux
conséquences de l’occupation française sur les îles”, celui-ci republie également les communiqués des
mouvements indépendantistes qu’il soutient ou encore des contenus émis par des tiers allant dans son
sens, comme des extraits de documentaires racontant l’histoire de la colonisation française.
Certaines conférences organisées par le BIG sont également partagées sur Youtube5 depuis la chaîne de
l’ONG, mais aussi depuis la chaîne Sebeat Production6, qui diffuse quotidiennement des vidéos
anti-France et pro-Russie.
6 Chaîne à l’origine destinée au partage musique, Sebeat production compte désormais plus de 95.000 abonnés.
L’auteur de la chaîne n’est pas connu.
5 Diffusion du Congrès des colonies françaises sur la chaîne Youtube de l’ONG. 17 juillet 2024
4 Déclaration finale de la conférence du BIG sur Mayotte. 3 septembre 2024.
3 Montage vidéo à partir d’une conférence du BIG diffusé sur Facebook. 3 novembre 2023
2 Luc Francis Carole : Nous voulons que la France réponde devant la justice. Azertag.az. 20 octobre 2023.
1 “Création du Groupe d’Initiative de Bakou contre le colonialisme français”. Azvision.az. 6 juillet 2023.
Nouvelle-Calédonie
Lors des émeutes en Nouvelle-Calédonie, le groupe a été soupçonné d’avoir fabriqué des visuels
montrant des victimes tuées par balles accompagné du slogan “The French police are murderers”7. Ces
publications ont notamment été partagées sur Twitter/X avant d’être artificiellement viralisées par des
bots pouvant être techniquement reliés à l’Azerbaïdjan et au BIG, comme l’indique le rapport publié par
l’organisme français VIGINUM8. Leur cible n’est pas la population locale, les kanaks ne parlant que très
peu anglais, mais bien internationale. De telles publications impactantes visent à faire réagir au maximum
le spectateur.
Les actions du Groupe d’Initiative de Bakou ne se limitent
toutefois pas aux réseaux sociaux ou à l’invitation de leaders
indépendantistes à Bakou : le groupe est aussi impliqué sur le
terrain. En Nouvelle-Calédonie, son logo est ainsi apparu à de
multiples reprises sur des affiches appelant à des manifestations
locales.
Aussi, plusieurs manifestants indépendantistes ont été aperçus
brandissant des drapeaux azerbaïdjanais et arborant des t-shirts
à l’effigie du groupe.
Plus encore, dans une vidéo publiée le 21 mars dernier sur les
réseaux sociaux de l’ONG, une partisante indépendantiste
remercie le groupe pour “son soutien financier”9. Dès lors, il est
possible que des militants indépendantistes martiniquais aient
également reçu des financements de Bakou.
Martinique, la nouvelle cible du BIG
Depuis son lancement il y a plus d’un an, le Groupe d’Initiative de Bakou s’est rapproché de la
quasi-totalité des mouvements indépendantistes des DROM-COM français. Si les efforts du groupe
étaient dirigés vers la Nouvelle-Calédonie depuis fin 2023, avec un pic lors des émeutes de mai dernier,
son intérêt s’est ensuite porté vers Mayotte10 puis, en raison des évènements récents, vers la Martinique.
En témoignent les nombreux contenus ciblant l'île publiés par le groupe courant septembre sur les
réseaux sociaux11. Autre preuve de cet intérêt nouveau pour la Martinique : le groupe a produit et publié
une infographie ciblant Mayotte le 17 septembre avant de diffuser un visuel du même type le 24
septembre afin de cibler cette fois la Martinique. La question de l’inflation figure parmi les principaux
arguments mis en avant sur ce visuel12.
En Martinique comme ailleurs, la stratégie du Groupe d’Initiative de Bakou est opportuniste : le groupe
exploite les évènements d’actualité pour générer du contenu et tenter de toucher une audience élargie
afin de s'immiscer dans le débat public et amplifier les discours indépendantistes et anti-France.
12 Infographie du BIG sur les conséquences de l’occupation française de la Martinique. 24 septembre 2024
11 Evènement “Mayotte l’île de mort”, par le BIG et CBCTV. 2 septembre 2024
10 Conférence “La question de l’occupation de l’île comorienne de Mayotte par la France”. 3 septembre 2024.
9 Témoignage de militants indépendantistes kanaks sur la page Twitter du BIG. 21 mars 2024
8 Rapport VIGINUM. 17 mai 2024
7 Publication de bot Twitter/X. 15 mai 2024
Autre preuve que le BIG - et donc le pouvoir politique azerbaidjanais - a fait de la Martinique sa nouvelle
cible prioritaire : le 26 septembre, le Groupe d’Initiative de Bakou a publié à plusieurs reprises (voir
captures d’écran ci-dessous) des contenus ciblant l’île, dont l’appel au boycott “contre la vie chère et les
monopoles” lancé du 27 au 29 septembre ou encore une vidéo censée montrer des “violences policières”
sur l'île. Des pratiques similaires à celles utilisées par l’ONG en Nouvelle-Calédonie, avec les
conséquences que l’on connaît.
Ces différents éléments comme le partage de communiqués de mouvements indépendantistes, de vidéos
d’interventions de la police, ou encore des appels à manifestation n’est pas sans rappeler les procédés
observés en Nouvelle-Calédonie. ...."