22 Août 2024
Cet article du journal Antilla est édifiant sur la menace que fait peser sur l'économie Martiniquaise les projets irresponsables de certains qui puisent une partie de leurs inspirations jusqu'en Azerbajian.
LS.
Dans un contexte de tensions croissantes en Martinique, une vidéo virale appelle les acteurs de la grande distribution à aligner leurs prix sur ceux de la métropole, sous peine de voir éclater des mouvements de colère à partir du 1er septembre. Cette vidéo, qui se présente comme la voix du peuple martiniquais, rejette les justifications habituelles de la vie chère, telles que l’octroi de mer ou les coûts logistiques, en soulignant l’échec des actions passées comme celle de 2009. Emmanuel de Reynal, dans le texte qui suit (publié sur www.laissemoitedire.com), analyse les implications de cette injonction, soulignant la fragilité actuelle de l’économie locale et appelant à une mobilisation constructive plutôt que destructrice pour améliorer le pouvoir d’achat des Martiniquais.
Depuis quelques jours, une vidéo circule sur les réseaux sociaux faisant état d’une injonction donnée aux acteurs de la grande distribution d’aligner leurs prix sur ceux de la France hexagonale. Cette injonction est faite par une voix qui se prétend représenter le peuple Martiniquais. Elle fixe un ultimatum au 1er septembre, date à laquelle toutes les colères pourront s’exprimer sans limite, quitte à plonger le pays dans le chaos.
Elle précise que ce n’est pas la peine d’invoquer les raisons de la vie chère : octroi de mer, frais de transport, coûts logistiques dus à l’éloignement, etc. « on ne veut pas entendre parler de ça (SIC) » … Un peu comme à un médecin à qui on dirait « soigne-moi, mais je ne veux pas t’entendre parler de diagnostic ni de médicament ! »
Cette même voix constate que 2009 a été un échec et que quinze ans après, la vie est toujours aussi chère. Elle a 100% raison. Mais elle oublie simplement de dire que « ceci explique cela » : quand on fusille l’économie – ce qui a été fait en 2009 – on la rend incapable de relever le moindre défi. Toutes les faillites d’entreprises qui ont suivi 2009, tous les départs des investisseurs, tous les retraits des entrepreneurs sont précisément la conséquence dramatique de ces 38 jours de blocage. On ne fait pas courir un cheval en lui cassant les jambes. C’est ce qui a été fait en 2009.
A l’heure de ces lignes, les entreprises ne se sont pas encore entièrement remises du cataclysme. C’est donc un corps malade, en rémission fragile, que l’on veut attaquer à nouveau. A peine redressent-elles un peu la tête qu’on leur dit : « en septembre ça va être votre fête ! »
Pourtant, cette voix a raison de pointer le problème de la vie chère, qui est réel, et qui demande la mobilisation de tous pour le traiter sans démagogie. Ce problème restera entier tant que notre économie restera aussi fragile, aussi contrainte, aussi menacée. Tant que notre pays sera aussi peu attractif et qu’il continuera de laisser partir ses habitants par milliers.
Mais malgré nos immenses difficultés, nous n’avons pas le droit de désespérer. Nous avons le devoir de continuer de redresser brique à brique notre petit monde économique, de remettre nos entreprises en marche, de réveiller nos entrepreneurs et de leur faire confiance. Car loin d’être le problème, les entreprises martiniquaises sont la solution. Nous avons le devoir de réfléchir ensemble – entreprises, syndicats, citoyens, collectivités, État – à tous les moyens d’améliorer le pouvoir d’achat des Martiniquais et de permettre aux plus démunis d’accéder aux produits essentiels.
En septembre, il ne faudra pas casser, il faudra construire. Car une chose est certaine : si les entreprises meurent, les prix ne baisseront pas. Ils exploseront.