26 Août 2024
Le peuple, le peuple, la démocratie. Rions trois fois. Mais tous les partis l'excluent. C'est ce qu'on appelle la démocratie (LS).
Premier ministre démissionnaire, chef d'une majorité macroniste battue lors des européennes et législatives, Gabriel Attal est, d'après un sondage Harris Interactive publié par Challenges, le préféré des Français pour Matignon ! Avec 40 %, il devance très légèrement Jordan Bardella, à 39 %, puis Xavier Bertrand, à 32 %. Lucie Castets ne recueille que 17 %, en 21e position des personnalités testées. Pour le coup, Emmanuel Macron, qui a refait savoir, ce vendredi, après l'avoir reçue, qu'il ne la nommerait pas, est à l'unisson des Français. Suffisamment rare pour être souligné. Le match se jouerait donc - le RN exclu - entre Attal et Bertrand. Or, à lire le compte rendu publié, ce vendredi encore, par Gabriel Attal de son entrevue avec le Président, ce ne sera pas lui. Gabriel Attal ne veut pas de Gabriel Attal à Matignon.
Le chef du groupe macroniste EPR (Ensemble pour la République) veut la nomination d’un « nouveau PM ne venant pas des partis du bloc central ». Donc, Xavier Bertrand ? Georges Michel avait analysé les faiblesses de cette hypothèse. Mais l'évolution de la situation et ce même sondage pourraient lui redonner quelque consistance. En effet, Xavier Bertrand y apparaît « en pleine dynamique », avec un +6. Mais, surtout, il coche les cases qui correspondent aux souhaits et du Président et de Gabriel Attal de former une coalition allant du PS à LR, celle qui a précisément permis à Yaël Braun-Pivet de se maintenir au perchoir en juillet. LR dissident, anti-RN forcené, il recueille 82 % d’opinions favorables au sein de l’électorat LR, mais aussi 53 % chez les macronistes et - peut-être le plus important - 25 % des sympathisants socialistes et écologistes ! Xavier Bertrand, le mouton à cinq pattes ! Qui l'eût cru ? Mais voilà, pour passer du grand rêve centriste à la réalité, il reste un obstacle : parvenir à fracturer le NFP et raccrocher le PS et les Verts à cette coalition. LFI et ses menaces de destitution, aidée par une Rima Hassan au meilleur de sa forme, pourraient faciliter la chose. D'ailleurs, Raphaël Glucksmann est réapparu.
Il faut mesurer l'ampleur des forfaitures que représenterait cette coalition pilotée par Bertrand :
- une majorité macroniste battue mais redevenue majorité ;
- un dissident LR promu à Matignon alors que son parti dispose de 47 députés ;
- une gauche verte et socialiste qui s'est fait élire avec LFI pour ensuite lui tourner le dos.
Si l'on y ajoute le front anti-RN pour empêcher le premier parti de France de gouverner, cela fait un sacré passif au démarrage.
Mais justement, si l'on quitte les mirages pour revenir au réel, et au RN, ce sondage nous dit que, malgré l'ostracisme dont il est l'objet, malgré la victoire confisquée, malgré les diversions qui ont rythmé tout l'été, il y a toujours 39 % de Français pour vouloir Jordan Bardella à Matignon. C'est considérable. Preuve que les Français n'ont pas oublié leurs trois tours dans les bureaux de vote. Et ces 39 % pèsent plus lourd que les 40 % d'Attal. Car que disent-ils, ces 40 % de Français qui trouvent soudainement des qualités au Attal démissionnaire qu'ils ne lui accordaient pas avant ? La peur du vide, du saut dans l'inconnu NFP, de l'impasse créée par Macron, de l'instabilité inévitable. Oui, les Français sont inquiets, d'autant plus que les dés sont, une fois encore, dans les mains de celui qui les a jetés inconsidérément sur la table le 9 juin dernier.
Pour voir la totalité, notamment les autres phots et les tableaux statistiques cliquer le lien :
https://www.bvoltaire.fr/futur-premier-ministre-attal-a-40-bardella-a-39-que-disent-ces-chiffres/?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=51c44afa8e-MAILCHIMP_NL&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-51c44afa8e-22813017&mc_cid=51c44afa8e&mc_eid=10beefac19