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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

De gros nuages sombres sur l'économie de la Guadeloupe ? Par Jean-Marie NOL .

De gros nuages sombres sur l'économie de la Guadeloupe ? Par  Jean-Marie NOL .

Ces "gros nuages" ont, déjà, été repéré en France hexagonale. Ils sont annoncés , également, en Guadeloupe et Martinique. Et feront , sans doute, parler d'eux , ailleurs encore en outre-mer . Ce sont les gros nuages de l'instabilité politique et de l'austérité budgétaire conséquence de la crise financière .La situation économique de la Guadeloupe est étroitement liée à celle de la France hexagonale. Les turbulences politiques et économiques de l'Hexagone ont des répercussions directes sur les territoires d'outre-mer. 

Les résultats des législatives de 2024 ont dessiné un paysage politique nouveau et complexe en France avec trois blocs politiques sans majorité claire . Le parti du président de la République, qui autrefois dominait largement l’Assemblée nationale avec une forte majorité relative , se retrouve aujourd'hui affaibli, ne représentant plus une force significative comme auparavant. 

À sa place, le Nouveau Front populaire (NFP) s'impose comme la principale opposition en mesure de gouverner , mais pour combien de temps ? Cette coalition hétéroclite, composée de la France insoumise, du Parti socialiste ,des écologistes et du Parti communiste, risque de se désintégrer rapidement après la première motion de censure , chaque composante reprenant son autonomie.Les divergences idéologiques au sein du NFP sont profondes. La France insoumise a réussi à imposer son agenda économique et social, marqué par des propositions radicales . Cependant, ce programme de rupture est loin dans les faits de faire l'unanimité parmi les alliés socialistes , écologistes et communistes. Cette hétérogénéité laisse présager un éclatement des oppositions plus tôt qu'on ne le pense, et le Nouveau Front populaire pourrait bien n'être qu'un artefact politique éphémère. En effet,le rassemblement national de Marine Le Pen, les républicains de Laurent Vauquiez, et Ensemble du président Emmanuel Macron promettent tous de censurer tout gouvernement comprenant des ministres « insoumis » ou écologistes.La France est et sera encore difficilement gouvernable. Tous les gouvernements risquent d'être à la merci d'une motion de censure et vont tomber les uns après les autres, sauf dans l'hypothèse fragile de la concrétisation d'une large coalition . La Guadeloupe supportera sans aucun doute les conséquences néfastes de cette instabilité politique.

Mais le plus important réside dans la situation économique de la France.L’économie française traverse actuellement une période tumultueuse marquée par une hausse alarmante des faillites d’entreprises, suscitant de vives inquiétudes parmi les acteurs économiques et les observateurs du marché. Cette situation affecte tant les petites entreprises que les grandes sociétés. Nonobstant ce constat alarmant, l'essentiel des préoccupations portent aujourd'hui sur la situation budgétaire de la France. En effet, c'est plus de 60 milliards d’euros d'économies à trouver dès 2025 : une astronomique somme pour stabiliser la dette, selon l'institut Rexecode. Les experts jugent par ailleurs qu'après les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, « la nouvelle Assemblée nationale se trouvera rapidement confrontée au déséquilibre des finances publiques et à la montée de la dette publique de la France ».

Par ailleurs, la Commission européenne met la pression en mettant la France sous surveillance étroite et en engageant une procédure pour déficits excessifs , et de fait pointe à la fois «la dégradation de la balance commerciale», son manque de compétitivité et «le niveau élevé de l’endettement du secteur privé et public».

C'est dans ce contexte économique et financier délétère qu'une cohabitation inédite est en perspective pour la France , alors quels sont les enjeux politiques et économiques pour la Guadeloupe et quel sera l'impact de cette situation chaotique sur l'économie de la Guadeloupe ?

Ainsi les conséquences possibles pour la Guadeloupe de la situation politique chaotique en France hexagonale, qui risque d'engendrer une politique d'austérité et de rigueur budgétaire, pourraient être multiples et profondes. C'est toute l'économie de la Guadeloupe qui va bientôt souffrir de la situation politique chaotique de la France hexagonale. Notre analyse est lourde de sens et d'inquiétude. La crise politique en France métropolitaine se répercutera inévitablement sur les régions et territoires d'outre-mer, dont la Guadeloupe. Sous la pression de Bruxelles et des marchés financiers, la France fait face à une situation économique préoccupante, caractérisée par un endettement croissant et des prévisions budgétaires sombres.La dette publique française est en passe de dépasser 112 % du PIB d'ici la fin de l'année, et son coût annuel pourrait grimper de 39 à 72 milliards d'euros d'ici 2027. Cette augmentation significative du poids de la dette plombe le budget de l'État, rendant de plus en plus difficile la mise en œuvre des économies prévues par l'exécutif, notamment en matière d'assurance-chômage et de revue des dépenses publiques. Le respect de la trajectoire budgétaire envoyée à Bruxelles, qui prévoyait une réduction du déficit de 5,1 % à 4,1 % du PIB d'ici 2025, semble désormais hors de portée.En Guadeloupe, les collectivités locales risquent de voir leurs ressources diminuer en raison de la crise économique. Une consommation déjà atone, marquée par une inflation de 4,2 % en juin, pourrait encore se détériorer, fragilisant davantage les entreprises locales. Le réflexe d'épargne des Guadeloupéens, déjà élevé (17 %), pourrait encore s'accentuer face à la peur d'une augmentation des impôts et d'une possible récession. Cette situation complique la tâche des décideurs locaux qui doivent naviguer entre la nécessité de soutenir la compétitivité des entreprises et celle de préserver le pouvoir d'achat des ménages. Aujourd'hui ,la Guadeloupe marche sur un fil, tentant de maintenir un équilibre fragile entre l'offre et la demande. Les entreprises guadeloupéennes, notamment les très petites entreprises (TPE), se trouvent dans une situation difficile : 17 % d'entre elles présentent un risque élevé de défaillance selon l'institut d'émission des départements d'outre-mer. La hausse des taux et le manque de liquidités, couplés à une demande faiblissante, créent un cocktail explosif pour l'économie locale. Voici un aperçu détaillé des impacts potentiels :

1. Réduction des Transferts Financiers

Les politiques d'austérité entraîneront probablement une réduction des dotations de l'État aux collectivités locales. Pour la Guadeloupe, cela pourrait signifier moins de fonds pour les services publics essentiels comme l'éducation, la santé et les infrastructures.

2. Impact sur les Programmes Sociaux

La diminution des budgets alloués aux programmes sociaux pourrait affecter des initiatives cruciales telles que les aides au logement, les allocations familiales et les subventions pour les programmes d'insertion et de formation professionnelle. Les populations les plus vulnérables seraient les premières touchées par ces coupes budgétaires.

3. Augmentation des Impôts Locaux

Pour compenser la réduction des transferts de l'État, les collectivités locales en Guadeloupe pourraient être contraintes d'augmenter les impôts locaux. Cette hausse pourrait peser lourdement sur les ménages et les entreprises, réduisant ainsi leur pouvoir d'achat et leur capacité d'investissement.

4. Frein à l'Investissement Public

Les projets d'infrastructure, tels que la construction de routes, de ports, d'écoles et d'hôpitaux, pourraient être retardés ou annulés en raison du manque de financement. Cela ralentirait le développement économique de la région et pourrait aggraver les problèmes de chômage et de pauvreté.

5. Dégradation des Services Publics

La réduction des budgets pourrait entraîner une dégradation des services publics, avec des impacts sur la qualité des soins de santé, de l'éducation, des services de sécurité et de la gestion des déchets. Les infrastructures existantes pourraient également souffrir d'un manque d'entretien, entraînant des pannes et des dysfonctionnements.

6. Augmentation du Chômage

Les mesures d'austérité pourraient entraîner une réduction des effectifs dans les administrations publiques locales. Le secteur public étant un employeur majeur en Guadeloupe, cela pourrait exacerber le chômage, déjà élevé, et augmenter la précarité de l'emploi.

7. Tensions Sociales

La combinaison de la réduction des services publics, de l'augmentation des impôts et de la montée du chômage pourrait entraîner des tensions sociales accrues. Les mouvements de protestation, les grèves et les manifestations pourraient devenir plus fréquents et plus intenses, mettant à l'épreuve la cohésion sociale de l'île.

8. Dépendance Accrue à l'égard de l'Union Européenne

Face aux difficultés financières, la Guadeloupe pourrait chercher à augmenter les fonds européens pour compenser la diminution des aides de l'État. Cependant, ces fonds sont souvent conditionnés à des réformes structurelles et peuvent prendre du temps à être débloqués, ce qui ne résoudra pas immédiatement les problèmes budgétaires.

9. Fuite des Cerveaux et Migration

La détérioration des conditions de vie et des perspectives économiques pourrait pousser certains diplômés Guadeloupéens, en particulier les jeunes et les qualifiés, à chercher des opportunités ailleurs, accentuant la fuite des cerveaux et la perte de talents locaux.

En fait, la situation politique et économique instable en France hexagonale pourrait avoir des répercussions significatives et variées sur la Guadeloupe. Les politiques d'austérité risquent d'affecter gravement les finances des collectivités locales, entraînant des conséquences néfastes pour les services publics, l'emploi, et la cohésion sociale. Pour atténuer ces impacts, des stratégies de gestion proactive, la recherche de financements alternatifs et une solidarité accrue au sein du peuple de Guadeloupe seront essentielles.

Et pourtant c'est bien dans ce contexte délétère que le président du conseil départemental de la Guadeloupe et président du GUSR chantre de l'autonomie écrit dans un communiqué la chose suivante o combien insensée pour les économistes ainsi que pour les observateurs avertis de la chose politique, et je cite Guy Losbar : "Plus que jamais, dans le droit fil des 4 résolutions adoptées à l’unanimité lors du dernier congrès des élus, la Guadeloupe doit se doter d’un véritable pouvoir normatif autonome local, c’est-à-dire des moyens de décider elle-même des règles qui régissent le quotidien des guadeloupéens dans un certain nombre de domaines.". Mais nous considérons cette démarche totalement irrationnelle et voué complètement à l'échec, car c'est très exactement le contraire qu'il faudrait faire à savoir instaurer un moratoire sur l'autonomie comme Césaire l'avais fait en son temps en Martinique. Cessons d'amuser la galerie avec des scénarios de coalitions invraisemblables en France hexagonale et des velléités de changement des institutions aux Antilles , car le vrai problème d'actualité après l'épisode de la dissolution et la victoire relative de la gauche n'est ni politique et encore moins institutionnel, mais essentiellement économique et financier.

A terme, la différence va être entre ceux qui ont anticipé la situation et ceux qui ne l’ont pas fait. 

Bref, comme le disait le proverbe créole :

 pawol an bouch pa chaj "

Traduction littérale : Parole dans la bouche n’est pas charge.

Moralité : Engagement verbal n’est pas engagement. Une parole ne possède aucune valeur véridique, seuls les actes comptent suivant les évènements.


 


 

Jean marie Nol économiste et juriste en droit public 


 


 


 


 


 


 

 


 

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